Un ex-légionnaire, passible de la réclusion à perpétuité pour le meurtre par étranglement en 2012 de sa compagne qui voulait le quitter, a été condamné jeudi à vingt-cinq ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Hérault qui n'a pas retenu la préméditation.
L'avocat général Alain Guglielmi avait requis trente ans de réclusion contre Mansour Larabi, 38 ans, tenant compte notamment d'un parcours militaire exceptionnel.
Mansour Larabi était accusé d'"assassinat", mais la cour l'a reconnu coupable d'homicide volontaire, sans préméditation. La victime, Adeline Beau, 26 ans,avait été étranglée dans la nuit du 10 au 11 février 2012 à Béziers. Son corps avait été retrouvé dans le gouffre de l'Oeil doux dans l'Aude.
"Pour moi, il n'y a pas d'avenir. Je suis ici pour assumer ce que j'ai fait", a déclaré Mansour Larabi à plusieurs reprises, qualifiant son crime d'"odieux" et demandant pardon à la fille de sa victime et à sa famille.
"Vous n'avez pas admis qu'elle vous échappe", a lancé l'avocat général. "Votre geste est particulièrement inexcusable. Vous avez ôté la vie à une jeune mère rayonnante, vous avez fait une orpheline." La victime était mère d'une fillette qui a aujourd'hui six ans.
Adeline Beau, que M. Larabi avait rencontrée via internet, a été décrite par son entourage comme "la joie de vivre incarnée". Passionnée de pâtisserie, elle avait quitté son village à 16 ans pour entrer en apprentissage au George V à Paris.
"Un peu perdue" après une rupture sentimentale avec le père de son enfant, elle souhaitait après cinq mois de vie commune avec Mansour Larabi que ce dernier quitte son appartement et sa vie. Elle le décrivait comme "un boulet" et cherchait à rencontrer d'autres hommes via internet.
Né en Algérie, venu en France à trois mois dans le cadre du regroupement d'une famille modeste, "convenable" et "sereine", comme il l'a décrite lui-même, Mansour Larabi s'était engagé dans l'infanterie, puis six ans après dans la Légion pour quatre ans, accomplissant de nombreuses missions à haut risque à l'étranger.
En 2004, il était officiellement félicité pour avoir sauvé d'un incendie, seul, au péril de sa vie, des civils afghans sur les hauteurs de Kaboul.
- 'Possession, jalousie, colère, haine' -
Lors de sa dernière mission, en 2010 dans la région de la Kapisa, en Afghanistan, sa trajectoire se brise en même temps que celle d'un camarade démineur de 20 ans, resté tétraplégique. Cet évènement et des brimades de sa hiérarchie le conduisent à des arrêts maladie à répétition pour dépression.
Me Alain Armandet, pour les parties civiles, a décrit l'ancien légionnaire comme un "obsessionnel de la maîtrise des gens et des choses".
"Ne venez pas nous parler d'amour !", s'est-il exclamé au nom des parents d'Adeline, de son frère, de sa fille et du père de sa fille. Il n'a été question dans cet assassinat que de "passions viles, la possession, la jalousie, la colère, la haine, la volonté de détruire", a lancé l'avocat, insistant sur "l'asphyxie interminable" de la jeune femme, "alors que sa fillette dormait dans la pièce voisine".
L'ex-légionnaire a ensuite "martyrisé" ce "petit corps de femme-enfant" en le ligotant "pour le faire entrer dans un sac de 88 centimètres" et "l'a balancé dans le vide" sur 40 mètres de falaise et par plus de 10 mètres de profondeur d'eau, a poursuivi Me Armandet.
L'ex-légionnaire avait été retrouvé ivre et ayant absorbé des médicaments dans un hôtel de Narbonne (Aude) le 14 février 2012, jour de la Saint-Valentin.
Face aux convictions des enquêteurs sur une forme de "mise en scène", Me Luc Abratkiewicz, le défenseur de l'accusé, a dénoncé dans les termes les plus vifs un "acharnement judiciaire consternant" contre son client.
Le ténor du barreau montpelliérain a martelé: "C'est un crime passionnel. Il n'y a pas de préméditation." La cour l'a suivi.