L’entreprise thiernoise CEP a décidé de subventionner un projet de réduction de l’impact carbone de deux exploitations agricoles situées dans la Loire. Objectif pour l’industriel, compenser son propre impact environnemental.
Spécialisée dans l’injection plastique, l’entreprise CEP basée à Thiers et Saint-Rémy-sur-Durolle est présente sur trois marchés principaux : les accessoires de bureau, la poterie agricole et les emballages cosmétiques. Au milieu des modèles de blocs à tiroirs de classement, pots à crayons, corbeilles à papier, tubes de crèmes et autres jardinières en plastique, difficile d’attendre cette entreprise centenaire sur le terrain de l’agriculture locale "bas carbone". Et pourtant, c’est bien dans ce type de projets que CEP a décidé de se lancer.
Des actions pour limiter l’impact de l’industrieAvant cela, l’entreprise aux 145 salariés avait déjà mis en place des actions pour limiter son propre impact sur l’environnement. CEP possède un parc de pas moins de 37 machines de presse. "Pour fabriquer des objets en plastique, il faut faire fondre des billes en plastique qu’on injecte dans un moule et qu’on fait refroidir. C’est le même principe qu’un moule à gaufres", décrit Pierre Dambricourt, directeur général du groupe CEP.
Un procédé qui consomme beaucoup d’électricité. "Pour faire fondre, il faut chauffer, pour chauffer, on utilise de l’électricité qui passe dans des résistances thermiques. Donc, nous sommes des gros consommateurs d’électricité."
L’entreprise a notamment renouvelé son parc de machines pour limiter sa consommation d’énergie. "Depuis une vingtaine d’années, on utilise des machines qui sont beaucoup moins énergivores. C’est de l’amélioration continue. Les machines doivent être adaptées à nos exigences de production, mais elles évoluent énormément", affirme Pierre Dambricourt.
L'entreprise CEP possède un parc de pas moins de 37 machines de presse.
Les dernières presses fonctionnent désormais au "tout électrique" pour chaque étape, de l’injection au refroidissement, en passant par la poussée pour le maintien du moule durant l’injection. Une technologie moins énergivore qui ne consomme pas d’énergies fossiles.
Pour aller plus loin, l’entreprise CEP a décidé de subventionner des projets de réduction de l’impact carbone d’exploitations agricoles à proximité. Deux exploitations sont concernées, dont la ferme de François Garrivier, située à Grézolles dans la Loire, à moins de 50 km (voir ci-dessous).
EDF, via sa filiale Oklima, accompagne des agriculteurs pour les aider à réduire leur impact carbone.
"Un bilan carbone de l’exploitation va être fait. On a ensuite un schéma d’actions sur cinq ans. L’objectif, c’est que quand on refera le point à la fin, le bilan carbone soit meilleur."
Parmi les actions à mettre en place, faire vêler les génisses beaucoup plus tôt dans l’année. En clair, "la production de veau va passer de 18 mois à un an. Si on met moins de temps à produire la même chose, on économise forcément du carbone", rapporte Pierre Dambricourt. Par ailleurs, l’exploitant ligérien va réduire l’utilisation d’engrais azotés en les remplaçant par des engrais organiques.
18.000 € de subventionsAu bout des cinq années, ces projets agricoles visent ainsi à retirer plus de 350 tonnes de CO2. Ces crédits carbone seront validés par le ministère de la Transition Écologique et labellisés Bas Carbone. Ainsi, CEP espère contrebalancer son propre impact carbone. Pour cela, l’entreprise va verser 18.000 euros à Oklima. "Quand on voit le prix de l’électricité en ce moment, ce n’est pas rien."
L’industrie et l’agriculture qui s’allient pour réduire l’impact carbone, la chose ne paraissait pas évidente, mais Pierre Dambricourt n’en reste pas moins convaincu. "Il faut des agriculteurs, il faut des entreprises qui produisent des biens et des services. On essaie, pour notre part, de produire du mieux qu’on peut. Je pense que toutes les actions qu’on peut engager, en créant des liens au niveau local, ont du bon", conclut-il.
La ferme de François Garrivier fait partie des deux exploitations subventionnées par l’entreprise CEP et accompagnées par Oklima (filiale d’EDF) pour leurs projets de réduction des émissions de carbone.
Sur son exploitation de 110 hectares (dont 95 hectares de prairie permanente) située à Grézolles dans la Loire, François Garrivier élève 75 vaches charolaises. "Dès l’instant où nous avons une entreprise, nous devons tous à un moment initier la réflexion sur le bas carbone", confie l’éleveur qui va bénéficier d’une partie de la subvention de 18.000 euros de l’entreprise CEP (voir ci-dessus).
François Garrivier s’engage à réduire ses émissions de carbone.
"Le levier, c’est d’avoir un troupeau plus productif. C’est-à-dire qu’une vache produira un veau par an, contre 18 mois aujourd’hui."
L’exploitant compte aussi limiter l’utilisation d’engrais azotés qui seront remplacés par des engrais organiques. Des cultures de légumineuses seront aussi ajoutées aux cultures de céréales pour nourrir les animaux. "On peut ajouter de la luzerne qui va capter l’azote de l’air. Ce qui va permettre de se passer de l’alimentation minérale."
François Garrivier vise aussi à stocker 80 tonnes de carbone en 5 ans. "À minima, je vais devoir maintenir ma surface en prairie permanente ainsi que mon linéaire de haies qui stockent du carbone." Et de rappeler que l’exploitation stockait déjà plus de carbone qu’elle n’en émettait, contrairement à l’industrie.
Thomas Loret