Selon le site d'information, Henri Geliot, un "truand" né en 1919 et décédé en 1986, a été identifié grâce à un numéro de plaque d'immatriculation transmis par un témoin entendu en 2023 par la juge d'instruction chargée de résoudre cette énigme politico-financière.
Sollicité par l'AFP, le parquet de Versailles a confirmé que ces "informations factuelles" se trouvaient bien dans le dossier mais qu'à ce stade, "aucune conclusion dans un sens ou dans un autre n'en a été tirée judiciairement parlant".
Témoin d'une conversation indiquant que la mort du ministre avait été mise en scène après une opération d'intimidation violente qui avait mal tourné, comme le rapportait une source proche du dossier fin août à l'AFP, le témoin avait pris soin de noter l'immatriculation du véhicule d'un des hommes présents.
Ce "truand haut placé", comme le détaillait cette source, se présentait dans cet échange comme l'un des hommes impliqués dans le crime. La même source proche du dossier a également confirmé vendredi que M. Geliot a été identifié dans cette affaire.
Selon Mediapart, l'homme, cafetier de profession, n'en était pas à ses premiers méfaits: il a été mis en cause principalement entre 1939 et 1958 pour divers délits dont des violences avec arme à feu.
"Soulagement"
Alors que l'enquête en cours depuis 2015 s'acheminait vers un non-lieu, après un avis de fin d'information judiciaire et un réquisitoire du parquet en ce sens, la manifestation spontanée de ce témoin en 2022 auprès des enquêteurs a tout changé.
Entendu en 2023 par la juge d'instruction, selon la source proche du dossier, il mentionne plusieurs personnes impliquées à divers degrés dans l'assassinat de M. Boulin, 59 ans, alors membre du RPR et ministre du Travail du gouvernement de Raymond Barre.
L'homme politique avait auparavant occupé plusieurs portefeuilles sous les présidences de Charles de Gaulle, Georges Pompidou et durant le septennat de Valéry Giscard d'Estaing.
"Nous commençons à éprouver un début de soulagement en constatant que malgré les réticences de l'institution judiciaire à faire son travail, les choses avancent", a réagi pour l'AFP Me Marie Dosé, avocate de la fille de M. Boulin, Fabienne Boulin-Burgeat.
"Il reste néanmoins beaucoup de travail à faire" dans ce dossier, a estimé l'avocate, espérant que "la justice se montre enfin digne de sa mission".
Fin août, elle avait déclaré à l'AFP avoir la certitude que "plus personne ne peut objectivement soutenir aujourd'hui que Robert Boulin s'est suicidé, sauf ceux qui ont intérêt à le faire".