D'ordinaire appréciées pour leur calme et leur côté pittoresque, les rues étroites de Montmartre étaient noires de monde pour les trois passages de cette épreuve de 273 km et son écrin parisien en guise de final.
Après un départ en matinée face à la Tour Eiffel, les 90 cyclistes engagés sont sortis de la capitale pour rejoindre la Vallée de la Chevreuse.
Après plus de 200 km, des bosses dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine, le peloton a poursuivi son épopée dans un décor de film, du quai Conti (VIe) au pont du Carrousel avant un coup de projecteur sur le nord-est parisien.
Arrivé d'Amsterdam en famille, Tom Van De Vrede a choisi Montmartre pour donner de la voix pour son compatriote Mathieu van der Poel: "C'est un endroit emblématique pour une course emblématique."
Maillots à pois, demande en mariage, ovations pour les buveurs aux fenêtres jusqu'à la course de homards, tout y rappelle le Tour de France.
La Fédération Française de la Lose, habituée de la Grande Boucle, "a mis l'ambiance depuis plusieurs heures", assure Nicolas Bontemps, au milieu d'un groupe venu d'Isère et de Maine-et-Loire. "Les JO, on ne pouvait pas les rater, et cette épreuve-là a l'avantage d'être gratuite" et qu'elle "passe trois fois de suite", sourit le quadragénaire.
Marseillaises et cris de soutien au jeune retraité Thibaut Pinot fusent.
"Incroyable"
Certains spectateurs sont montés sur le mur et la grille au pied du moulin de la Galette.
Le coureur allemand Nils Politt choisit lui les Deux Moulins, café rendu célèbre par Amélie Poulain, pour une pause pipi. Quelques mètres plus bas, les danseuses du Moulin Rouge saluent les coureurs d'un inévitable French Cancan.
Lors de la première ascension de Montmartre, c'est une explosion de cris dans une certaine confusion, en raison de la visibilité limitée, pour beaucoup, par la foule et l'étroitesse de la rue Lepic.
Van der Poel attaque et ramène le groupe sur l'échappé irlandais Ben Healy. Mais dans la deuxième, c'est Remco Evenepoel qui s'envole pour réaliser la troisième et dernière en solitaire et triompher au Trocadéro.
Ce "passage avec des ruelles étroites, c'est incroyable", s'enthousiasme Antoine Chauvet, un jeune pompier toulousain dithyrambique sur ces Jeux parisiens. "C'est un peu le foutoir mais c'est ça les jeux olympiques", s'amuse pour sa part Lydia, une Montmartroise de 71 ans forcée par les grillages et la foule à faire un détour, puis un demi-tour.
"Hype" à Belleville
Quelques kilomètres plus à l'est, c'est "la fête" aussi à Belleville pour voir passer les coureurs qui ont déjà dévalé la pente à 14% de la rue de Ménilmontant (XXe) avant d'avaler la montée de Belleville.
Devant les cafés historiques, kebabs ou cantines chinoises, un public composé avant tout de locaux qui, à l'instar de Khalil Nanouche, "en profite" pour voir les Jeux ailleurs qu'à la télévision.
Le quartier est bouclé, mais "il y a plus de plaisir que de contraintes", dit ce peintre en bâtiment de 45 ans. Comme lui, d'autres disent avoir été "rebutés" par le prix des billets. Il fallait compter samedi 385 euros pour une place d'athlétisme.
Alors le cyclisme en pleine rue, "ça donne une ambiance générale un peu hype, ça éveille le quartier, c'est cool", commente Morgane Delobel qui n'y connaît rien à ce sport.
Du trottoir, elle n'aperçoit que les vélos de secours attachés sur le toit des voitures, mais "pour être arrivée à la dernière minute on voit un minimum, ça va", positive cette opticienne de 31 ans qui a fermé boutique le temps du spectacle.
"Le vélo, c'est super pour ça: c'est dehors, accessible à tous, on voit la fatigue et la souffrance sur le visage des coureurs, c'est pas juste une performance du chrono, c'est un exploit humain", dit Stef, 29 ans, un Néerlandais vêtu tout d'orange fluo.