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"Les réseaux sociaux sont un piège pour les filles" : le cri d’alarme du psychologue Jonathan Haidt

Aucun livre n’a eu plus d’impact en 2024. Paru en anglais en mars, The Anxious Generation s’est déjà vendu à plus d’un million d’exemplaires et figure depuis quarante semaines dans la liste des best-sellers du New York Times. Son auteur, Jonathan Haidt, éminent psychologue social et professeur à la New York University, alerte sur les conséquences de ce qu’il nomme "le grand recâblage de l’enfance". Comme sa consœur Jean Twenge, il établit un lien direct entre l’avènement des smartphones et des réseaux sociaux depuis le début des années 2010 et les problèmes de santé mentale qui touchent la génération Z de manière concomitante. Un cinquième des étudiants américains ont été diagnostiqués ou traités pour une dépression en 2019, contre un dixième dix ans plus tôt. Les suicides ont plus que doublé chez les filles américaines âgées de 10 à 14 ans depuis 2010.

Pour Jonathan Haidt, la technologie numérique et des réseaux comme Instagram ou TikTok, qui monopolisent l’attention et isolent les adolescents, ne sont pas les seuls responsables. Si les mineurs sont souvent laissés libres avec leur téléphone, ils sont en revanche surprotégés par leurs parents dans la vraie vie, alors même que les jeux sans surveillance sont essentiels pour leur développement.

Le best-seller a suscité un intense débat scientifique. Dans la revue Nature, la psychologue Candice Odgers lui a reproché de confondre corrélation et causalité, assurant que les jeunes qui ont des problèmes de santé mentale utilisent plus les réseaux sociaux que les autres. A l’inverse, Bill Gates, pourtant cofondateur de Microsoft, l’a qualifié "de lecture incontournable pour tous ceux qui élèvent ou enseignent à des jeunes", tandis que The Economist, le New York Times ou le Wall Street Journal l’ont classé parmi les meilleurs livres de 2024. Surtout, Jonathan Haidt a lancé un débat mondial. Le 28 novembre, le Parlement australien a ainsi approuvé une loi interdisant les réseaux sociaux pour les moins de 16 ans, une préconisation du psychologue.

En amont de la parution française de Génération anxieuse aux éditions Les Arènes le 16 janvier, Jonathan Haidt a accordé un entretien exclusif à L’Express. Il défend sa thèse, explique les différences entre garçons et filles et donne ses conseils aux parents.

L’Express : Vous établissez un lien direct entre l’avènement des smartphones et des réseaux sociaux, que vous nommez "le grand recâblage", et une hausse des problèmes d’anxiété et de dépression sur les jeunes. Sur quoi vous appuyez-vous ?

Jonathan Haidt : Qu’est-ce que l’enfance ? C’est une stratégie évolutionnaire des mammifères pour permettre le développement du cerveau, notamment grâce au jeu. Tous les mammifères jouent. Quand les milléniaux, c’est-à-dire ceux nés dans les années 1980 et 1990, ont eu leur puberté, ils avaient des téléphones à clapet qu’ils ne pouvaient pas utiliser dix heures par jour, car c’était fastidieux. Ces téléphones les aidaient à se retrouver en personne. Mais tout a changé très rapidement entre 2010 et 2015. Partout dans les pays riches, les adolescents sont passés aux smartphones. Ceux-ci disposent de l’Internet à haut débit, de caméras frontales et d’Instagram, premier réseau social conçu spécialement pour les téléphones. Les jeunes de la génération Z sont ainsi les premiers de l’Histoire à traverser la puberté avec un portail en poche qui les éloigne de leur entourage. Ils sont les cobayes d’une éducation totalement inédite.

En quoi est-ce un bouleversement majeur ?

