Selon la gendarmerie, 800 à 1.000 personnes, dont une "forte proportion" de militants radicaux encagoulés, étaient présentes vers 08H00 dans un campement installé sur un terrain privé de la petite commune de Lerm-et-Musset, à 75 km au sud de Bordeaux.
C'est là, aux confins de la forêt landaise, que doit avoir lieu dans l'après-midi une manifestation non déclarée et aux contours encore flous, présentée par les organisateurs comme une série de "jeux" contre la liaison à venir entre Bordeaux, Toulouse et Dax - "grand projet inutile" d'une quinzaine de milliards d'euros, dénoncent-ils.
Les autorités avaient évoqué cette semaine la possible participation d'environ 3.000 opposants avec "plusieurs centaines de personnes violentes". Des "armes par destination" - arbalètes, boules de pétanque - ont été saisies lors de contrôles en amont.
"L'objectif n'est pas de laisser s'installer une ZAD", a affirmé vendredi à l'AFP le préfet de la Gironde, Etienne Guyot.
Selon les gendarmes, une vingtaine de "fichés S" et des personnes déjà contrôlées lors de manifestations contre l'A69 en Occitanie sont présentes. Un hélicoptère des forces de l'ordre surveillant la zone a été visé par des tirs de mortiers d'artifice, sans faire de blessés ni causer des dégâts.
Chantier "pharaonique"
Des travaux ont commencé au nord de Toulouse mais l'autorisation nécessaire à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalables au chantier de la LGV lui-même attendu en 2028, reste à délivrer d'ici fin novembre.
La LGV vise à relier, en 2032, Toulouse à Paris en trois heures et dix minutes, gagnant une heure sur l'itinéraire actuel. Un embranchement traversant l'est de la forêt landaise doit rallier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et, un jour, permettre des liaisons directes avec l'Espagne.
Le président (PS) de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset défend un "investissement pour un siècle au moins" qui permettrait de "sortir" de la route les 10.000 camions remontant chaque jour d'Espagne, en libérant les lignes existantes pour le fret.
Mais les opposants — élus et parlementaires locaux, habitants, sylviculteurs ou viticulteurs — dénoncent un projet "mortifère" qui conduirait selon eux à l'artificialisation d'environ 5.000 hectares, en traversant notamment la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, où se trouve une hêtraie ancestrale.
Ils prônent une rénovation des lignes existantes pour développer les "trains du quotidien" et critiquent l'imposition d'une taxe spéciale à 2.340 communes proches du tracé pour ce chantier "pharaonique", cofinancé par l'État, les collectivités locales et l'Union européenne.