Добавить новость

Производитель фасадов расширит производство в Клину

Стало известно о миллионных убытках бизнеса внука Пугачевой

Особенные дети из Курска и ЛНР станут участниками фестиваля «Золотая Осень»

«Спираль насилия»: Лавров в ООН призвал остановить кровопролитие на Ближнем Востоке





Новости сегодня

Новости от TheMoneytizer

La Montagne magique

Comment Frédéric Beigbeder est devenu un surhomme

Le « centre médical de bien-être Viva Mayr » est situé sur les bords du lac de Wörth en Autriche. Dans ses mémoires, Keith Richards affirme qu’il n’a, contrairement à la rumeur, jamais effectué d’auto­transfusion sanguine dans cette clinique. Mais ma curiosité est plus forte que la vérité. D’autant plus que cet institut est aussi – à en croire le Web – le lieu de « détox » préféré de Vladimir Poutine, Sarah Ferguson, Alber Elbaz et Uma Thurman. Si je recopie ces noms propres, ce n’est pas tant par goût du name-dropping que pour souligner le fait que cet endroit est unanimement considéré comme le meilleur centre de détox au monde. Si un établissement jet-set peut me nettoyer le sang, le foie et les intestins, cela mérite d’être essayé. De Paris aux montagnes de la Carinthie, il n’y a que deux avions à prendre : Paris-Vienne et Vienne-Klagenfurt. À l’arrivée, l’hôtel comprend une piscine, un lac, le soleil, la montagne et des massages des pieds.

C’est un établissement de cure ultra­moderne au bord d’un lac bleu, une sorte de brique de Lego blanche. Un sosie de Claudia Schiffer me tend la carte magnétique de ma chambre. Le panorama, spectaculaire, ressemble à une affiche punaisée sur le mur d’une agence de voyages slovène. La spécialité de la clinique Viva Mayr se nomme la « digital detox », sa raison d’être, la régénération des membres de l’upper class occidentale. Les ordinateurs et les téléphones portables y sont fortement déconseillés et le Wi-Fi installé uniquement sur demande. Le programme des festivités est terrifiant :

– détox digestive (l’établissement sert uniquement des légumes) ;
– purge par ingestion de sel d’Epsom (selles fulgurantes) ;
– diverses thérapies régénératrices (lavements du côlon, massages lymphatiques, stimulation électromusculaire) ;
– séances de respiration d’oxygène (« Interval-Hypoxy-­­Hyper­­oxy-Training »), comme chez Michael Jackson ;
– thérapies nasales aux huiles essentielles ;
– les passages obligés de tous les hôtels cinq étoiles : fitness, shiatsu, spa, yoga, sauna, hammam ;
– et enfin la fameuse « Laserlight-Intravenous-Injection-Blood-Therapy ».


Culpabilité à 1 000 euros par jour
À peine entré dans la salle à manger, où des patients obèses mastiquent silencieusement en peignoir de bain, je ­comprends­ mon erreur. Le réfectoire design sent la carotte fade, le céleri mou, le navet chiant et la purée de pois chiche. J’adore le houmous, mais de là à habiter dedans... De temps en temps, un client se précipite aux toilettes. Le directeur nous explique qu’il faut mâcher quarante fois chaque bouchée avant de l’avaler. C’est la grande découverte du fondateur de la clinique : nous mangeons trop vite, trop gras, trop tard et trop souvent. Tout semble organisé pour culpabiliser au maximum les riches consommateurs en savates éponge. Je suis entouré d’individus ruminants et solitaires qui regardent tristement le ponton menant vers le lac. La post-humanité sera-t-elle bovine  ?

On m’apporte un burger de tofu avec du pain rassis d’épeautre et des légumes cuits au wok. N’est-il pas tout de même paradoxal que ces endroits conçus pour ne pas mourir donnent autant envie de se suicider  ? Je considère cette diète comme un défi de télé-réalité, une nouvelle saison de Je suis une célébrité, sortez-moi de là  !  Je m’endors dans un fauteuil-bulle relaxant, avec luminosité tamisée et bruit de vagues. Viva Mayr propose un bonheur simple, à la portée de toutes les bourses prêtes à dépenser mille euros par jour.

