La guerre civile ? Emmanuel Macron la promet s’il perd son pari, insensé, d’un « sursaut » autour de sa personne à l’issue des législatives. Dans un podcast du 21 juin pour le site « Génération do it yourself », le président prévient qu’une victoire du Nouveau Front Populaire ou du RN-Ciotti (LR), le 7 juillet, « mènerait à la guerre civile ».
Quand, en 2016, j’ai publié La guerre civile qui vient chez mon ami aujourd’hui disparu Pierre-Guillaume de Roux, j’ai eu droit aux haussements d’épaule des médias et autres professionnels du déni. Aujourd’hui, j’écrirais le même livre avec les mêmes mots. J’y ajouterais toutefois un chapitre sur le pyromane arrivé à l’Élysée en 2017.
En effet, l’accélération des fractures nationales lui doit beaucoup. Pour avoir théorisé dès son premier mandat l’affrontement entre progressisme et populisme, le chef de l’État a attisé les tensions avec le peuple ordinaire, sommé de se taire et de disparaître. A l’époque j’écrivais, bien avant la révolte des gilets jaunes[1] : « (…) Macron, qui ne peut réprimer le mépris que lui inspire la France reléguée dans les périphéries, fait tout pour l’exacerber. À moins qu’il ne se corrige rapidement, son règne finira en cauchemar ». On y est. Mardi, sur Europe 1, Gérald Darmanin a enfin déclaré : « Écoutons notre peuple qui souffre. L’élite a fait sécession. Les gens qui dirigent n’habitent plus parmi le peuple ». Admettons la sincérité de l’aveu tardif. Il n’est néanmoins pas celui du président, qui persiste à jouer avec les peurs pour s’accrocher au pouvoir. Après avoir divisé les gens entre déracinés et enracinés, ceux « qui ne sont rien » et ceux qui savent tout, vaccinés au QRCode et parias non vaccinés, le voici qui ose se poser en rassembleur, en s’exonérant des déchirures françaises. Or si la guerre civile déboule demain, menée par ceux qui refuseraient le verdict des urnes, elle viendrait de sa « société ouverte » appuyée par la gauche islamophile.
A dire vrai, Macron n’est pas le seul incendiaire. Même la gauche prétendument modérée continue à déverser ses bidons d’essence sur la cohésion nationale en insultant les électeurs excédés qui se tournent vers la droite nationale. Dans Le Monde du 24 juin, Laurent Berger (ex-CFDT) déclare, en justification de son appui au Front de la honte : « Je crois que, progressivement, le RN veut nous faire glisser vers une société totalitaire ». Il avait brandi cette même menace d’un totalitarisme fantasmé pour accabler la révolte des gilets jaunes, cette classe moyenne occultée, coupable aux yeux des « élites » de relever la tête du fond des provinces oubliées.
Ma détestation de tout système totalitaire m’en fait volontiers déceler les signes précurseurs dans les discours et les mouvements.
Je ne les vois pas dans ce réveil démocratique, mené par un peuple calomnié qui semble déterminé à reprendre son destin en main. Le couple Bardella-Ciotti ne parait pas enclin au sectarisme ni au despotisme. En revanche le front de la gauche, rejoint par Berger et une palanquée de « consciences » (intellectuels, magistrats, enseignants, journalistes, ONG, etc.) appelant à la désobéissance civile en cas de victoire du RN, est bel et bien traversé par des courants violents, sectaires et antisémites qui vont craindre une dérive totalitaire et une « insurrection d’atmosphère ». Ce sont eux qui portent la guerre en France.
[1] Macron : la grande mascarade (L’Artilleur)
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