"Dans la vie, il faut faire ses preuves, échouer, corriger, apprendre, repartir", lançait le 25 août l'élu LR depuis le Mont Mézenc, dans son fief de Haute-Loire, où il organisait sa rentrée politique, moins de deux mois après son retour à l'Assemblée nationale à la faveur de la dissolution.
Contraint par les lois sur le non cumul des mandats de quitter la présidence de région, même s'il reste conseiller, le candidat potentiel de la droite à la présidentielle de 2027 esquisse son bilan local.
Industries relocalisées, un "des plus bas taux de chômage de France", baisse de l'insécurité dans les trains et les gares, bourses scolaires au mérite pour "ceux qui se donnent du mal", baisse du poids de la dette et des impôts, organisation des JO d'hiver de 2030... Depuis la cime auvergnate, il voit "une France des Régions heureuses, où tout ne se décide pas d'en haut".
Elu en 2016 à la tête de la deuxième région la plus peuplée de France (8,1 millions d'habitants), Laurent Wauquiez a "réussi à l'inscrire sur une trajectoire de grande région européenne", estime Nicolas Daragon, vice-président aux finances.
Le maire LR de Valence -- dont le nom circule, parmi d'autres, pour lui succéder -- salue un "gestionnaire de collectivité hors pair". Le titre de "région la mieux gérée de France", souvent revendiqué par Laurent Wauquiez, agace en revanche l'opposition.
Un "culte du premier de la classe", rétorque la co-présidente du groupe écologiste Cécile Michel, pour qui l'obsession de "garder les ratios les meilleurs en termes de désendettement" a mené à "figer complètement les investissements les plus évidents pour faire face aux enjeux climatiques et sociaux".
"Il a fait des économies sur les trois secteurs les plus importants" pour la région, dénonce en écho Johann Cesa, vice président du groupe socialiste: les transports, les lycées et la formation professionnelle.
Communication
Pour faire avancer les politiques de droite qui lui tiennent à coeur, Laurent Wauquiez n'a pas hésité à se saisir de sujets hors des domaines de compétence de la région, comme la sécurité. Il a ainsi soutenu l'installation de caméras de surveillance dans les lycées ou les gares.
Il a également opéré selon ses opposants des coupes "idéologiques" dans les budgets de la culture, même si lui assure avoir simplement réorienté des subventions vers les zones rurales.
Il a également entamé des bras de fer avec l'Etat, comme sur la question de l'artificialisation des sols ou du financement de la ligne controversée Lyon-Turin.
"C'est un élu expérimenté, forcément ce qui a été fait au niveau de la région est observé", souligne Nicolas Daragon.
Mais pour Andrea Kotarac, chef de file du groupe RN régional, le discours n'est pas si clair: "au niveau national, moi je ne connais pas les positions réelles de M. Wauquiez", notamment sur la réforme des retraites.
Plus largement, "c'est quelqu'un qui utilise la région pour sa propre publicité politique", dénonce-t-il, en épinglant comme les autres opposants la communication très personnalisée de la Région.
Un rapport de la cour des comptes régionale sur ce sujet, attendu à l'automne mais qui a filtré cet été dans la presse locale, a alimenté leurs critiques.
Déjà épinglé pour l'organisation d'un dîner onéreux en juin 2022, dits "des sommets" -- qui fait l'objet d'une enquête du Parquet national financier --, Laurent Wauquiez est tancé sur le coût de ses déjeuners parisiens avec des parlementaires, journalistes ou encore l'écrivain Michel Houellebecq (1.248 euros les deux couverts).
La région a répondu que la CRC ne constatait pas d'irrégularités, et l'intéressé, assurant ne pas avoir connu le montant de l'addition, s'est engagé à rembourser la collectivité.
Le PNF enquête également depuis fin 2020 sur les activités de collaborateurs de Laurent Wauquiez à Paris.
Toutes ces dépenses n'étaient pas justifiées par des " enjeux régionaux mais tournaient autour de sa figure", déplore Cécile Michel, pour qui la présidence de M. Wauquiez a été marquée à la fois par du "clientélisme" et des "méthodes assez autoritaires" envers l'opposition.