Causeur. La liste de Marion Maréchal est aujourd’hui donnée par les sondeurs autour de 5 ou 6%. La situation du parti fait penser à ces équipes sportives qui jouent leur maintien en première division à un ou deux points près… Aujourd’hui, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Est-ce que la peur du fiasco est là ?
Guillaume Peltier. Ça fait 25 ans que je suis engagé en politique, et s’il y a bien une règle éternelle, c’est que les suffrages comptent plus que les sondages ; et le nombre de journalistes – souvent de gauche d’ailleurs – qui se sont totalement plantés en pensant remplacer le peuple, je les invite à faire preuve d’humilité.
Pour le reste, s’il y a des sondages à 5, d’autres nous donnent déjà à 8%. Je dis donc aux Français : dimanche soir, il sera trop tard. Vous avez l’occasion historique d’envoyer Marion Maréchal et des élus qui peuvent faire basculer l’Europe à droite, battre Ursula von der Leyen, supprimer les financements pour les associations islamistes et LGBT. Il ne faudra pas venir se plaindre le lundi 10 juin au matin si ça n’est pas le cas. Depuis des mois, jour et nuit, sept jours sur sept, nous sillonnons la France pour éclairer nos compatriotes et leur proposer ce chemin. C’est à eux de choisir désormais.
Durant votre campagne, deux personnalités se sont détachées : Marion Maréchal, que l’on connait depuis un petit moment, mais aussi Sarah Knafo. Pourtant numéro 2 de la liste, n’avez-vous pas été un peu dans l’ombre ?
Nous sommes très heureux de pouvoir additionner plein de talents ; c’est toute la force de Reconquête ! Avec Marion Maréchal, nous avons l’une des femmes politiques les plus connues et les plus populaires de France, qui n’a jamais trahi ses convictions, qui incarne la droiture, le sérieux, la force ; et c’est une immense chance. Nicolas Bay, qui est sans doute le député français au Parlement européen le plus assidu et le plus compétent, nous a permis de bâtir le groupe des conservateurs, avec Giorgia Meloni et demain Viktor Orban. Tous les conservateurs d’Europe sont avec nous, ce qui est là aussi une immense chance. Nous avons bien sûr Sarah, qui a été la fondatrice de l’épopée présidentielle d’Eric Zemmour. Nous avons Stanislas Rigault, qui est le jeune talent que tout le monde a découvert en 2022. Nous avons enfin Laurence Trochu, qui est la présidente fidèle et loyale du Parti conservateur. Moi, je suis très heureux de faire partie de cette équipe, et en vérité, comme disait Jeanne d’Arc : « Plus il y aura de combattants pour la France réunis au même endroit, mieux ce sera pour notre pays ». On a toujours besoin de talents supplémentaires.
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Et vous-même, comment avez-vous traversé la campagne ?
J’ai fait des dizaines et des dizaines de réunions publiques, des milliers et des milliers de kilomètres. Dans ma vie, je me suis présenté à une quinzaine d’élections ; j’ai beaucoup perdu au début. Désormais, je les gagne parce que les Français ont vu la constance, la cohérence et le courage. Beaucoup d’autres seraient restés chez Valérie Pécresse, plutôt que de rejoindre Eric Zemmour. Moi, en décembre 2021, j’ai décidé d’abandonner une place et une carrière confortables, pour le courage des convictions. Et donc je suis très heureux de défendre ces convictions au sein de cette nouvelle équipe.
Pourtant, il y a quelques semaines, François-Xavier Bellamy nous rappelait qu’en 2019, vous lui aviez reproché sa ligne conservatrice et chrétienne, et que vous prôniez à cette époque des alliances avec les écologistes, sur le modèle autrichien… Comment devient-on alors cinq ans plus tard numéro 2 de Reconquête ?
