Si l’entreprise Sols et Concept a seulement vu le jour il y a deux ans et demi à Vollore-Ville (Puy-de-Dôme), son évolution parle d’elle-même. À sa tête, Gaëtan Voissier réalise des sols en résine et en béton ciré, seul. Un métier très technique, mais dont le service séduit de plus en plus le monde de l’agroalimentaire. Et pas que…
Quelques mois de chantiers en avance sur le carnet de commandes, et déjà des contrats à honorer pour 2025. Un chai à Belle-Île-en-Mer, un hôtel Mercure à Orléans, toute la tribune d’un stade de football à La Rochelle, des bétaillères dans le Doubs… sont quelques exemples de ce que Gaëtan Voissier a fait, ou fera. À la tête de Sols et Concept à Vollore-Ville depuis octobre 2021, le trentenaire ne s’attendait certainement pas à pareil succès en se lançant dans la résine et le béton ciré, à destination principalement, de l’agroalimentaire et du monde agricole. Mais conjuguant travail et formations, force est de constater que tout cela paie, même si on le savait déjà.
Rembobinons. À l’origine, Gaëtan cherche une entreprise à reprendre dans le secteur du bâtiment. Du côté de Besse, un entrepreneur réalisant des sols en résine part à la retraite et veut trouver un repreneur. Pour se rapprocher du sujet, Gaëtan fait équipe avec Nicolas Paulin, qui, à Saint-Ferréol-des-Côtes, gère Sopap, qui produit la résine servant à faire les sols.
Sols et Concept a réhabilité une tribune pour un stade de football à La Rochelle.
Cuisine, industrie, garage ou salle de traiteSi le rachat bessard ne fonctionne pas faute d’accord sur le prix, la rencontre entre les deux têtes pensantes amorce la machine. "Entre nous ça a bien fonctionné, sourit Gaëtan. Donc on a souhaité s’associer pour fonder Sols et Concept. Moi sur les chantiers, lui en fournisseur, avec le but que je prenne le maximum de résine chez lui, et que je continue à le faire. Au fil du temps, il était d’ailleurs prévu que je rachète ses parts, pour devenir seul gérant de l’entreprise, c’est ce qui est en train de se passer." Formé par Nicolas Paulin sur les produits, le Vollorois enchaîne les heures pour gérer la pose, et le matériel.
Même si au début, et c’est normal, on avait un peu peur de ne pas trouver de clientèle. Mais Nicolas, sans s’en rendre compte, par le biais de son entreprise, allait beaucoup apporter.
La progression est alors fulgurante. Un premier exercice à 70.000 € de chiffre d’affaires. Multiplié par trois et demi la seconde année. Un bilan qui devrait être lui-même augmenté de 50 %, pour la saison 2023-2024 qui se terminera en septembre. Des choix payants donc. Les sols coulés en résine occupent aujourd’hui salles de traite, laboratoires de transformation, cuisines industrielles, garages automobile, des grandes surfaces ou des industries de pointe comme Omerin.
Durabilité, entretien, hygiène et sécuritéAvec à chaque fois, des atouts indéniables, sur ces surfaces de 1.000 m² maximum, car les plus grandes surfaces sont prisées par de grosses entreprises ayant plus de moyens. "Beaucoup de ces surfaces avaient du carrelage, ou des dalles de béton. Mais ces matériaux et notamment à cause des joints, deviennent poreux au fil du temps, et gardent les bactéries. Quand on sait aujourd’hui à quelles normes sont soumis tous les professionnels de l’agroalimentaire, les enjeux sont gros, ils ne peuvent pas se permettre de risquer la fermeture pour risque sanitaire", évoque Gaëtan.
C’est le gros avantage de la résine. Ce n’est pas indestructible mais pas loin, donc la durabilité est accrue. L’entretien est extrêmement simple et c’est hygiénique et sans joint, et on peut rendre le sol antidérapant à différents degrés.
"Autre exemple, là où mangent les vaches. La table est souvent en béton, qui finit par devenir poreux et attaqué, et peut contenir des bactéries. Avec la résine, ça n’existe pas, et les vaches ne transmettent pas ces bactéries au lait qu’elles fabriquent."
Aujourd’hui, beaucoup de laboratoires sont d’ailleurs en résine. "Les chambres d’agriculture proposent désormais des formations, ça se développe, même s’il y a eu certains précurseurs en la matière."Des résines forcément adaptées aux normes. "Quasiment toutes mes résines sont sans solvant et ne comportent pas de risque. Celles qui en ont viennent des États-Unis et j’essaie de m’en servir le moins possible", avance Gaëtan. Mais ça reste de la chimie, avec ses équations difficiles, composées de silice, de durcisseur ou de colorants.
Il n’y a généralement pas d’odeur, ou de risque pulmonaire. Ce qui pourrait être nocif, c’est le durcisseur, mais une fois le mélange fait, ça polymérise et il n’y a plus du tout de nocivité.
Pas de formation diplômante aujourd’huiCes semaines bien pleines, Gaëtan ne s’en plaint pas. Mais faudrait-il embaucher pour évoluer ? La question se pose, sans réponse aujourd’hui. "D’une part parce qu’il n’y a pas de formation, pas de CAP, pas de BEP, c’est le fabricant qui peut former. Donc si je voulais un apprenti, je ne pourrais pas", souligne-t-il."Et puis la résine, c’est très spécifique. Quand on coule 1.000 m², c’est d’un seul coup, on ne s’arrête pas entre midi et deux." Rigueur et précision sont aussi indispensables face à la matière. "Ça demande une sacrée organisation, confirme le Vollorois. Il faut s’assurer que l’on a assez de matière pour tout faire. S’il manque un mètre carré, on est bon pour tout recommencer."
Alexandre Chazeau