Les téléphones ont pris le dessus sur presque tout le reste. Aux Etats-Unis, la moitié des adolescents disent qu’ils sont en ligne presque tout le temps. Même quand ils parlent, ils sont sur leur téléphone et le consultent sans cesse. Beaucoup ne sont ainsi jamais complètement présents dans le monde réel. Vous écartez les moments partagés avec des amis, les interactions sociales incarnées, les jeux en face-à-face, les livres, les hobbies… Soit tout ce qui est important dans une enfance et qui contribue à un développement humain sain.

Avant l’avènement d’Internet, les enfants passaient certes déjà beaucoup de temps devant leur télé. Mais il était possible de regarder six heures de télévision par jour tout en faisant autre chose. Et vous ne pouviez pas rapporter votre poste de télévision à l’école ou à table. Les parents ne laissaient pas un téléviseur dans la chambre d’un enfant. A l’inverse, un smartphone vous accompagne tout le temps. Vous le consultez sans cesse, dans votre lit, en cours ou en mangeant.

Les données sont-elles vraiment inquiétantes en matière de santé mentale des jeunes ? Ne sommes-nous pas simplement plus sensibles à cette problématique, ce qui permet d’en parler plus ouvertement ?

La libération de la parole a commencé dès les années 1980. Quand j’étais petit, il était effectivement honteux de dire qu’on consultait un psy. Mais depuis, cela a bien changé. Or les données en matière de santé mentale chez les jeunes sont restées stables dans les années 1990 et 2000. Si la déstigmatisation des troubles mentaux était la cause de la crise de la santé mentale chez les jeunes, pourquoi celle-ci n’a-t-elle débuté qu’au début des années 2010 ?

Aux Etats-Unis, les cas de dépression majeure chez les adolescents ont commencé à grimper aux alentours de 2012. Depuis, ces cas ont été multipliés par deux et demi, touchant toutes les catégories sociales. Cette forte hausse, qui concerne surtout des troubles anxieux et dépressifs, se concentre principalement sur la génération Z. On observe des phénomènes similaires dans les pays occidentaux. Or, en 2010, peu de jeunes avaient un smartphone et Instagram. En 2015, tout le monde disposait de cette application. Et 2012 est aussi l’année où Facebook a racheté Instagram, lui offrant une notoriété supplémentaire.

Des scientifiques vous reprochent de confondre corrélation et causalité, estimant qu’un lien direct entre santé mentale chez les jeunes et smartphones n’est pas établi, ou que la dépression peut pousser des adolescents vers les réseaux sociaux, et non l’inverse…

De nombreux éléments soutiennent ce lien. D’abord, les entreprises du numérique ont elles-mêmes admis qu’elles nuisaient aux enfants ! Des lanceurs d’alerte et des procédures judiciaires ont établi que trois entreprises, TikTok, Snap et Meta, font du mal aux enfants à une échelle industrielle. Eux-mêmes le savent, et le disent. Un document interne a par exemple prouvé que Snap recevait 10 000 signalements de sextorsion par mois ! Le FBI a enquêté sur 13 000 cas, et a établi un lien avec au moins 20 suicides, essentiellement des garçons qui, une fois qu’ils ont reçu une photo de leur pénis pour les faire chanter financièrement, se sont tués. Ces jeunes sont morts parce qu’ils étaient sur une plateforme facilitant la communication avec des étrangers.

La parentalité a perdu tout sens des réalités.

Par ailleurs, les chercheurs qui nient ce lien de causalité entre smartphones et santé mentale se concentrent sur une seule donnée : le nombre d’heures par jour passées sur des appareils numériques. Mais cette variable ne montre qu’une petite partie de ce qui se passe. Les expériences menées pendant plusieurs semaines sur des groupes randomisés prouvent que, quand on demande à des adolescents et des jeunes de se tenir éloignés des réseaux sociaux, cela donne des taux d’anxiété et de dépression plus faibles. Ces expériences sur la durée sont bien plus intéressantes que celles qui se focalisent sur une journée.

La génération Z n’est-elle pas plus anxieuse du fait de l’état du monde, et notamment du réchauffement climatique ?

