Les 28 skippers de la New York Vendée ne sont pas à la fête. On attendait un bel exercice préparatoire au Vendée Globe. Mais il n’en est rien. Depuis le départ, les conditions météos sont très instables.
Des conditions orageuses dont a notamment fait les frais Manuel Cousin. Le skipper de Coup de pouce a en effet été touché par la foudre la nuit dernière, ce qui a eu pour effet d’endommager ses instruments aériens. Si les choses s’améliorent petit à petit pour les concurrents de tête, elles demeurent cependant moins fluides dans la réalité que sur le papier. Le fameux flux de sud sud-est récupéré à la sortie du front hier soir, n’est, pour l’heure, pas encore aussi régulier qu’espéré. La vigilance reste donc le maître-mot à tous les étages.
« On est toujours dans une situation éprouvante pour tout le monde. Une situation qui n’est pas en phase avec modèles et les prévisions météo. On le voit bien sur les vidéos, les visages des uns et des autres sont tirés, cernés. Pour la majorité des concurrents, le front reste compliqué à aller chercher. Ils doivent enchaîner les manœuvres et être constamment sur les réglages car sur zone le vent passe de 5 à 25 nœuds. Il y a des orages et parfois même des trombes marines. Cela impose une grande vigilance », a commenté Greg Boyer-Gibaud, adjoint à la Direction de course. De fait, sur l’eau, l’instabilité est à la fois omniprésente et importante. Tant et si bien que le mât de Coup de pouce a été touché par la foudre, aux environs de 23h30, la nuit dernière. Son skipper, Manuel Cousin, se trouve ainsi désormais privé de ses instruments aériens et, par ricochet, de ses deux pilotes – le principal et le secondaire. Il se démène actuellement pour évaluer au plus juste les dégâts occasionnés, et trouver des solutions pour réparer.
UN VRAI DÉCALAGE ENTRE LES FICHIERS ET LA RÉALITÉ
« Deux groupes sont bien distincts même si Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family) et Louis Burton (Bureau Vallée) font un peu le trait-d’union entre les deux. Le premier a encore quelques heures à tirer avant de retrouver des conditions plus stables. Le second ne va pas être sorti d’affaire tout de suite, ce qui veut dire que les organismes vont devoir continuer d’encaisser », a ajouté Greg avec une certaine prudence toutefois. Et pour cause, il le sait, il y a une vraie dissonance entre ce que prévoient les modèles et ce qui se passe concrètement en mer. Chose qu’a confirmée Charlie Dalin, le skipper de MACIF Santé Prévoyance, tôt ce matin : « j’avoue que je m’arrache un peu les cheveux avec la météo parce que ça ne correspond à rien de rien. D’un fichier à l’autre, tout change. Les systèmes ne sont pas là où ils sont censés être. Je n’ai jamais vu des prévisions aussi à la rue ! ». Lui est pourtant supposé être sorti depuis hier soir du front stationnaire qui focalise toutes les attentions en ce moment. Force est de constater que tout n’est effectivement pas si simple, ni pour lui, ni pour les autres leaders qui ont pourtant récupéré le fameux flux de sud sud-est qu’ils attendaient avec impatience. « Il y quelques secondes j’avais 12 nœuds de vent et là c’est remonté à 20. Du coup, je viens de passer de 10 à 27 nœuds. C’est vraiment la pagaille sur l’Atlantique ! », a ajouté le Havrais dont les vitesses continuent, dans l’immédiat, de faire le yo-yo.
« LE MONDE À L’ENVERS »
« Normalement, je dis bien normalement car on ne sait jamais, on va avoir 24 heures de vent plutôt fort puisqu’on attend jusqu’à 35 nœuds », a détaillé Charlie qui se dispute actuellement la première place avec Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) décalé près d’une cinquantaine de milles dans son nord, et qui a, par ailleurs, réussi à distancer Nicolas Lunven (Holcim – PRB) d’une quinzaine de milles cette nuit. « Le franchissement du talweg a été compliqué. Je pense que j’ai fait un peu trop de nord et que j’aurais pu mieux faire », a relaté Charlie. De fait, derrière lui, les écarts se sont un peu resserrés avec certains concurrents positionnés un peu plus au sud, à commencer par Sébastien Simon (Groupe Dutreuil), plutôt bien inspiré. « La route est encore longue jusqu’aux Sables d’Olonne et elle reste compliquée. Ce n’est pas facile de savoir par où on va passer et à quelle sauce on va être mangé, à court ou à long terme. On est parti pour faire du près jusqu’au bout. C’est le monde à l’envers ! ». Manifestement.