Mon attirance pour les sanatoriums doit être génétique. Je descends d’une famille de médecins qui, au début du XXe siècle, a créé une dizaine d’établissements de cure dans le Béarn. Dans mon enfance, mon grand-père m’a raconté qu’entre les deux guerres, les tuberculeux dînaient en smoking et les femmes en robe longue, au son d’un quatuor de musique de chambre, en admirant le crépuscule sur les Pyrénées. Désormais, les curistes maigrissent dans des peignoirs de serviette-éponge et glissent du sauna à la piscine sur des pantoufles en tissu. La Montagne magique est loin. J’ai pitié de tous ces corps inusités qui se privent de nourriture en espérant remonter dans l’échelle du sex-appeal. Comment voulez-vous être désirable en peignoir et claquettes  ? Ne comprennent-ils pas que leur vie sexuelle est terminée  ?

Le lendemain, on me fait passer toute une batterie de tests d’allergies : une doctoresse chaussée de sandales Birkenstock verse différentes poudres sur ma langue tout en mesurant mes réflexes musculaires. Avec l’accent d’Arnold Schwarzenegger, elle m’explique que je suis intolérant à l’histamine, une substance qu’on trouve dans le vin vieux et le fromage qui pue. La vie est mal fichue : me voilà donc réfractaire à mes deux aliments favoris. Ensuite, elle trempe mes pieds dans un bain de sel muni d’une électrolyse bouillonnante. Au bout de cinq minutes, l’eau devient marron. Dans l’Évangile, Jésus lave les pieds des gens pour les purifier. La clinique détox ne fait qu’actualiser sa méthode. L’opération est supposée me débarrasser de mes toxines, mais je me sens sali.

La dame dit « ja, ja » après chaque phrase. Elle joue aux devinettes en me massant le ventre : « Ne me dites pas ce que vous avez, je vais le découvrir. » Elle saupoudre encore ma langue avec toutes sortes de poudres immondes : du jaune d’œuf séché, du fromage de chèvre, du lactose, du fructose, de la farine... puis prend ma tension. « Bien. Vous avez le foie gras et de l’hyper­ten­sion. Je vais vous prescrire du zinc, du sélénium, du magnésium et de la glutamine. »

Trois cygnes bronzent sur la pelouse, sous la surveillance des sapins noirs. Les nuages glissent à la surface du lac. Je crève la dalle et je me rue fréquemment aux toilettes à cause du sel d’Epsom (une sorte de vidange pour humains, épargnons les détails), mais je me sens malgré tout confiant en mon avenir purifié. Les épinards sont mon seul aliment du jour. La diète augmente la durée de vie... mais surtout la faim.

Le troisième jour, c’est courgettes et carottes. Je les mâche lentement en songeant à l’énorme côte de bœuf de la taverne Gandarias à Saint-Sébastien, qui, en saison, est accompagnée de cèpes sautés à l’ail et au persil. Malgré ces pensées malsaines, je dois admettre qu’au bout d’un temps, la faim se calme ; le ventre cesse de souffrir ; on se sent léger. Le jeûne fait planer. Toutes les religions prévoient une diète annuelle : le carême, le ramadan, Yom Kippour, même Gandhi l’hindouiste faisait la grève de la faim. Le jeûne rend jeune. Chez Viva Mayr, on le nomme « Time Restricted Feeding » (TRF). La famine intermittente brûle les réserves de glucides et déclenche l’autophagie (on élimine les graisses) et la régénérescence des cellules, ce qui allonge l’espérance de vie. Je suis fier d’être un quinquagénaire volontairement victime de malnutrition.


Réveillé par le sabre de Luke Skywalker
L’heure de la purification sanguine a sonné. Je croyais qu’une pompe aspirait le sang du patient pour le faire circuler dans une machine à laver avant de le réinjecter dans les artères. Telle n’est pas exactement la méthode de l’« Intra­venous-Laser-Therapy ». Ce n’est pas non plus une simple ozono­thérapie comme au Palace Merano chez Henri Chenot – ça, c’est l’ancienne école  ! La veille, on m’a prélevé du sang pour savoir s’il manquait d’antioxydants ou de sels minéraux. Une fois le résultat connu, on m’allonge sur un lit-fauteuil et on me plante dans le bras une perfusion de vitamines censées détoxifier mon foie. Il ne s’agit pas d’une transfusion sanguine mais d’un sac de produits reliés à ma veine. L’originalité est qu’ici, les médecins autrichiens ajoutent un rayon laser dans l’intraveineuse afin d’injecter de la lumière dans ma veine par fibre optique. L’effet de cette thérapie est reconnu en Allemagne, en Autriche et en Russie mais pas en France. Je rappelle qu’un rayon laser est capable de découper du diamant ou de l’acier. Dieu merci, dans mon bras, la puissance du laser est réduite. Selon les « physiciens » de la clinique, mes globules rouges et blancs seront boostés et les cellules-souches réveillées par la lumière du sabre de Luke Skywalker. J’ai confiance car ce n’est pas ma première opération au laser. En 2003, un rayon blanc a supprimé ma myopie en brûlant mes deux rétines.