Il n’existe aucune génération qui n’ait eu à affronter des catastrophes ou à grandir sous la menace d’un désastre à venir. Pensez au risque de conflit nucléaire pendant la guerre froide ! Ce ne sont pas les menaces extérieures, mais l’isolement, le sentiment de solitude et d’inutilité qui rendent les personnes dépressives. Une fois que les jeunes de génération Z ont eu accès aux smartphones et aux réseaux sociaux, ils se sont sentis plus seuls et plus isolés. La crise écologique ne vous fait pas sentir seul, mais au contraire vous pousse à la mobilisation.

Les données montrent d’ailleurs que les militants politiques ont longtemps été plus heureux que la moyenne, car ils s’engageaient pour une cause, ils avaient un but dans la vie. Mais une fois que ce militantisme est passé sur les réseaux sociaux, il est devenu performatif et déprimant. Aujourd’hui, les personnes les plus malheureuses aux Etats-Unis sont d’ailleurs les militants progressistes.

Chaque nouvelle technologie - radio, télévision, jeux vidéo… - a provoqué une panique morale. N’est-ce pas à nouveau la même chose ?

C’est un bon argument. Mais connaissez-vous la fable L’Enfant qui criait au loup ? Ce n’est pas parce qu’il y a eu de fausses alertes par le passé que la menace ne finit pas par arriver. La situation actuelle est différente pour plusieurs raisons. D’abord, les précédentes paniques morales étaient souvent poussées par des médias qui se basaient sur des histoires sensationnalistes, soient rares, soit fausses. Peut-être qu’un garçon jouant aux jeux vidéo a un jour tué sa maman, mais ce fait divers n’est nullement représentatif. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Presque tout le monde constate l’effet de ces nouvelles technologies numériques sur les enfants. Ce sont d’abord les parents qui ont observé le phénomène de première main.

Par ailleurs, dans les précédentes paniques morales, les enfants aimaient vraiment les nouvelles technologies accusées par les médias. Les enfants appréciaient sincèrement les BD, la télévision, les jeux vidéo… Ils ne se sentaient pas victimes des entreprises qui leur fournissaient ces divertissements. Mais les études sur la génération Z montrent que les jeunes sont très lucides sur les réseaux sociaux. Ils ont l’impression d’être piégés, parce que tout le monde est sur ces plateformes et qu’ils n’ont donc pas le choix.

Enfin, jamais une crise de la santé mentale, mesurable de façon objective, n’a débuté au moment même où une nouvelle technologie se répandait. Dans le cas des smartphones et des réseaux sociaux, la concomitance est flagrante autour de l’année 2012.

Votre livre alerte sur une autre évolution majeure : la réduction de l’autonomie de nos enfants dans la vraie vie. Ceux-ci jouent de moins en moins dehors avec leurs amis, sans leurs parents. En quoi serait-ce inquiétant ?

Les jeunes mammifères sont programmés pour prendre des risques. C’est comme ça qu’ils surpassent leurs peurs enfantines, et qu’ils apprennent à évaluer le danger. Si vous bloquez cela, vous bloquez leur développement. Les enfants sont des amateurs de sensations fortes, ils ont besoin de prendre des risques sans être surveillés, de telle façon à ce qu’ils apprennent à les gérer. En leur interdisant de jouer librement au nom de leur sécurité, nous les empêchons justement de développer ces compétences.

Nous surprotégeons ainsi nos enfants dans la vraie vie, tout en les sous-protégeant dans la jungle numérique. N’est-ce pas paradoxal ?