Tout cela est un peu caricatural. Que M. Bellamy se regarde le nombril plutôt que de critiquer ainsi l’adversaire… Je rappelle que M. Bellamy et les Républicains sont les alliés de Mme Von der Leyen à Bruxelles depuis cinq ans, qu’ils siègent dans le même groupe, que M. Bellamy a voté pour la commission européenne et Mme von der Leyen. Je rappelle aussi que M. Bellamy et ses amis préparent une alliance avec Emmanuel Macron, avec M. Larcher, avec M. Barnier au lendemain des élections européennes. Je rappelle que ses colistiers sont pour la régularisation des sans-papiers, pour la GPA, tant d’autres choses, et même avec beaucoup de complicité avec l’islamisme. Donc qu’il garde ses leçons de morale ! Moi, j’ai toujours servi une droite forte, j’ai servi Philippe de Villiers, Nicolas Sarkozy et Eric Zemmour. Premièrement, tout le monde a compris que je n’étais ni centriste, ni de gauche. Deuxièmement, quand j’évoquais l’écologie, oui, je m’inspirais de M. Kurtz, le Premier ministre autrichien qui a eu l’intelligence de lier la question migratoire et islamique avec la nécessité de se réconcilier avec le patriotisme économique et la production locale pour nos paysans, au nom d’une écologie positive et non pas punitive ; et donc je ne vois absolument pas en quoi c’est contradictoire avec mes convictions… Quant au christianisme, je n’ai jamais reproché à qui que ce soit d’être chrétien : je suis moi-même chrétien et fier de l’être. Avec « Reconquête », nous sommes le seul parti à vouloir inscrire les racines chrétiennes dans les traités européens, à l’inverse des Républicains qui appartiennent, je le rappelle, au parti de Jacques Chirac, lequel avait refusé d’inscrire les racines chrétiennes dans la Constitution européenne. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas eu le courage de quitter Valérie Pécresse pour rejoindre Eric Zemmour qu’il faut que M. Bellamy donne des leçons de morale à ceux qui l’ont eu, ce courage.
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Lors du débat sur CNews, Mme Maréchal a peut-être tapé un peu fort sur M. Bellamy… Et Mme Knafo n’a pas ménagé de son côté M. Bardella et sa liste dans diverses interviews, notamment dans les colonnes de Causeur. Mais franchement, est-ce une si bonne idée de s’en prendre à de futurs possibles alliés ?
Vous savez, la politique, c’est très simple. Qui sont nos ennemis ? C’est la gauche, ce sont les médias de gauche, ce sont les islamo-gauchistes. Ensuite, on a des concurrents. Vous avez bien aussi des concurrents dans votre journal, chez Causeur ? Eh bien, nous avons des concurrents, à Reconquête. Si nous, nous n’avons pas l’honnêteté d’éclairer nos électeurs en rappelant par exemple que le Rassemblement national est un parti socialiste sur le plan économique, où en rappelant toutes les lâchetés et les trahisons des LR, qui le fera ? On n’attaque pas M. Bellamy ou M. Bardella personnellement, on pointe nos différences politiques. Ensuite, c’est aux électeurs de choisir. Quand Jean-Luc Mélenchon fonde la Nupes, quand François Mitterrand fonde l’union de la gauche, il y a plusieurs partis très différents, concurrents, qui expliquent leurs différences et qui sont ensuite capables de se réconcilier sur l’essentiel. Eh bien c’est notre cas également ; nous partageons un grand nombre de convictions et c’est aux électeurs de choisir. Est-ce qu’ils préfèrent un parti qui est le seul à dire que l’islam n’est pas compatible avec la France, qui est le seul à dire que l’assistanat est un drame pour nos travailleurs, qui est le seul à s’en prendre aux activistes LGBT ou transgenres ? Ça, c’est Reconquête. Et s’ils ont d’autres sensibilités, ils peuvent choisir d’autres partis. En tout cas, nous, on a une colonne vertébrale extrêmement claire, très solide et je pense que ça ferait du bien à la droite française d’avoir au Parlement européen des parlementaires comme Sarah, Nicolas, Stanislas, Marion ou moi, capables d’être des vigies parmi les vigies et de pointer les lâchetés des uns et les compromissions des autres.
