Pour repeindre l’un des murs les plus imposants de Street art city, Kamo n’avait qu’une seule consigne : créer quelque chose en rapport avec le graffiti. "Je suis donc parti en freestyle". Pourtant habitué à élaborer des œuvres à messages, à revendication, l’artiste savoyard a cette fois-ci laissé parler sa liberté. En revenant aux bases. Ni réflexion sophistiquée, ni croquis préparatoire n’ont été nécessaires pour recouvrir cet espace de 21 mètres par 8, ce "mur sérieux". C’est donc dans le respect de la fresque recouverte, peinte en 2016 par Crey 132, qu’il a créé, à l’aérosol, un gigantesque graffeur en deux semaines. La semaine dernière, Kamo estimait qu’il lui restait encore une semaine pour terminer sa fresque.
"Je mériterais une gifle si je faisais ça dans la rue""Je mériterais une gifle si je faisais ça dans la rue", s’amuse celui qui vient pour la première fois à Lurcy-Lévis. Mais ici, street art reste le street art : les œuvres sont éphémères. "Souvent même plus que dans un tunnel ou un parking !"Ainsi, alors que Street ar city dispose de 22.500m2 de murs extérieurs, "59.000 ont été peints" depuis 2016, estime Gilles Iniesta, propriétaire des lieux avec Sylvie, son épouse. L’altération des couleurs est le seul critère de renouvellement. "Une fresque éclairée par le soleil levant peut subsister cinq ans sans problème, tandis qu’au soleil couchant on est plutôt sur une moyenne de deux ans."Ces deux dernières semaines, du 8 au 20 mai, 11 murs extérieurs ont été recouverts par une dizaine d’artistes en résidence (dont Kamo).
400 visiteurs par jourLes propriétaires ont voulu créer l’événement pour cette pré-ouverture : c’est la première fois qu’autant de créateurs étaient à l’œuvre en même temps sur le site.Et malgré la pluie de la deuxième semaine, le public était au rendez-vous, puisque la ville dédiée au street-art a reçu jusqu’à plus de 400 visiteurs par jour.Des visiteurs s'attardent devant la fresque que Zeso est en train de peindre.
Côté artistes, elle n’a jamais de mal à en attirer non plus. 550 de 67 nationalités différentes sont déjà passés par Street Art City. Pour les résidences, "1.151 étaient sur liste d’attente au 1er mai", d’après Gilles Iniesta.
Gilles Iniesta, le co fondateur de Street art cityIl s’agit de la seule résidence de cette qualité dédiée au street-art, donc les artistes ont envie de venir.Pendant plusieurs jours, ils n’ont qu’à penser à la création. Toute la logistique est gérée par les propriétaires et leur équipe.Pour beaucoup, c’est aussi un tremplin, "la côte de Zeso a été multipliée par six depuis son premier passage chez nous !"
Comme plusieurs autres, Ted Nomad, l’un des artistes en résidence, profite également d’une salle d’exposition. Il vient régulièrement depuis 2016 dans cet ancien centre de formation France Télécom désaffecté. Il apprécie notamment "l’ambiance familiale" du lieu. Lui qui travaille au pochoir aime apprendre avec les autres artistes présents, sur les techniques de création.Ted Nomad en plein travail dans l'un des ateliers de Street art city
Ouverture le 4 juilletD’autres, comme Kamo, qui viennent donc pour la première fois. Il trouve que "des lieux comme celui-ci amènent plusieurs lectures de cet art et montrent l’étendue des choses qui se font dans la rue. Il permet aussi d’avoir des retours bruts du public."
Quoi qu’il en soit, la pré-ouverture est terminée, mais les œuvres resteront bien en place. Le grand public pourra découvrir ces nouveautés à Street Art City à partir du 4 juillet.
Pratique. Billetterie et informations sur street-art-city.com
Texte et photos Emeric Enaud
