Le prix, qui sera annoncé à 11H45 à Stockholm (09H45 GMT), est le troisième Nobel de la saison après le prix de physique décerné mardi aux physiciens britanno-canadien Geoffrey Hinton et américain John Hopfield pour des recherches cruciales dans le développement de l'IA.
Cette technologie revient aussi dans la liste des favoris pour le Nobel de la chimie.
Le directeur de Google DeepMind, John M. Jumper, et son PDG et cofondateur Demis Hassabis - qui ont déjà reçu le prestigieux prix Lasker en 2023 - pourraient l'emporter pour le modèle d'IA Alphafold, qui permet de prédire la structure tridimensionnelle des protéines en fonction de leur acide aminé.
Les deux hommes figurent dans les tablettes du cabinet d'analyse Clarivate, qui anticipe les lauréats potentiels des Nobel scientifiques sur la base de citations dans les articles de recherche.
David Pendlebury, directeur du cabinet, précise néanmoins que si l'article de Jumper et Hassabis publié en 2021 a été cité des milliers de fois, il serait inhabituel pour le jury Nobel de récompenser un travail aussi rapidement après sa publication.
Un autre nom souvent cité est celui de l'Américano-jordanien Omar Yaghi.
Le travail du professeur de chimie à l'université de Berkeley porte sur les réseaux métallo-organiques (RMO) et leurs propriétés poreuses permettant d'absorber des gaz dangereux.
Des produits utilisant ces matériaux sont déjà en vente. Pour Lars Broström, journaliste scientifique à la radio SR, il est donc "temps de lui décerner un prix Nobel".
"Méthodes biochimiques"
D'autres noms comme celui des Japonais Susumu Kitagawa et Makoto Fujita, aussi considérés comme des pionniers de cette technologie, sont en bonne position.
Selon le journaliste de SR, le biochimiste américano-taïwanais Chi-Huey Wong a également ses chances pour avoir inventé des "méthodes biochimiques utilisées dans l'industrie pharmaceutique".
Dans ce domaine, le nom du chimiste américain Robert Langer, pionnier dans le mode d'administration de médicaments, circule en particulier: il s'agit de "l'un des scientifiques les plus cités au monde", a fait valoir Lars Broström.
Karl Deisseroth, psychiatre et spécialiste en bio-ingénierie, pourrait aussi être consacré par le comité Nobel.
Le chercheur a investi le domaine de l'optogénétique, qui rend les neurones sensibles à la lumière. Sous sa houlette, des chercheurs sont parvenus à rendre un cerveau de souris totalement transparent pour voir ce qui s'y passe.
Bien que leur domaine d'expertise soit les sciences physiques, les chercheurs Roberto Car (Université de Princeton) et Michele Parrinello (Institut italien de technologie) reviennent dans les pronostics pour leur méthode "Car-Parrinello", utilisée pour calculer les dynamiques moléculaires.
Le prix pourrait aussi distinguer les chercheurs James J. Collins, Michael Elowitz et Stanislas Leibler, basés aux Etats-Unis, pour leurs travaux sur les "circuits génétiques synthétiques" qui ont lancé le domaine de la "biologie synthétique".
Enfin, Zhenan Bao, professeure de génie chimique à l'université de Stanford, est également citée depuis plusieurs années.
Cette Américaine d'origine chinoise a mis au point, avec son équipe, une "peau électronique" qui intègre de minuscules transistors à un film spécial ultra-fin afin de reproduire le sens du toucher.
Décernés depuis 1901, les prix Nobel distinguent les personnes qui ont œuvré pour "le bienfait de l'humanité", conformément au vœu de leur créateur, l'inventeur suédois Alfred Nobel.
L'an dernier, le Nobel de chimie avait consacré un trio pour leurs recherches sur des nanoparticules nommées points quantiques: Moungi Bawendi, Louis Brus et Alexei Ekimov, nés respectivement en France, aux Etats-Unis et en URSS.
Ces très petits composants de la nanotechnologie diffusent aujourd'hui la lumière des téléviseurs et des LED et peuvent également guider les chirurgiens lorsqu'ils retirent des tissus tumoraux.
Comme pour les autres Nobel, le prix de chimie a été critiqué pour son manque de diversité et d'égalité. Depuis 1901, seules huit femmes ont été couronnées, sur 114 lauréats.
La saison continue avec le prix Nobel de littérature jeudi et le prix Nobel de la paix vendredi à Oslo.
Le prix Nobel d'économie, octroyé pour la première fois en 1969, sera attribué lundi 14 octobre.
Pour les lauréats du millésime 2024, le chèque accompagnant le prix est de onze millions de couronnes (920.000 euros), à partager en cas de multiples gagnants.