«Nous tiendrons compte de tous ces facteurs», a déclaré Dmitri Peskov aux journalistes, interrogé sur les restrictions qui pourraient cibler les médias américains en Russie en réponse aux sanctions contre RT. Le porte-parole du Kremlin à tenu à faire une distinction entre les médias qui donnent «l'impression d'essayer de maintenir un équilibre» dans leur présentation de l'information et ceux qui la couvrent de manière «unilatérale».
«Il ne peut y avoir de mesures miroirs : il n'y a pas d'agence de presse d'État aux États-Unis ni de chaîne de télévision d'État. Mais, bien sûr, il y aura des mesures qui limiteront la diffusion de leurs informations par les médias», avait-il déclaré plus tôt à RIA Novosti.
«Tous les médias exécutent l'ordre politique des dirigeants de leur pays», a relativisé le porte-parole du Kremlin, lors d’un entretien accordé à l’agence de presse TASS publié ce 6 septembre qui l’interrogeait sur d’éventuelles sanctions de Moscou contre les «médias étrangers qui mentent» et «exécutent l'ordre politique des dirigeants de leur pays».
Estimant que «l'information ne devrait pas être limitée» et soulignant que la Russie reprochait justement aux Occidentaux «d'entraver le travail de nos journalistes», Dmitri Peskov avait fini par concéder que «dans cette situation de confrontation houleuse», cela exigeait «la réciprocité».
La veille, auprès de l'agence de presse RIA Novosti, qui figure parmi les médias dans le collimateur de Washington, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait dénoncé une «campagne d’information» ayant «été préparée avec la participation, entre autres, de l'État profond et des services de renseignement américains» à l'approche de la dernière ligne droite de la campagne.
«Nous devons immédiatement dire que cette attaque, ainsi que d'autres attaques menées par les États-Unis avec la participation des plus grandes publications occidentales grand public contre les médias russes, sont le résultat d'opérations soigneusement réfléchies au sein des services de renseignement visant à «stériliser» l'information nationale et, à l’avenir, mondiale contre toute forme de dissidence», avait également déclaré la diplomate russe.
Le 4 septembre, les autorités américaines ont dévoilé une série de mesures, incluant des poursuites pénales et des sanctions, afin de répondre à une prétendue «tentative d'ingérence» russe dans les élections présidentielles.
Le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a annoncé deux actions distinctes de ses services : la saisie de 32 noms de domaine «que le gouvernement russe et des acteurs parrainés par la Russie ont utilisés pour mener une campagne secrète visant à interférer et à influencer le résultat des élections de notre pays», ainsi que des poursuites contre deux responsables de RT.
«Nous alléguons que, dans le cadre de cet effort, RT et ses employés [...] ont mis en œuvre un plan de près de 10 millions de dollars pour financer et diriger une société basée au Tennessee, afin de publier et de diffuser du contenu jugé favorable au gouvernement russe», a-t-il déclaré.
Parallèlement, le département du Trésor avait annoncé des sanctions à l’encontre de «dix personnes et deux entités» prétextant une «réponse […] aux efforts d’influence malveillante de Moscou visant l’élection présidentielle américaine de 2024», brandissant notamment la menace de sanctions secondaires à l’encontre de toute personne ou institutions «qui effectuent certaines transactions ou activités» avec les personnes visées. Parmi les dix personnes visées figurent six responsables de RT, dont la rédactrice en chef Margarita Simonian et les deux personnes inculpées.
Présentée dans les médias américains comme la «reine des médias de Poutine», Margarita Simonian, également rédactrice en chef du groupe de médias Rossia Segodnia, a, sur le ton de l’ironie, enjoint sur Telegram les «camarades bourgeois» à arrêter de nourrir sa «vanité».
L’imminence de l’annonce de sanctions avait fuité sur CNN, qui avait contacté RT concernant ces accusations de Washington. Des allégations qu’avait raillé notre service de presse, évoquant notamment «le retour des clichés éculés de 2016».