Sur BFMTV, François Hollande reproche à Emmanuel Macron de « n’avoir pas tenu sa place ». Je ne suis pas sûr que lui-même l’ait fait en s’acoquinant avec un Nouveau Front Populaire (NFP) dominé par La France Insoumise, elle-même largement sous la coupe de Jean-Luc Mélenchon dont il avait sans cesse dénoncé la nuisance. Nous avons perdu nos dernières illusions sur l’ancien président. Interrogeons-nous sur la décision de l’actuel de dissoudre l’Assemblée nationale et sur les raisons profondes qui l’ont inspiré.
J’ai déjà évoqué le caractère ludique de la complicité unissant un petit cercle ne prenant pas la politique au tragique. Surtout quand elle l’est ou risque de l’être. Le psychanalyste Jean-Pierre Winter nous fournit une autre clé de ce comportement, qui relève de la seule personnalité et responsabilité du président de la République. L’homme public comme l’individu privé seraient, dans l’ensemble de leur histoire, aussi bien dans les choix intimes que dans les options politiques, épris de transgression. Cette volonté permanente de surprendre est facilement vérifiable et a conduit Emmanuel Macron d’une part à fuir l’ordinaire au bénéfice de l’inattendu, jusqu’à l’incongru, et d’autre part à considérer que ce qui surgit de son esprit et de ses desseins les plus secrets est forcément frappé du sceau de l’exceptionnel. Tout ce qui est normal, comme l’expression d’une opinion et d’un bon sens partagés par beaucoup, lui est radicalement étranger. J’étonne et je déroute donc je suis.
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Ainsi cette dissolution survenant comme un bouleversement absolu sur tous les plans et tétanisant même ses soutiens les plus inconditionnels, a-t-elle procuré à Emmanuel Macron ce dont il raffole le plus : stupéfier son entourage, reprendre la main fût-ce par une absurdité tactique. En jouissant de la volupté de son décret solitaire, impérieux et évidemment transgressif.
Il est en effet choquant que la décision de dissoudre, qui imposait au président, pour être prise valablement, une consultation du Premier ministre, du président du Sénat et de la présidente de l’Assemblée nationale, ait été édictée par Emmanuel Macron, Gabriel Attal ayant été laissé de côté, après une information précipitée et de pure forme sans que la moindre contradiction ait pu lui être proposée. La suite a démontré que ces hautes autorités ont très mal vécu cet épisode de totale désinvolture. Gérard Larcher a reproché au président de « ratatiner la démocratie ». Le Conseil constitutionnel a été saisi d’un recours visant cette entorse à l’article 12 de la Constitution. Il a considéré qu’il n’avait pas compétence pour l’apprécier.
Ces dispositions psychologiques et cette légèreté constitutionnelle sont l’une des explications du climat actuel. Avec ce président mal aimé, peut-être comme aucun avant lui.
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