Durant quarante minutes, je reste allongé avec cette aiguille-laser dans mon bras droit, mon sang éclairé par un rayon rouge : c’est le Studio 54 dans ma veine cubitale médiane. J’imagine les immuno­globulines qui dansent le disco dans mon organisme avec les interférons et les interleukines en guise de paillettes. Je peux voir la lumière rouge briller à travers la peau de mon bras comme une boule à facettes. Je prie pour que cette opération serve à quelque chose : « Ô Seigneur Jésus, merci de mettre la lumière dans mon sang. Ceci est mon sang éclairé pour Vous et pour la multitude, en rémission des péchés, Vous ferez cela en mémoire de moi. Give me the funk, the whole funk and nothing but the funk, amen. »

Ne pouvant bouger le bras droit, je prends des notes avec la main gauche. L’infirmière se moque (en allemand) de mon écriture dégénérée. Deux patientes sous perfusion se racontent leur vie en russe : sûrement des épouses d’oligarques en quête d’un rafraîchissement pendant que leurs maris les trompent avec des prostituées à Courchevel. Le laser émet un petit sifflement de science-fiction et une chaleur diffuse dans mon être. Par la baie vitrée, je contemple une cigogne au regard méprisant, deux cygnes comme des taches de neige sur la pelouse et trois canards qui plongent la tête sous l’eau en me voyant cracher de la lumière. Ces volatiles n’ont pas de « laser-blood », eux. Ils font partie de l’Ancienne Nature. Ils disparaissent sous la surface comme des autruches aquatiques pour ne pas voir l’Apocalypse qui se prépare. Nourrissant mes plaquettes de photons, j’entre dans la Nouvelle Nature.

Si nous étions dans A Cure for Life, je saignerais des yeux et l’on verrait deux rayons laser sortir de ma tête par les orbites. Mais il ne se passe rien d’autre. L’infirmière vient changer ma fibre optique pour introduire un autre laser, de couleur jaune cette fois. Le laser rouge envoie de l’énergie alors que le jaune augmente la vitamine D et la production de sérotonine. C’est comme d’injecter du soleil à l’intérieur de ton bras ; un antidépresseur puissant comme un shoot d’opium pur. En fait, dans ce type de cure revitalisante, on te prive de drogue pour t’en donner d’autres, plus lumineuses. Il est encore plus original de voir une lumière jaune briller sous ma peau. Au moins, le laser rouge était assorti à mon sang. Mon bras est maintenant une lampe halogène, qui éclaire le plafond. À l’ouest, les neiges éternelles dépassent des nuages blancs posés sur la forêt comme le coton hydrophile sur mon sparadrap. J’ignore si c’est la fatigue, la faim ou un quelconque effet placebo, mais mon sang-laser m’emplit d’une force nouvelle. J’aborde les rives de la reconquête. J’entre dans la Jouvence éblouissante. En face de moi, le lac aux reflets irisés commence de se pixelliser. Son miroitement semble stroboscopique ; la vraie vie se métamorphose en images de synthèse. Le monde réel est numérisé. L’eau n’est plus de l’eau mais une accumulation de lignes noires et bleues, le cygne n’est plus un animal blanc mais un demi-cercle mathématiquement programmé. La lumière circule en moi jusqu’au bout des ongles. La réponse est dans la lumière qui est en toi. Brille, scintille, allume-moi aujourd’hui, les lettres de mon ADN, A-T-C-G, sont les chiffres inclus dans l’équation de l’univers : « Ô Laser, éclaire mes globules rouges, qu’ils rosissent telle la rose des vents, et que mes globules blancs prennent feu dans les alvéoles de mon cœur bouillonnant  ! » Ma transsubstantiation en surhomme vient de démarrer.

