Néanmoins les chances de voir sa tête d'affiche, Kevin Mayer, prendre le départ du 100 m, la première épreuve du décathlon, vendredi matin, semblent quasiment réduites à néant. Le double médaillé d'argent olympique (2016 et 2021) n'a évalué mardi après-midi qu'à "peut-être 10%" la probabilité d'être au rendez-vous dans moins de 72 heures, un peu plus de trois semaines après sa blessure à une cuisse dans la dernière ligne droite vers les JO.
"C'est un miracle de ouf si ça passe", a-t-il résumé, les larmes aux yeux. S'il a constaté "des progrès inattendus", le double champion du monde de décathlon n'a pas encore recouru et doit se tester sur la piste du Stade de France jeudi, avant d'arrêter sa décision.
A l'approche de ses JO à domicile, l'athlé français a par ailleurs été éclaboussé par des accusations de violences conjugales visant un de ses nouveaux visages, Wilfried Happio, racontées par une de ses ex-compagnes au Monde. Un long témoignage qui a conduit la Fédération française d'athlétisme (FFA) à saisir la justice et à lancer une procédure disciplinaire interne.
Sur la piste, c'est dans un optimisme relatif mais inespéré que les Bleus de l'athlétisme, forts d'une délégation de quasiment 90 membres, s'apprêtent à investir le Stade de France.
Samba-Mayela requinquée ?
"On pouvait difficilement envisager les Jeux olympiques d'une meilleure manière que ce qui se passe maintenant", estimait au début du mois Romain Barras, le directeur de la haute performance à la FFA, plus habitué depuis deux ans qu'il est à la barre à s'expliquer sur de tristes bilans qu'à se réjouir.
Il faut se souvenir que jusqu'aux récents Championnats d'Europe à Rome en juin, l'athlé tricolore faisait pâle figure depuis cinq ans à chaque grand rendez-vous international: deux médailles mondiales en 2019 à Doha, une médaille olympique à Tokyo en 2021, encore une seule médaille mondiale en 2022 à Eugene (Etats-Unis) et en 2023 à Budapest, et, au milieu de tout ça, aucun or européen obtenu en 2022 à Munich, pour la première fois depuis quarante ans.
Rome et sa moisson de seize médailles - dont quatre en or -, son troisième meilleur total, lui a redonné des couleurs à pic.
"Il y a des tourbillons négatifs et des tourbillons positifs. Là, je crois qu'on vient de commencer un tourbillon assez positif qui va continuer jusqu'à Paris", identifiait alors Mayer.
A Rome, Cyréna Samba-Mayela (23 ans) a changé de dimension, sacrée championne d'Europe avec un chrono de classe mondiale: ses 12 sec 31 sont la troisième meilleure performance mondiale de l'année. Mais son infection au Covid-19 fin juin a eu un "gros impact", concède à l'AFP son entraîneur en Floride, l'Irlandais John Coghlan.
le 100 m masculin sans Bleu
"Elle a tout pour être une +cover-girl+ (tête de gondole, NDLR), résume Barras. Il y a les perfs qui sont monstrueuses. Et c'est une jeune femme qui, avec son expérience américaine cette année, s'est réellement découverte et ouverte, pour accueillir toute cette pression qui va lui arriver dessus."
Egalement en or dans la capitale italienne, sur 800 m, Gabriel Tual (26 ans) a lui mis un coup d'accélérateur début juillet: en devenant le cinquième meilleur perfomeur de l'histoire du double tour de piste en 1 min 41 sec 61, chrono époustouflant confirmé cinq jours plus tard (1:42.10), il s'est soudainement affirmé comme un très sérieux prétendant au podium olympique - et même à l'or ?
Pourquoi pas miser aussi sur Alice Finot sur 3.000 m steeple, une autre des médaillés d'or de Rome, et sur le perchiste Thibaut Collet ? Ou encore croire à un coup d'éclat de la jeune pépite Sasha Zhoya (22 ans) sur 110 m haies ?
La première se présente à Paris comme sixième meilleure performeuse de la saison (9:05.01), à dix secondes de la plus rapide de l'été; le second comme quatrième meilleur performeur de l'année, avec 5,95 m, nouveau record personnel.
S'il n'alignera aucun représentant au départ du 100 m masculin pour la première fois depuis près d'un siècle, le moment de confirmer son regain de forme a sonné pour l'athlé français.