Imaginez que vous grandissez dans une maison. Devant celle-ci, il y a un pré avec des lapins. Et à l’arrière une forêt avec des loups. Empêcheriez-vous votre enfant de jouer dans le pré afin d’éviter les risques de morsure de lapin, tout en le laissant s’aventurer seul dans la forêt ? Bien sur que non, ce serait de la folie. Mais c’est ce qui se passe aujourd’hui ! La parentalité a perdu tout sens des réalités. A partir des années 1980, du fait de paniques morales alimentées par les médias, nous sommes devenus obsédés par le kidnapping des enfants et par les prédateurs sexuels. Alors mêmes qu’ils n’ont jamais été aussi en sécurité, les enfants ne sortent plus sans être accompagnés. Nous les avons donc laissés à l’intérieur. Mais en même temps est arrivé Internet. Nous nous sommes dit que c’était un outil formidable, et nous avons laissé les enfants apprendre à se servir d’un ordinateur. Et les débuts d’Internet ont effectivement été formidables. Il y avait certes des contenus dangereux, mais globalement, les milléniaux qui s’en sont servis adolescents ont grandi sainement. C’est quand des entreprises comme Meta et plus tard TikTok ont gagné un monopole sur notre attention, à l’aide d’algorithmes, que le monde numérique a réellement changé, et qu’il est devenu bien moins favorable à l’exploration pour les enfants.

Les réseaux sociaux sont très utiles pour les adultes. Mais les enfants n’ont nul besoin de parler à des étrangers !

Vous noterez toute l’ironie de la situation. Les parents actuels sont effrayés que leurs enfants soient enlevés ou victimes d’un pédophile s’ils jouent dehors. Alors même que les pédophiles sont aujourd’hui tous sur Instagram et Snapchat, le moyen le plus sûr pour eux de rentrer en contact avec des mineurs ! Nous, parents, nous inquiétons des mauvaises choses. Si nous voulons vraiment que nos enfants soient en sécurité, nous devrions les laisser jouer indépendamment à l’extérieur.

Comment expliquer l’écart de genre en matière de santé mentale entre filles et garçons ?

Les réseaux sociaux sont conçus comme un véritable piège pour les filles. Tandis que les garçons se sont tournés vers les vidéos YouTube et surtout les jeux vidéo en ligne à joueurs multiples, les filles ont été attirées par les plateformes telles qu’Instagram puis Snapchat ou Tumblr. En moyenne, pour des raisons culturelles ou biologiques, elles valorisent plus l’information sociale que les garçons. Par le passé, les filles communiquaient entre elles bien plus que les garçons, par le téléphone ou en face-à-face. Mais aujourd’hui, cela passe par les réseaux sociaux. Or, une fois que vous êtes sur une plateforme, il devient difficile de la quitter, au risque de connaître l’isolement social.

Historiquement, nous nous sommes toujours préoccupés des contenus. La télévision diffusait des programmes violents ? Nous les avons interdits pour les mineurs. Mais avec les réseaux, le problème est moins le contenu que le médium. Même si nous arrivions à nous débarrasser de tous les contenus dangereux, le problème demeurerait, notamment du fait de la comparaison sociale. Que voient les filles aujourd’hui ? D’autres filles magnifiques qui mènent en apparence une existence de rêve qu’elles mettent en avant sur Instagram ou ailleurs. Cela ne peut que vous faire sentir inférieure à la moyenne, moins séduisante et moins heureuse. Les filles sont plus vulnérables à la comparaison visuelle, notamment à l’appréciation ou à la critique de leur visage et de leur corps. Or les plateformes visuelles de réseaux sociaux, fondées sur le selfie, sont très efficaces pour faire baisser le baromètre interne qui nous situe par rapport aux autres. Les filles sont aussi plus susceptibles de développer une forme de perfectionnisme, qui les pousse à vouloir correspondre à des normes impossibles à satisfaire, imposées par d’autres ou par la société.

Dans tous les cas, autour de 2012, les chiffres en matière de santé de mentale se sont d’abord détériorés chez les filles bien plus que chez les garçons. C’est le moment même où elles sont devenues hyperconnectées.

Qu’en est-il des garçons ?

Comme les garçons sont en moyenne moins touchés par les comparaisons sociales, les réseaux sociaux s’avèrent moins néfastes pour eux en matière d’anxiété et de dépression. En revanche, ceux-ci peuvent les encourager à faire des choses dangereuses. Des centaines d’entre eux sont morts du fait de défis idiots sur TikTok, tel celui du foulard.

