Arrivé en premier à 08H45, l'ancien Premier ministre socialiste est partant pour revenir à Matignon même si rien n'est acté près de deux mois après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité.
"Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", a expliqué dimanche son entourage.
C'est en avançant ce motif qu'il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives.
Mais Emmanuel Macron veut aussi que le bloc central fasse partie de la future majorité. "Il faut inventer une troisième forme de Ve République: ni coalition, ni cohabitation", selon son entourage.
Ministre de l'Intérieur pendant les attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande, Bernard Cazeneuve, 61 ans, a quitté le PS en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec LFI au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).
S'il pourrait avoir l'appui du bloc central et d'une partie de la droite, il n'est soutenu par aucune des formations de gauche, même si son arrivée à Matignon pourrait diviser les socialistes.
Premier ministre de droite ?
"Je ne lui donne pas sa chance. Il appartient à l'ancien monde du hollandisme dont nous voulons tourner la page", a répété lundi la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot sur France 2.
"Quelles sont les garanties pour Bernard Cazeneuve, si ce n'est d'être demain en réalité prisonnier par une majorité, une coalition, celle d'Emmanuel Macron (...) alors même qu'il n'a pas obtenu et même cherché le soutien du Front populaire", a souligné de son côté le Premier secrétaire du PS Olivier Faure sur BFMTV/RMC.
Reçu à 11H00, François Hollande ne devrait pas dissuader Emmanuel Macron de nommer Bernard Cazeneuve au contraire de Nicolas Sarkozy qui est attendu à 12H15.
L'ancien président souhaite un "Premier ministre de droite" et juge que Xavier Bertrand serait "un bon choix".
Le président des Hauts-de-France, 59 ans, qui n'a pas caché que la fonction l'intéressait, lui succèdera dans le bureau d'Emmanuel Macron.
Mais ce tenant d'une droite gaulliste et sociale n'a pas l'appui des dirigeants des Républicains, Laurent Wauquiez en tête, qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Pour le RN Jean-Philippe Tanguy, MM Cazeneuve et Bertrand "sont des macronistes plus ou moins défroqués". Si le parti d'extrême droite pourrait ne pas censurer immédiatement un nouveau Premier ministre, il le ferait "sans doute" au moment du budget, a-t-il ajouté sur TF1.
Encore faut-il aussi qu'Emmanuel Macron et son futur Premier ministre s'accordent sur les modalités de leur entente qui ne doit pas être "une cohabitation de confrontation" mais une "co-responsabilité" s
elon le chef de file du Modem François Bayrou qui devrait être également reçu dans l'après-midi. "Une coalitation", ose-t-on dans l'entourage présidentiel en usant d'un néologisme qui mêle les mots cohabitation et coalition.
La réforme impopulaire sur la retraite à 64 ans fera notamment partie des sujets délicats à aborder alors qu'Emmanuel Macron redoute de voir détricoter son bilan. Pourquoi pas un "gel" de la réforme et de nouvelles discussions avec les syndicats, plutôt qu'une abrogation pure et simple, a avancé dimanche le député PS Jérôme Guedj.
Le temps presse cependant pour un nouveau gouvernement car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard. Marine Le Pen a renouvelé lundi sa demande d'une session extraordinaire du Parlement en septembre, dont l'ordre du jour devrait prévoir "un débat sur les finances publiques".