La cour criminelle de l'Allier, à Moulins, juge depuis mardi 21 mai un homme de 25 ans pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, le 10 décembre 2022, à Montluçon. L'avocat général a requis sept ans de prison, ce mercredi.
L'avocat général de la cour criminelle de l'Allier vient de requérir, ce mercredi 22 mai, sept ans de prison à l'encontre de Hakim Assogba-Bliki, 25 ans, avec mandat de dépôt, pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. L'accusé est en détention provisoire depuis le 12 décembre 2022, jour du décès de la victime.
L'homme âgé de 71 a succombé à une hémorragie cérébrale causée par un traumatisme crânien suite à une chute, dans la matinée du 10 décembre, dans le hall d'immeuble au 93, avenue du 8-Mai-1945, à Montluçon.
Il reconnaît avoir "bousculé" la victime, mais sans violenceCe mercredi 22 mai, l'accusé s'est expliqué sur les faits. S'il reconnaît avoir "bousculé" l'homme qui lui demandait de quitter la résidence, il affirme ne pas avoir usé de violence. "Il a tourné des yeux et est tombé comme un balai. Je ne comprends pas", image Hakim Assogba-Bliki.
Ce matin-là, l'accusé, alors SDF, sortait d'un centre d'hébergement d'urgence et voulait rester au chaud "trente ou quarante-cinq minutes", comme il en avait l'habitude dans cet endroit qu'il avait repéré. "Il [la victime] m'a dit de dégager, que je n'avais rien à faire ici, il était véhément. Ce sont des choses que j'entends tous les jours. Il m'a expliqué qu'il avait appelé la police. C'était un dialogue de sourds."
Des menaces de mort réfutéesOr, la retranscription du coup de fil de la victime au 17 contredit ces propos. Sa voix est "calme, posée", selon les enquêteurs. L'intervention de la pharmacienne voisine n'apaise pas la situation.
À son départ, Hakim Assogba-Bliki explique que les choses ont dégénéré. "On a chacun fait un pas l'un envers l'autre. Il a tendu le bras pour mettre une claque. J'ai mis mes bras en avant pour me protéger", décrit-il, réfutant les menaces de mort.
L'accusé est "calme", "ne fuit pas"En août 2023, il envoie tout de même un courrier à la juge d'instruction, lui racontant ne pas comprendre la chute de l'homme. Lors de ses premières auditions, il avait pourtant reconnu l'avoir "poussé au niveau du sternum", lui rappelle l'avocat général. Le magistrat relève l'état d'énervement de l'accusé, alors. Plusieurs témoins le voient frapper dans les boîtes aux lettres.
À la défense, son avocat Me Paul Château oppose le calme de son client, qui "ne s'en va pas, ne fuit pas". Et de revenir sur l'autopsie de la victime qui n'a pas permis de dégager des traces de violence ayant entraîné la chute.
Le défunt "n'avait pas de problème d'équilibre"Pour les onze parties civiles, Me Joseph Roudillon rappelle l'état de bonne santé du défunt. "Il n'avait pas de problème d'équilibre. Il montait à cheval, il faisait de la moto. Le coup a été manifestement porté violemment." Et d'insister sur la raison de son intervention : "Ce jour-là, il n'a pas peur. Il pense surtout aux autres personnes âgées de la résidence qui sont souvent effrayés par ces SDF".
Ces SDF dont on ne veut plus durant les Jeux olympiques, par exemple, glisse-t-il au passage. "Et combien de Villes ont pris des arrêtés d'interdiction de la mendicité ?" En clair, le défunt n'est pas responsable de sa mort. La place des sans-abri est un enjeu sociétal bien plus large que l'événement tragique du 10 décembre 2022, à Montluçon.
Seher Turkmen