Au début de l'histoire, il y a le grand-père, Jacques, 84 ans en 2024. Il y a aussi le père, Philippe, le perchiste double finaliste olympique devenu entraîneur de ses deux fils, et le frère, Mathieu, de quatre ans l'aîné de Thibaut (25 ans).
"Mes parents m'apprenaient à marcher, mon grand-père m'apprenait à sauter à la perche, résume à l'AFP Thibaut Collet, engagé en qualifications au Stade de France samedi matin. C'est grâce à lui si j'en suis là aujourd'hui. C'est lui qui a initié tout ça, qui m'a fait essayer la perche en premier."
"Mon premier souvenir de perche, c'est dans le jardin de mon grand-père, se remémore son frère Mathieu. On avait mis deux javelots, un vieux tapis et un fil, à 1,80 m. Je devais avoir cinq ou six ans."
"Dans le jardin, il y avait un bout de tapis et un bout de perche coupé, décrit le cadet. Quand tu es petit, tu n'as pas besoin d'avoir des vraies perches. Il nous apprenait un peu le geste, il nous jetait sur le tapis, et puis après, à quatre, cinq ans je jouais avec la perche, je montais sur le tapis, ça a commencé comme ça."
Grand-père "puits de science"
"On a toujours eu le contact avec la perche, la vision du mouvement et un intérêt pendant les Jeux Olympiques, les Championnats du monde à la télé. On regardait, mais on faisait du foot", reprend l'aîné.
"C'est un puits de science, le grand-père, sourit-il. Il a énormément coaché dans sa vie, quasiment dès ses 20 ans. Il a une quantité d'expérience exceptionnelle."
Une vingtaine d'années plus tard, Thibaut Collet se fait un devoir que son grand-père, encore président de club à Oyonnax (Ain) il y a deux ans, ait sa place dans les tribunes du Stade de France. "J'essaie de l'impliquer le plus possible, je lui envoie des vidéos d'entraînement, je lui envoie plein de choses, on échange beaucoup. Il a toute sa tête et physiquement, il est à fond", s'attendrit le petit-fils, venu pour de bon à l'athlétisme à une douzaine d'années.
"J'ai commencé par essayer un peu tout ce que j'avais envie d'essayer, mais je savais très bien que mon rêve, c'était la perche. Et c'était là où j'étais le plus à l'aise. Quand j'ai commencé à progresser, je me suis naturellement orienté vers le saut à la perche. Ca coulait de source", retrace-t-il.
"Ce n'est pas parce que mon père a fait de la perche que j'ai fait de la perche, mais ça a été naturel", poursuit-il.
"Monomaniaque"
Lui-même entraîné par son père Jacques pendant sa carrière, Philippe Collet (60 ans), double finaliste olympique (5e en 1988 et 7e en 1992) et médaillé de bronze européen en 1986, monté jusqu'à 5,94 m en 1990, reproduit alors le schéma familial en devenant l'entraîneur de ses deux fils.
A la maison Collet, ça devient perche matin, midi et soir.
"Avec mon père, on était à fond dedans. Dès qu'on voyait une vidéo, on se disait +Regarde ce qu'il a fait+. C'est vrai qu'il y a des fois où on ne parlait que de ça. C'était monomaniaque", du stade jusqu'à la table familiale, se remémore Thibaut Collet.
"Ma mère, elle n'en pouvait plus. Mon père, lui, il ne se rendait pas compte parce que c'était sa passion", continue-t-il.
"Il y a des moments où on n'avait plus le droit de parler de perche à table, parce que ça prenait toute la place, raconte son frère. On est tous un peu des caractériels dans la famille. Mon grand-père a eu un rôle de catalyseur, tout comme ma mère. Ils ont été là pour calmer le jeu parfois."
"Mon grand-père a porté la flamme olympique en 2012 (avant les Jeux de Londres), je vais représenter la France aux Jeux de Paris : l'histoire de famille est belle, apprécie Thibaut Collet, quatrième meilleur performeur de l'année avant les JO. J'espère revenir avec une médaille et pouvoir la mettre chez lui."