Dans la petite ville de Belcastro, située en Calabre, Antonio Torchia, maire de cette commune de 1 300 habitants, a publié ce 9 janvier un arrêté municipal interdisant aux citoyens de tomber malade. Le texte stipule que les habitants doivent «éviter toute maladie nécessitant une assistance médicale, en particulier en cas d’urgence».
Le maire a expliqué à la télévision locale que ce décret, bien qu’ironique, était une réponse à l’absence totale de services de santé dans sa ville. «Cette ordonnance n’est pas une simple provocation, c’est un appel à l’aide», a déclaré Antonio Torchia à Corriere della Calabria le 9 janvier.
Belcastro, où près de la moitié de la population est âgée de plus de 65 ans, ne dispose d’aucun centre de soins fonctionnel. Le cabinet médical local est souvent fermé, sans médecins disponibles le week-end ou en dehors des heures de travail. Le service d’urgence le plus proche se trouve à Catanzaro, à 45 kilomètres, avec une route limitée à 30 km/h, rendant son accès difficile.
Antonio Torchia a dénoncé une situation qu’il considère comme «inacceptable», soulignant que le problème n’était pas limité à Belcastro, mais touchait l’ensemble de la région de Calabre. «Venez vivre une semaine dans notre petit village et essayez de vous sentir en sécurité en sachant qu’en cas d’urgence sanitaire, le seul espoir est d’arriver à temps à Catanzaro», a-t-il déclaré aux médias locaux.
Les résidents de Belcastro ont exprimé leur soutien au maire. «Il a bien fait de mettre en lumière cette question, cela secoue les consciences», a déclaré un habitant à LaC News24. En effet, la région de Calabre, l’une des plus pauvres d’Italie, est confrontée à une gestion chaotique de son système de santé, marquée par la fermeture de 18 hôpitaux depuis 2009 et une grave pénurie de personnel médical.
Selon la BBC, près d’un million de Calabrais doivent se rendre dans d’autres régions pour obtenir des soins. En 2022, des médecins cubains ont été envoyés pour pallier les difficultés locales, mais cela reste insuffisant.
Antonio Torchia espère que cette action provocatrice incitera les autorités à agir. «J’attends depuis juin dernier que le service de santé soit réactivé à Belcastro, mais personne ne m’a donné de réponse», a-t-il déclaré à La Stampa. Le maire envisage de porter plainte contre les autorités locales pour «interruption de service public».
En attendant, le décret conseille aux habitants de «ne pas adopter de comportements dangereux, d’éviter les accidents domestiques, de ne pas voyager et de se reposer la plupart du temps». L’ordonnance restera en vigueur jusqu’à ce qu’un centre médical fonctionnel soit mis en place dans la commune.
