Ce parlementaire et ancien chroniqueur de télévision, qui a promis de rentrer jeudi d'un exil décidé après l'assassinat de deux de ses proches en octobre, entretient une proximité singulière avec ses partisans qui le désignent par son seul prénom.
Multipliant les lives sur les réseaux sociaux, dans lesquels il évoque "Venancio" à la troisième personne, cet homme élancé et coquet de 50 ans, costume trois-pièces et chevelure imposante, a tissé un réseau de sympathisants en ligne.
Il avait promis le "chaos" dans le pays lusophone d'Afrique australe si le Conseil constitutionnel confirmait avant Noël le résultat de l'élection présidentielle du 9 octobre, ne le créditant que de 20% des voix.
La plus haute cour du pays lui a finalement adjugé un peu plus, à 24,19% des suffrages, mais il continue à revendiquer la victoire après bientôt trois mois de manifestations, grèves et blocages, qui ont déjà coûté la vie à quelque 300 personnes, selon une ONG locale.
Cavalier seul
"Venancio" a insufflé la "contestation post-électorale la plus dangereuse" de l'histoire du pays, estime le chercheur Borges Nhamirre.
Pendant 50 ans, le Frelimo, qui dirige le pays depuis l'indépendance, "a gouverné sans opposition", résume l'analyste Johann Smith. "Après chaque scrutin, ils découpaient le gâteau. Mais pour la première fois, quelqu'un leur dit: +Non, je ne veux pas une part à 20%, le gâteau est à moi+", poursuit cet expert basé à Maputo.
Venancio, qui revendique un score de 53%, a dynamité les codes politiques mozambicains, jusqu'à sa coupe afro soignée. Onze ans après ses débuts en politique, il a détrôné l'historique parti Renamo comme principale force d'opposition.
L'ingénieur agronome de formation avait rejoint en 2018 cette formation issue de la guerre civile (1975-1992).
En 2023, il fait campagne sous les couleurs de la Renamo aux municipales de 2023 dans la capitale. Estimant avoir gagné, contrairement aux résultats officiels, il mobilise les manifestants.
Ne réussissant pas à se faire désigner candidat à la présidentielle, il quitte la Renamo et fait cavalier seul, s'adossant au modeste parti Podemos pour les législatives qui ont eu lieu en parallèle.
"VM7"
"Venancio" a percé il y a une quinzaine d'années comme chroniqueur politique sur une chaîne de télé privée. Ses critiques féroces du gouvernement et son talent oratoire le distinguent.
"Pour la première fois depuis longtemps, il y a un leader charismatique au Mozambique. Il parle à l'homme de la rue, au paysan", observe Johann Smith.
Son inventivité s'est illustrée dans ses appels aux concerts de casseroles ou aux opérations escargots depuis la victoire proclamée du Frelimo, dont la crédibilité est mise en cause par la quantité d'irrégularités relevées par les observateurs internationaux.
Appelé aussi "VM7" car il serait à la politique ce qu'un autre lusophone, Cristiano Ronaldo (baptisé CR7), est au foot, Venancio Mondlane n'affole pas les compteurs de buts mais les vues: ses directs sur Facebook sont régulièrement visionnés plus de deux millions de fois.
Corruption, pauvreté ou enlèvements - qui sont monnaie courante au Mozambique - sont les thèmes de prédilection de celui qui a grandi à Matola, ville la plus peuplée du pays, près de la capitale.
Il a le sens de la formule. A propos des jeunes privés de perspectives dans ce pays inégalitaire, il a notamment lancé: "Si ce sont des marginaux aujourd'hui, c'est que quelqu'un les a marginalisés."
Entré dans les foyers mozambicains grâce à ces rendez-vous réguliers sur internet, il les conclut d'un invariable "Je vous embrasse, bisous et salut !", qu'il accompagne d'une gestuelle spécifique, tel un influenceur.
Avant de passer dans la clandestinité, il prenait plaisir à aimanter les foules, debout sur une camionnette, en se balançant au rythme des baffles et en chantant: "Qui est le candidat du peuple? C'est Venancio!"