Beaucoup de Britanniques ont sans doute découvert vendredi le visage de cette grande brune de 50 ans qui partage la vie du chef du gouvernement travailliste depuis plus de 20 ans et l'a accompagné, main dans la main, au palais de Buckingham puis au 10, Downing Street, désormais son domicile.
Depuis que Keir Starmer a pris la tête du Labour en 2020, et encore durant la campagne électorale, Victoria Starmer n'a jamais donné d'interview. Ses apparitions publiques se font au compte-gouttes: avec son mari au bureau de vote les jours d'élections, dans la tribune d'honneur du tournoi de tennis de Wimbledon, ou au palais de Buckingham pour des dîners et réceptions officielles.
Seule exception notable: fin 2023, lorsqu'elle a accompagné Keir Starmer sur scène lors du congrès annuel du parti, vêtue d'une robe rouge écarlate aux couleurs du Labour.
Juriste
Elevée dans le Nord de Londres, Victoria Starmer, née Alexander, est la fille d'un père comptable d'origine juive polonaise et d'une mère médecin.
Elle étudie le droit à l'université de Cardiff où elle dirige le syndicat étudiant. Plus tard elle milite au Labour de la période Tony Blair. Elle a travaillé comme juriste dans un cabinet d'avocats avant de rejoindre il y a plusieurs années le National Health Service (NHS).
Le nouveau Premier ministre a plusieurs fois raconté leur rencontre. Alors qu'il était avocat, Victoria était chargée de lui fournir des documents et il l'avait appelée au téléphone pour vérifier le sérieux de son travail, d'une manière apparemment peu aimable puisqu'elle avait déclaré juste avant de raccrocher: "Mais pour qui se prend-il?"
Le couple se marie en 2007 et a deux enfants, désormais adolescents, un garçon de 16 ans prénommé Toby et une fille de 13 ans dont le prénom n'a jamais été rendu public. Ils vivent dans le quartier de Kentish Town, dans la circonscription du Nord de Londres où est élu Keir Starmer.
"Les pieds sur terre"
Si le Premier ministre se dit non croyant, Victoria s'efforce de transmettre la tradition juive à leurs enfants, en fréquentant avec eux la synagogue et en organisant des dîners de shabbat le vendredi soir.
Keir Starmer n'est jamais avare de compliments pour "Vic", la disant dans un entretien à Vogue en début d'année "très impertinente" et "les pieds sur terre".
Considérée par beaucoup de conseillers du chef du Labour comme un atout pour son époux, cette amatrice de courses de chevaux est pourtant restée à bonne distance des médias durant la campagne électorale, Keir Starmer affirmant qu'elle souhaitait donner la priorité à leur fils qui passait cette année ses examens de fin de lycée.
Elle n'a toutefois pas pu empêcher la presse d'évoquer mi-juin son témoignage devant un tribunal lors d'une affaire où trois militants pro-palestiniens étaient jugés pour avoir manifesté devant le domicile des Starmer contre la position du chef du Labour sur le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza.
"Je ne suis pas sentie bien, pour être honnête. J'étais inquiète et mal à l'aise", a-t-elle affirmé.
Quelle "Première dame" sera-t-elle au 10, Downing Street alors que Keir Starmer a affirmé qu'elle continuerait "sans aucun doute" de travailler pour le NHS?
Sans doute pas une Carrie Johnson, omniprésente aux côtés de Boris et surnommée "Carrie Antoinette" par ses détracteurs. Ni probablement une Cherie Blair, brillante avocate mais dont certaines déclarations intempestives ont parfois mis Tony Blair dans l'embarras. Mais sera-t-elle aussi effacée que le mari de Margaret Thatcher, dont le mantra était: "Toujours présent, jamais là"?
Keir et Victoria Starmer entendent en tout cas "protéger fermement" leurs enfants de la lumière médiatique à venir, a dit ce dernier quelques jours avant l'élection.