Deux phases d'une campagne de vaccination contre la poliomyélite sont prévues dans la bande de Gaza afin de prévenir la propagation du poliovirus circulant dérivé d'une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2 ou cVDPV2 en anglais), en atteignant 640.000 enfants, durant une série de "pauses humanitaires".
La deuxième phase est prévue "dans quatre semaines", a déclaré le Dr Rik Peeperkorn, représentant de l'Organisation mondiale de la santé dans les territoires palestiniens occupés, lors d'un point de presse.
"Jusqu'à présent, cela se déroule bien", a indiqué le Dr Peeperkorn, en liaison vidéo depuis la bande de Gaza, mais "il reste encore 10 jours, au moins 10 jours" pour cette première phase.
Il a expliqué que la vaccination contre la polio se fait habituellement lors de campagnes porte-à-porte, chose impossible à Gaza "car il reste très peu de maisons et les gens sont partout".
Le vaccin est administré dans des centres de santé ou par des équipes mobiles.
La campagne s'est cantonnée pour l'heure au centre de l'étroit territoire palestinien.
Pour l'instant, 161.000 enfants de moins de dix ans ont été atteints, "dépassant l'objectif estimé de 156.500 enfants" pour cette zone, selon l'OMS.
"Nous avons probablement sous-estimé la population se trouvant dans cette zone", a expliqué le Dr Peeperkorn. L'objectif est de vacciner 340.000 enfants dans la zone sud et 150.000 autres dans la zone nord.
Il a également expliqué qu'il avait été décidé que cette campagne, qui offre aux personnels de santé la possibilité de voir des dizaines de milliers d'enfants à Gaza, se concentrait uniquement sur la vaccination anti-polio car le temps était compté.
" maladies infectieuses"
Mais le responsable onusien a rappelé que l'OMS restait "extrêmement préoccupée" par la situation sanitaire à Gaza, où il y a une "énorme augmentation des maladies infectieuses" et où seuls 16 des 36 hôpitaux sont opérationnels.
La guerre entre Israël et la bande de Gaza a été déclenchée en riposte à l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre. Cette attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
En riposte, Israël a lancé une offensive d'envergure par air et terre à Gaza qui a fait jusque-là au moins 40.786 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. La majorité sont des femmes et des mineurs d'après l'ONU.
L'offensive a provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement, souvent à plusieurs reprises, de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire.
La polio, éradiquée il y a 25 ans, est revenue dans la bande de Gaza où le virus a été découvert mi-août chez un bébé de 10 mois.
Le Dr Rik Peeperkorn a salué le bon déroulement de la campagne de vaccination : "il y avait tellement de gens - les pères, les mères - qui amenaient leurs enfants" qui étaient "vraiment fiers et heureux d'avoir été vaccinés".
Mais ce n'est pas une surprise, a-t-il dit, expliquant qu'à Gaza, tout comme en Cisjordanie, il y avait avant la guerre "un taux d'acceptation de la vaccination de routine très élevé, avec des taux de couverture allant de 90 à 95%, un niveau plus élevé que dans de nombreux pays à revenu élevé".
Au moins 90% des enfants gazaouis doivent recevoir les deux doses pour "arrêter la transmission à l'intérieur de Gaza et éviter que la polio ne se propage dans les pays voisins" et à l'international, a souligné le responsable de l'OMS.
Depuis 2014, la polio est considérée par l'OMS comme une urgence de santé publique de portée internationale, son alerte maximale.