La Chine multiplie les provocations autour de Taïwan
Comme un volcan crachant sa lave à intervalles réguliers, une des zones les plus chaudes de la planète sur le plan géopolitique a connu ce lundi un regain de tension. Pékin a lancé lundi des manœuvres militaires simulant le blocus des ports de Taïwan, qui a déployé ses propres forces en riposte.
L’armée chinoise « utilise des destroyers, des frégates, des chasseurs, des bombardiers et des drones » dans le cadre de ces exercices, qui comprennent « des tirs à munitions réelles sur des cibles maritimes », a déclaré le commandement militaire chinois. Taïwan a annoncé avoir détecté 89 avions militaires, ainsi que 28 navires de guerre et des garde-côtes chinois, à proximité de son territoire. Il s’agit du nombre le plus élevé d’avions chinois signalés en une seule journée depuis le 15 octobre 2024. Surtout, le ministère taïwanais de la Défense a en outre fait état d’une formation de navires d’assaut amphibie chinois opérant dans le Pacifique occidental, sans préciser où exactement.
La Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire, bien qu’elle n’y ait exercé pleinement sa souveraineté que de 1683 à 1895 (auparavant l’île était possession néerlandaise, puis espagnole, ensuite elle fut sous la tutelle du Japon jusqu’en 1945) et menace de recourir à la force militaire pour s’en emparer.
Cette démonstration de force à grande échelle intervient également après des semaines de disputes diplomatiques entre Pékin et Tokyo au sujet de Taïwan, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi ayant laissé entendre en novembre que son pays pourrait intervenir militairement en cas d’attaque contre cette île. Une déclaration qui a suscité l’ire de la Chine. Les précédentes manœuvres ayant impliqué des tirs réels autour de Taïwan remontaient à avril.
Le scénario d’une invasion de l’île à l’horizon 2030-2040, voire dès l’été 2027 pour le centenaire de l’armée de Pékin, malgré la difficulté de la tâche puisque les navires d’assauts chinois devraient parcourir 180 km sous le feu des Taïwanais, paraît hautement probable aux analystes spécialistes de la région. Une telle invasion, quoique opérée à près de 10.000 km de Paris, aurait des conséquences majeures. Pas seulement parce que Taïwan concentre la moitié de la production mondiale de micro-processeurs, mais aussi parce qu’elle risquerait de provoquer une déflagration majeure, voire mondiale ; les Etats-Unis seraient confrontés au dilemme d’intervenir, malgré les risques militaires et politiques, ou ne rien faire, quitte à laisser du coup toute la région Indo-Pacifique confrontée à la suprématie d’un nouveau « caïd », Pékin.
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