Une vie sans fin (Grasset), parution le 3  janvier 2018.

Читайте на 123ru.net


Новости 24/7 DirectAdvert - доход для вашего сайта



Частные объявления в Вашем городе, в Вашем регионе и в России



Smi24.net — ежеминутные новости с ежедневным архивом. Только у нас — все главные новости дня без политической цензуры. "123 Новости" — абсолютно все точки зрения, трезвая аналитика, цивилизованные споры и обсуждения без взаимных обвинений и оскорблений. Помните, что не у всех точка зрения совпадает с Вашей. Уважайте мнение других, даже если Вы отстаиваете свой взгляд и свою позицию. Smi24.net — облегчённая версия старейшего обозревателя новостей 123ru.net. Мы не навязываем Вам своё видение, мы даём Вам срез событий дня без цензуры и без купюр. Новости, какие они есть —онлайн с поминутным архивом по всем городам и регионам России, Украины, Белоруссии и Абхазии. Smi24.net — живые новости в живом эфире! Быстрый поиск от Smi24.net — это не только возможность первым узнать, но и преимущество сообщить срочные новости мгновенно на любом языке мира и быть услышанным тут же. В любую минуту Вы можете добавить свою новость - здесь.




Новости от наших партнёров в Вашем городе

Ria.city

Заммэра Москвы Ефимов: в СВАО по КРТ построят жильё, гостиницу и медцентры

Олимпийские ценности: доступное жилье в Иваново сдадут по улучшенному стандарту

Стоит ли отдавать ребенка в частную школу?

Новая глава старой сказки: худрук шоу «Король и Шут» рассказал о союзе симфонической музыки и панк-рока

Музыкальные новости

Желдорреммаш определил лучших работников локомотиворемонтных заводов 2024 года

Яна Рудковская, Ксения Собчак, Seville, Снежана Георгиева и другие гости светской презентации нового клипа Мота

Обзор известных приложений, созданных на iOS

Дистрибьюция Музыки. Дистрибьюция Музыки в России. Дистрибьюция музыки в вк. Яндекс музыка дистрибьюция. Цифровая дистрибьюция музыка. Дистрибьюция музыки под ключ.

Новости России

Олимпийские ценности: доступное жилье в Иваново сдадут по улучшенному стандарту

Певица Натали Орли вернулась к истокам

Синоптик Ильин рассказал о погоде в Москве в начале октября

Канчельскис сравнил Лондон с Москвой: «Британцы хотят сделать его резиновым. Но до нас пока далеко»

Экология в России и мире

Маршрут автопоезда «Остановим ВИЧ в Свердловской области!» в текущем году включает 24 города региона

Певица Натали Орли вернулась к истокам

Азербайджанца-русофоба Амида Юсубова, призывавшего ненависти к русским, приговорили к 3,5 годам заключения

Фестиваль «Чистопрудный Fest» покажет исторические районы Москвы с необычной стороны

Спорт в России и мире

Кудерметова вышла в третий круг турнира WTA 1000 в Пекине

Даниил Медведев обыграл Гаэля Монфиса и вышел во 2-й круг турнира ATP-500 в Пекине

Токио (ATP). 1-й круг. Хуркач сыграет с Гироном, Берреттини – с ван де Зандшульпом

Пекин (ATP). 2-й круг. Котов сыграет с Коболли, Сафиуллин – с Синнером, Медведев – с Маннарино

Moscow.media

Сегодня свой 65-летний юбилей отмечает Заслуженный спасатель Российской Федерации, член Высшего Совета Общероссийской общественной организации "Российский союз спасателей" Литюк Николай Петрович

Hybrid запустил онлайн-академию Hybrid Training Hub

Подведены итоги конкурса «Мы верим твердо в героев спорта»

Black panties











Топ новостей на этот час

Rss.plus






Азербайджанца-русофоба Амида Юсубова, призывавшего ненависти к русским, приговорили к 3,5 годам заключения

Врач Войтко рассказал, можно ли избежать рака простаты

Тренеру из Шатуры Рабиновичу вручили награду «За заслуги перед округом»

Захарова: Обязательства по расследованию теракта на «Севпотоках» не выполняются