Ces annonces viennent s'ajouter à une série de mesures annoncées ces dernières semaines, notamment des baisses de taux d'intérêt et l'octroi de liquidités aux banques.
La Chine a connu l'an dernier l'une de ses croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel qui laisse dubitatifs certains économistes compte tenu des difficultés qui pèsent sur l'activité.
Ce taux ferait rêver nombre de nations développées mais il reste pour la Chine bien loin de l'expansion fulgurante qui l'a propulsée ces dernières décennies vers les sommets de l'économie mondiale.
Samedi, lors d'une conférence de presse, le ministre des Finances Lan Fo'an, a déclaré que Pékin "était en train d'accélérer l'utilisation de bons du Trésor supplémentaires".
"Au cours des trois prochains mois, un total de 2.300 milliards de yuans (296,84 milliards d'euros) d'obligations spéciales pourra être utilisé", a affirmé le ministre.
Il a précisé que Pékin prévoyait également "d'émettre des obligations spéciales d'Etat pour soutenir les grandes banques commerciales publiques", sans en préciser le montant.
Les fonds permettront d'"aider les grandes banques commerciales d'Etat à reconstituer leur capital de base, à améliorer leur résistance au risque et leurs capacités de prêt, et à mieux servir le développement de l'économie", a-t-il expliqué.
Pékin va aussi relever le plafond de la dette des collectivités locales pour leur permettre de dépenser davantage dans les infrastructures et de favoriser l'emploi.
Réflexion en cours
Les analystes ont souligné que les chiffres annoncés par le ministre des Finances n'étaient pas nouveaux et que Pékin n'avait pas dévoilé de nouvelles mesures de relance budgétaire.
"Les messages clés sont que (...) le gouvernement central a la capacité d'émettre plus d'obligations et d'augmenter le déficit budgétaire" et "prévoit d'émettre plus d'obligations pour aider les gouvernements locaux à payer leur dette", a commenté Zhiwei Zhang, économiste en chef de Pinpoint Asset Management.
Pékin est probablement "encore en train de travailler sur les moindres détails de la relance budgétaire", a déclaré de son côté à l'AFP Heron Lim, de Moody's Analytics.
Les principales banques chinoises vont par ailleurs baisser les taux d'intérêt sur la plupart des prêts immobiliers existants à partir du 25 octobre, conformément à une demande faite en septembre par la Banque centrale, a annoncé samedi la chaîne d'Etat CCTV.
Elle a précisé que de grandes banques, dont Bank of China et China Construction Bank, avaient annoncé qu'elles procéderaient aux ajustements "par lots" et que les clients n'auront "pas besoin d'en faire la demande".
"Bazooka"
Ces annonces s'ajoutent à une série de stimuli à la consommation et à l'immobilier adoptés par Pékin depuis la sortie de la crise du Covid, dans l'espoir de revigorer son économie.
Celle-ci a du mal à redémarrer depuis la levée, fin 2022, des mesures draconiennes qu'elle s'était imposées pour lutter contre la pandémie.
La deuxième économie mondiale est confrontée notamment à une crise prolongée de la dette dans le secteur immobilier, une consommation chroniquement faible et un taux de chômage élevé chez les jeunes.
Après des annonces au compte-gouttes ces derniers mois et sans effet apparent, les analystes exhortent le gouvernement chinois à mettre en œuvre un plan de relance "au bazooka".
Tensions géopolitiques
Le secteur du logement et de la construction a longtemps représenté au sens large plus d'un quart du PIB de l'économie chinoise. Mais il a été affecté depuis 2020 du durcissement par Pékin des conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, qui en a précipité certains (Evergrande, Country Garden...) au bord de la faillite, tandis que le recul des prix dissuade les habitants d'investir dans la pierre.
La crise de l'immobilier prive les collectivités locales d'une importante source de revenus fonciers et leur endettement atteint désormais plus de 5.000 milliards d'euros, selon le gouvernement central, une source d'inquiétude pour la stabilité de l'économie.
Les dirigeants chinois, le président Xi Jinping en tête, avaient reconnu fin septembre de nouveaux "problèmes" conduisant à une nouvelle salve de mesures.
Outre les difficultés internes du pays, les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et l'Union européenne menacent son commerce extérieur.
L'UE a ainsi récemment imposé des surtaxes supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, jugeant leurs prix artificiellement bas en raison de subventions d'Etat.
Les autorités tablent toujours sur une croissance d'environ 5% cette année, mais les analystes jugent cet objectif optimiste.