Avec un large sourire, Brigitte regarde les talons neufs des chaussures que le cordonnier a réparées. En plus d’avoir récupéré ses escarpins, elle va bénéficier d’une remise de 7 € sur sa facture grâce au bonus réparation. « Je ne connaissais pas ce système avant que le cordonnier m’en parle. Ce n’est pas ce qui m’a fait venir ici mais je pense que ça peut inciter des gens à faire réparer leurs chaussures. C’est plutôt une bonne idée », sourit la retraitée à la caisse du Bouif, au rez-de-chaussée du centre Jaude.
Plus d’avantages que d’inconvénientsEncore peu (voire pas du tout) connu, le bonus réparation pour les textiles a été mis en place le 7 novembre. Le principe est simple, en faisant réparer des vêtements troués ou des chaussures abîmées chez un professionnel labellisé, vous profitez d’une remise que l’État rembourse ensuite à l’artisan. Une idée qui séduit les clients mais pas les professionnels.
Sur Clermont-Ferrand, le site refashion.fr qui recense les professionnels agréés indique seulement deux couturières. La cordonnerie Le Bouif n’est même pas encore dans la liste.
Pourquoi sont-ils si peu ?Isabelle Mayrand, couturière depuis trente ans, a son idée : « La paperasse freine beaucoup ! D’abord, il a fallu monter un dossier un peu compliqué. Ensuite, c’est à nous de faire les démarches à chaque réparation : prendre une photo du vêtement abîmé et du ticket de caisse puis attendre la première quinzaine du mois suivant pour être remboursé. »
Malgré cet a priori, l’artisane qui tient la boutique Au dé d’argent, rue de la Treille, s’est lancée dès le premier jour. « Pour compléter mon activité de styliste de robes de mariée dans les périodes creuses, explique-t-elle, et pour partager ma vision d’une mode écoresponsable en prolongeant la vie des vêtements. »
Deux arguments qui ont aussi décidé Claire Molinat à sauter le pas en février.
« J’aime la démarche de consommer moins, de favoriser le réemploi des tissus. Ce bonus financier donne vraiment un coup de pouce. Pour ma dernière réparation, une fermeture éclair sur un pantalon, la cliente a payé 10 € au lieu de 18 €. »
Devenue couturière après une reconversion professionnelle, la jeune quadra estime que le bonus réparation concerne la moitié de l’activité de son autoentreprise Au fil de l’eau et que cette part est en hausse.
Les réductions dépendent du type de réparation. Les exemples donnés par le site refashion.fr vont de 7 € (remplacement d’un bonbout de chaussure ou réparation d’une déchirure sur des vêtements) à 25 € (changement d’une doublure complexe sur un habit).
C’est aussi ce qu’espère David Serre, le gérant du Bouif, qui propose les remises depuis le début du mois de mars. « Il m’a fallu du temps pour mettre au point un protocole pas trop contraignant pour mes salariés. De mon côté, j’ai calculé que ça va représenter chaque mois deux à trois jours de travail administratif supplémentaire. Ce n’est pas négligeable mais c’est bon pour l’environnement qui est une cause juste et bon pour faire redécouvrir notre activité et notre métier. À tous ceux qui portent des baskets, je précise que, contrairement aux idées reçues, on peut réparer les baskets, remplacer les semelles, recoudre les accrocs… La cordonnerie est un métier d’avenir, d’ailleurs, on cherche à recruter ! », sourit le chef d’entreprise.
Les réparations et rapiècements des chaussures et des vêtements sauf : la lingerie (sous-vêtements, chaussettes…), les vêtements en cuir et en fourrure naturelle et les vêtements techniques de sport à usage non quotidien (kimonos de judo, combinaisons de plongée en néoprène, chaussures de ski…).
La liste est disponible sur le site refashion.fr. Si aucun réparateur n’est référencé près de chez vous, il est possible de bénéficier du bonus réparation en ligne sur plusieurs sites.
Quelles réductions ?
Elles dépendent du type de réparation. Les exemples donnés par le site refashion.fr vont de 7 € (remplacement d’un bonbout de chaussure ou réparation d’une déchirure sur des vêtements) à 25 € (changement d’une doublure complexe sur un habit).
Les réductions sont-elles cumulables ?
Oui, il est possible de cumuler plusieurs réparations sur le même vêtement ou la même paire de chaussures à condition que le montant total de la remise ne représente pas plus de 60 % du prix de la réparation.
Texte : Maud TurcanPhotos : Francis Campagnoni