Ce n'est pas la première fois que M. Trump devrait être opposé à une femme: en 2016, Hillary Clinton était la première à représenter un des deux grands partis dans une élection présidentielle.
Et elle n'hésitait pas à accuser son concurrent de misogynie, un angle d'attaque que Mme Harris pourrait reprendre à son compte, alors qu'elle a de grandes chances d'affronter à son tour l'ancien président républicain.
Or ce dernier aura du mal à l'emporter sans attirer une partie de l'électorat féminin, alors qu'en 2020, seules 42% des femmes avaient voté pour lui, contre 57% pour M. Biden.
La convention républicaine, la semaine dernière, a été l'occasion pour ses proches de tenter d'adoucir cette image clivante. Plusieurs femmes ont ainsi pris la parole, comme des membres de sa famille, dont l'aînée de ses petits-enfants, Kai Trump, 17 ans.
Mais difficile de rattraper une image publique qui le décrit en prédateur sexuel, ayant la réputation d'être infidèle.
"Grosses truies, chiennes, clochardes"
Donald Trump a ainsi été condamné au civil l'année dernière à verser 88 millions de dommages pour l'agression sexuelle, un "viol" selon les mots du juge, dans les années 1990 de l'écrivaine E. Jean Carroll, puis pour l'avoir diffamée.
Lors de sa première campagne pour les primaires républicaines, en 2015, il avait sous-entendu que l'épouse d'un de ses rivaux, le sénateur Ted Cruz, n'était pas attirante.
Plusieurs années auparavant, M. Trump se vantait à la radio de pouvoir accéder aux vestiaires de concours de beauté, avec "d'incroyablement belles femmes" plus ou moins dévêtues.
Lors d'un des débats entre candidats républicains, la modératrice, Megyn Kelly, avait rappelé par ailleurs rappelé ses propos décrivant certaines femmes comme des "grosses truies, des chiennes, des clochardes et des animaux répugnants".
Lors du débat opposant le candidat républicain désormais désigné et sa concurrente démocrate Hillary Clinton, en octobre 2016, cette dernière l'avait accusé de la "harceler", alors qu'il avait pris le parti de se tenir très proche d'elle, l'air menaçant. Peu avant, une vidéo le montrait se vanter d'attraper les femmes "par la chatte".
Donald Trump a rejeté plus d'une demi-douzaine d'accusations de délit sexuel, allant du harcèlement au viol en passant par des attouchements, assurant que les femmes l'incriminant mentaient.
'"Redoutable concurrente"
S'il a pu éviter la prison dans sa condamnation pour l'agression de Mme Carroll, le procès étant au civil, il pourrait être incarcéré pour une autre affaire. Déclaré coupable par un jury new-yorkais fin mai pour paiements dissimulés à la star de films X Stormy Daniels afin de cacher leur relation sexuelle, il devrait connaître sa peine le 18 septembre.
L'image de Donald Trump vis-à-vis des femmes, telle que véhiculée par la presse, est "entièrement fausse", a déclaré à l'AFP une porte-parole du candidat républicain, Karoline Leavitt, soulignant ses efforts en faveur des congés parentaux payés ou la garde d'enfants durant son premier mandat.
Mais pour les élections du 5 novembre, l'avortement pourrait être l'un des thèmes majeurs, après que la Cour Suprême, à majorité conservatrice grâce à M. Trump, à mis fin à la protection du droit à l'avortement au niveau fédéral.
Or Kamala Harris, ancienne procureure générale de Californie, où elle s'occupait en particulier des affaires de fraude et de viol, est une ardente défenseure de l'accès des femmes à l'avortement.
Dans un communiqué commun, 22 groupes de protection des droits de la femme ont d'ailleurs présenté Mme Harris comme "la principale porte-parole au sein de l'administration Biden en faveur du rétablissement du droit à l'avortement" au niveau national.
Certes, la vice-présidente pourrait avoir du mal à convaincre les femmes modérées ou plus âgées, estime le spécialiste politique Sergio Jose Gutierrez, mais les autres pourraient lui être favorables.
Donald Trump "va devoir s'adapter au fait qu'il va affronter une redoutable concurrente féminine", a ajouté M. Gutierres, patron du cabinet de consultants Espora.