L’exposition "De l’ustensile à l’agréable, objets du quotidien 1945-1975", à découvrir jusqu’au 30 septembre, au Musée du Bâtiment, à Moulins, permet de revisiter les Trente Glorieuses.
Les Trente Glorieuses ont correspondu, entre 1945 et 1975, à une période florissante, de forte croissance économique et de modernisation. Le Musée du Bâtiment propose de les revisiter. Comment mangeait-on, s’informait-on, communiquait-on, se soignait-on… La nouvelle exposition du Musée du bâtiment, à Moulins (Allier) apporte moult aspects de la vie quotidienne. De quoi réveiller les souvenirs de plusieurs générations.Jean-Michel Huguet, commissaire de l’exposition, présente des centaines d’objets issus de ses collections personnelles, chinés dans les brocantes. Il faut y ajouter ceux prêtés par L’Électrodrome de Mayet (dont un antique lave-linge de 1952, avec son essorage à rouleur), la collection d’appareils photos de Bruno Recoules, le président de l’association du musée...
Du bleu... et de l'orange, partoutLavabo des années soixante, avec porte savon, porte-papier toilette et son cendrier intégré ! Photos Séverine Trémodeux
Un lavabo entièrement bleu, avec son porte-savon et son porte-papier toilette bleu aussi. Et, détail incongru de nos jours, son cendrier, cueille le visiteur d’emblée, dans la première salle consacrée aux objets usuels. Pas de doute, nous voici de retour dans les années soixante!
Machine à écrire, téléphone, aspirateur... La couleur orange était partout, dans les années 1960 et 1970. Photos Séverine TrémodeuxEssoreuse à salade, écailleuse à poisson, presse-purée, presse-citron : certains ustensiles sembleront mystérieux aux plus jeunes. Machines à écrire, téléphones, aspirateurs, machine à laver Calor (rappelez-vous, celles qu’on installait dans la baignoire)… La couleur orange était absolument partout, damned! Et ces publicités, qui font grincer des dents aujourd'hui : "Moulinex libère la femme".
À gauche, essoreuse à salade, qu'on secouait de haut en bas. Photos Séverine Trémodeux
Buvards de collection, fers à bigoudis chauffants...Les buvards de collection, aux noms des entreprises phare de l'époque, comme les chaussures Bally, à Moulins. Photos Séverine TrémodeuxParmi les curiosités, des buvards de collection, des pubs pour les industries phare de l’époque, comme les chaussures Bally, à Moulins. Des boissons avec leurs étiquettes sérigraphiées. Des tasses en porcelaine de Couleuvre des années 1960 et 1970. Des courriers, des télégrammes, dont des exemplaires, précieux, de 1945, affranchis à Moulins : ces télégrammes n’ont disparu qu’en 2018, apprend-on! Des pièces de monnaie, des billets de banque : "Les nouveaux francs ont traumatisé plusieurs générations de Français!" Tout un pan de l’expo est consacré aux produits d’hygiène, de rasage, de pharmacie. Poudre de riz, brillantine, eau de Cologne, dont on usait et abusait?! Et que dire de la mode des couvertures chauffantes, en vogue dans les habitations des sixties mal chauffées, qui "ont provoqué pas mal d’accidents, parfois graves et des incendies", se souvient Jean-Michel Huguet.Les fameux roulants chauffants, avec leurs boîtes, intactes ! Photos Séverine Tremodeux
Fers à friser, à lisser, bigoudis chauffants surnommés "Bibi" impressionnent. Plus loin, le tabac, avec les cigarettes américaines, vantées par les stars hollywoodiennes d’après-guerre. Et les Françaises, Gitanes en tête. Le tabac de troupe, auquel avaient droit les soldats. Parmi la collection de réveils, et pendules à clé, puis à quartz, ne ratez pas le réveil de voyage aux formes Arts déco, mais entièrement en plastique?!
)
DunlopLes loisirs et sports phare des Trente Glorieuses. Photos Séverine TREMODEUXLa deuxième salle de l’exposition est consacrée aux loisirs : valise à pique-nique des années 60, gourde constituée d’une vraie courge, premiers skis de fond, palmes immenses, Jokari, raquettes de tennis avec les balles de 1973 fabriquées à Dunlop (jusqu’en 1997). 60.000 balles sortaient alors de l’usine, chaque jour !
Les RoMo, toujours efficaces aujourd'huiParmi les jeux et jouets, le visiteur retrouvera Tintin, et pourra essayer des stéréoscopes, ces lunettes qui permettaient d’observer des diapositives en 3D : "On appelait ça des RoMo, les parents nous en achetaient dans tous les lieux touristiques, ce n’était pas cher". Toujours efficace !
BB, Bechet, Beatles, Johnny... Impressionnante collection de vinyles. Photos Séverine TREMODEUXParmi les magazines à feuilleter, un exemplaire du catalogue Manufrance, l’Amazon de l’époque, de La Montagne du 18 avril 1959 consacré à la visite du Général De Gaulle en Bourbonnais : après avoir visité Dunlop à Montluçon, déjeuné à Vichy, le chef d’État avait dormi à Moulins.
L'exemplaire du quotidien La Montagne consacré à la visite du Général De Gaulle dans l'Allier, 1959. Photos Séverine Trémodeux
La collection de platines vinyles 45, 33, 78 et même 66 tours (vite abandonné) permet de balayer trente ans de courants musicaux, depuis Saint-Germain-des-Près, le jazz, le Golf Drouot, Woodstock… Des vidéos permettent de compléter ce passionnant voyage dans le temps.
Exposition "De l’ustensile à l’agréable, objets du quotidien 1945-1975" au Musée du Bâtiment, 18 rue du Pont-Ginguet, à Moulins. Ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 heures, jusqu’au 30 septembre 2024. Libre participation.Contact : 04.70.34.23.69 et www.musee-batiment.fr
Ariane Bouhours
