Cette énarque de 37 ans, diplômée de Sciences Po Paris, est apparue mercredi matin, malgré son inexpérience politique, plutôt à l'aise pour sa première intervention dans un media audiovisuel, sur France Inter.
"Prête" pour Matignon, elle n'a pas hésité à dénoncer "l'inconséquence" d'Emmanuel Macron qui a balayé mardi soir sa candidature, l'invitant à "prendre ses responsabilités" et à la nommer.
Cette femme aux yeux bleus et au phrasé rapide a immédiatement donné des gages de sa fidélité au Nouveau Front populaire, qui a fini par s'accorder sur son profil après 16 jours de tensions.
Elle a écarté toute coalition entre la gauche et le camp présidentiel, en raison de "désaccords profonds" avec la politique macroniste, notamment sur la fiscalité ou les services publics.
Cette figure de la société civile, en couple avec un enfant, qui pratique de nombreux sports, dont la course à pied et le foot, a affirmé à l'AFP être une candidate "crédible et sérieuse" pour Matignon. Tout en précisant avoir accepté la proposition "en toute humilité mais avec beaucoup de convictions".
Elle a notamment affiché parmi ses premières priorités l'"abrogation de la réforme des retraites" d'Emmanuel Macron, une "grande réforme fiscale pour que chacun paie sa juste part", une "amélioration du pouvoir d'achat", ainsi que la "fin de la régression des services publics".
La nouvelle recrue du NFP est une des figures de proue du collectif d'agents publics "Nos services publics". Elle a présenté début 2024 un rapport dénonçant l'écart croissant entre les moyens des services publics et les besoins.
Pour Prune Helfter-Noah, co-fondatrice du collectif, "c'est quelqu'un qui peut dialoguer avec des personnalités de tout bord sans acrimonie ni animosité".
Actuellement directrice des finances et des achats à la ville de Paris, après avoir été pendant trois ans conseillère au cabinet d'Anne Hidalgo en charge du budget et de la finance verte, Lucie Castets rejette les accusations de la droite sur la mauvaise gestion de la ville, dont la dette a doublé en 10 ans.
Le vice-président du RN Sébastien Chenu a ironisé sur X: "+J’ai ruiné Paris, je peux le faire aussi pour la France+ sera son slogan!".
"Gauche de rupture"
Mais la haute fonctionnaire se dit "fière d’avoir participé aux financements de projets à très long terme qui vont améliorer la vie des Parisiens notamment en matière d'écologie", estimant que la dette de Paris était "sans commune mesure avec celle de l'État français".
Revendiquant "un profil technique - elle a travaillé au ministère des Finances et à la Cellule de lutte contre le blanchiment des capitaux et la criminalité financière -, elle assume aussi un "profil de citoyen engagé".
Mme Castets dit avoir été encartée au PS autour de 2008-2011, mais affirme n'avoir plus aucune affiliation partisane. Si elle accédait aux responsabilités, elle serait une cheffe de gouvernement technocrate, comme cela est parfois évoqué en ces temps d'absence de majorité absolue.
"J'ai une personnalité à part, hors du monde politique", a insisté sur France Inter cette économiste, même si elle figurait sur la liste du socialiste Nicolas Mayer-Rossignol aux régionales de 2015 en Haute-Normandie.
Proche du courant "Besoin de gauche" porté par l’ex-ministre socialiste des Finances Pierre Moscovici, elle s'était notamment impliquée dans le combat pour le mariage pour tous, l'égalité hommes-femmes et pour une meilleure redistribution des bénéfices de la finance mondiale.
"Lucie Castets n’est pas une militante inscrite au mouvement insoumis", mais "appartient à la large famille de +la gauche de rupture+", a salué le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.
La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier la juge pour sa part "solide et crédible", tandis que Fabien Roussel considère que c'est "la plus compétente".
Elle a séduit par "son parcours, ses convictions, sa sincérité", a ajouté le socialiste Olivier Faure sur TF1. "Quand elle sera à Matignon elle fera aussi bien le travail que d'autres avant elle, et même mieux".