L'affaire d'Avallon tourne en bloc depuis le dimanche 7 avril sur les médias nationaux et les réseaux sociaux. Figure reconnue des affaires médiatiques, le journaliste Dominique Rizet livre son analyse sur un dossier qui s'annonce hors norme.
Dominique Rizet est sans doute le visage le plus médiatique, à la télé, des dossiers police-justice. Chroniqueur pour l'émission Faites entrer l'accusé, journaliste pour BFM, il revient sur la dimension hors norme de la saisie opérée dimanche 7 avril, à Avallon et, plus largement, ce qu'elle dit de notre société.
Quelle est votre première réaction ?Je ressens que de nombreuses digues sont en train de sauter. Même s'il est trop tôt pour tirer des conclusions dans cette affaire-ci, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec celle de Mélanie Boulanger. L'ancienne mairesse de Cantefeu (Seine-Maritime) sera jugée en juin prochain - avec d'autres - dans le cadre d'un trafic de stupéfiants.
Il est certain que la question de la drogue touche aussi les proches de personnalités. Je pense, par exemple, à Rachida Dati, dont un des frères a été condamné pour trafic de stupéfiants. Ou le fils de l'avocat de Jonathann Daval, qui a été placé en détention pour des faits similaires.
Un des nombreuses questions qui se posent dans ce dossier est de savoir si les trafiquants ont profité de la situation de la maire d'Avallon pour mettre en place leur réseau.
La vaste opération menée actuellement un peu partout en France démontre également que ce trafic touche aussi bien les villes que les campagnes...Effectivement, quand j'ai débuté dans ce métier, la question de la drogue ne touchait que les grandes villes. Ce dossier démontre combien, aujourd'hui, le trafic s'installe partout. L'affaire d'Avallon me fait penser à une autre saisie de 44 kg d'héroïne opérée à Toulon-sur-Arroux, en octobre dernier. Il s'agit d'une petite commune de Saône-et-Loire. Aujourd'hui, nous avons 70 kg de haschich saisis dans une ville de 6.000 habitants. Il ne s'agit pas d'une initiative individuelle d'un seul individu. Avec des volumes pareils, cela démontre aussi l'organisation hyper commerciale des trafiquants.
Ce dossier, du fait de son retentissement médiatique, pose aussi la question de l'image pour la commune concernée...Même si la maire d'Avallon sort complètement libre de sa garde à vue, il est certain qu'une telle affaire ternie durablement la réputation d'une ville. Elle reste dans la mémoire des gens. Il existe également un risque de récupération politique. Dans l'affaire du collégien mort à Viry-Châtillon, une des questions qui tournent en boucle porte sur le prénom des agresseurs. Ça commence à devenir récurrent et donne du grain à moudre à certains.
Matthieu Villeroy de Galhau