Guillaume Peltier et le réarmement démographique Notre contributeur Frédéric Magellan ressort enthousiaste de la réunion de « Reconquête » malouine. Il restime que le n°2 de la liste du parti aux élections européennes a été injustement vilipendé après ses propos sur les responsables politiques sans enfant. « Degré zéro à la fois de l’intelligence et de l’honnêteté ». C’est ainsi que ma chère consœur, Céline Pina, avait qualifié des propos tenus par Guillaume Peltier, sur CNews début février. Selon l’ancien député UMP, Marion Maréchal, qui conduit la liste « Reconquête ! », serait plus légitime que ses concurrents directs, Jordan Bardella (RN) et François-Xavier Bellamy (LR). « Avoir des enfants est un message politique (…) c’est la garantie de sérieux, de concret par rapport au présent, par rapport à l’avenir. C’est la certitude que la valeur de transmission va l’emporter sur la valeur de l’ambition ». La sortie peut paraître provocatrice ; à y regarder de plus près, elle n’est pas si indéfendable. Oh ! bien sûr, on trouve dans l’histoire des exemples de grands hommes célibataires et sans enfants, comme le montrait Céline Pina à la fin de sa démonstration. Les moines de Cluny et de Cîteaux, dont la participation à l’effort démographique fut proche de zéro, ont contribué, en défrichant les marécages et en construisant des moulins, des routes et des marchés, à l’essor de la Bourgogne puis de l’Occident tout entier. Mais on ne peut cependant s’empêcher de repenser à Charles Péguy, qui écrivait, dans Victor-Marie, comte Hugo, que le père de famille était le seul vrai aventurier de l’époque, et qu’en comparaison, les autres aventuriers n’en sont pas, et que la vie de famille n’était pas un retrait du monde mais au contraire un engagement dans le monde. Plus prosaïquement, en défendant les femmes en politique, Marine Le Pen, face à Karine Le Marchand en 2016, avait de son côté surtout fait l’éloge de la mère de famille : « Une femme ne peut pas s’extraire de la réalité, du quotidien. Les hommes politiques, à un certain niveau, c’est un petit peu comme ceux qui font de la musique à un très haut niveau ou du sport à un très haut niveau. Vous ne vivez plus que pour ça. A un moment donné, il n’y a plus de réalité. Quand on est une femme, on est toujours ramenée à la réalité du quotidien. Tout ça c’est bien gentil, mais il faut aller acheter la paire de tennis du petit, il faut aller signer le bulletin de notes! C’est donc une chance, on ne peut pas partir dans cet espèce de ballon qui s’envole dans la stratosphère, et où l’on n’a plus aucune conscience de la réalité du quotidien ». Quant à Charles de Gaulle, il a pu dire, à propos de sa fille Anne, trisomique, morte à vingt ans : « Sans Anne, peut-être n’aurais-je jamais fait ce que j’ai fait. Elle m’a donné le cœur et l’inspiration ». Alors, les chefs d’Etat, les politiques célibataires… Comme dirait Brice Hortefeux : un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup que ça commence à poser un problème. En 2019, l’Europe était presque entièrement gouvernée par des personnes sans enfant : Emmanuel Macron, mais aussi Angela Merkel, Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission, Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg, Stefan Löfven, Premier ministre de la Suède et Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas. A un ce point, cela fait un système. Que sont ces décideurs sans descendance ? Après moi, le déluge ? Le principe héréditaire de l’ancienne monarchie avait ce mérite : certes, on a eu un roi fou, d’autres libidineux ou bedonnants, mais bon an mal an, ils se débrouillaient pour laisser une situation politique pas trop pourrie à leur descendant. Alors, non, Guillaume Peltier, vous qui avez déclaré : « Je suis Français et patriote. Je suis même un homme et un père. Je suis blanc, je suis chrétien, je suis hétérosexuel », vos propos ne sont pas le degré zéro de l’honnêteté ! • FM |
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