Par ailleurs, on sait que longtemps, les jeunes hommes étaient bien plus nombreux à l’université que les jeunes femmes. Mais ce rapport s’est inversé dans les années 1980. Aujourd’hui, de l’école maternelle au doctorat, les filles battent les garçons à plate couture. Aux Etats-Unis, à l’âge de 30 ans, les jeunes hommes sont bien plus susceptibles que les jeunes femmes de toujours habiter chez leurs parents. Les garçons ont plus de mal que les filles à "prendre leur envol". Le chercheur Richard Reeves a montré que ces évolutions, bien sûr positives pour les femmes mais inquiétantes pour les hommes, reposent sur des changements structurels, avec la désindustrialisation des pays occidentaux, le développement d’une économie de services et la dévaluation de la force physique. Je pense que l’environnement numérique actuel, avec les jeux vidéo en ligne multijoueurs ou l’accès illimité à la pornographie qui réduisent les interactions sociales de visu, n’encourage pas non plus les jeunes hommes à travailler à l’école ou à s’insérer dans la vie active.

Les réseaux sociaux ne permettent-ils pas aux jeunes qui se sentent isolés ou qui appartiennent à une minorité sexuelle de trouver une communauté ?

C’est ce qu’on ne cesse de répéter. Quand je mets en cause les réseaux sociaux, des scientifiques me répondent qu’il faut fournir un lien de causalité. Mais à l’inverse, on dit que les réseaux sociaux créent des communautés pour les jeunes, sans aucune preuve. Alors que le caractère néfaste des réseaux sociaux est mis en lumière par des études corrélationnelles, longitudinales et expérimentales, très peu de travaux traitent de bénéfices pour la santé mentale des adolescents.

Les réseaux sociaux sont très utiles pour les adultes, qui ont besoin de se faire un réseau professionnel. Mais les enfants n’ont nul besoin de parler à des étrangers ! Ils devraient faire du "networking" avec leurs amis dans la vraie vie. Pour les adolescents de plus de 16 ans, les réseaux sociaux présentent des avantages et des inconvénients. Mais pour des enfants de 10 ans, je ne vois aucun bénéfice.

Je préconise l’interdiction du smartphone jusqu’à l’âge de 14 ans, et celle des réseaux sociaux jusqu’à 16 ans.

Attention également à ne pas confondre réseaux sociaux et Internet en général. On nous dit que sans ces réseaux, des jeunes LGBT ne pourraient pas trouver d’informations sur leurs orientations sexuelles. Comme s’ils n’étaient pas capables de faire des recherches Google ! Non, il leur faudrait absolument un algorithme leur soumettant directement des contenus… De même, il leur serait impossible de parler à d’autres jeunes gays sans TikTok ? C’est insensé. D’autant plus que les adolescents LGBT ont plus de risques d’être confrontés à des contenus violents et à du cyberharcèlement sur ces réseaux.

Que devraient faire les autorités publiques ?

La mesure la plus simple, c’est l’interdiction des smartphones dans les écoles. Les enseignants détestent très majoritairement les téléphones, mais ils sont effrayés de la réaction des parents. La France a été précurseur pour prendre des mesures interdisant les smartphones en classe. Mais l’interdiction ne fonctionne vraiment que si vous la généralisez dans tout l’établissement scolaire. Car sinon, il suffit aux élèves de cacher leur smartphone sous leur table durant les cours. Et même si vous arrivez à faire respecter la règle en salle de classe, vous pouvez être certain que les écoliers ou collégiens se jetteront sur leur téléphone à la sortie, vu qu’ils en ont été privés pendant une heure. Durant les pauses ou à la cantine, tout le monde sera sur son smartphone. Résultat : les enfants se sentent bien plus seuls aujourd’hui qu’en 2010…

Quels sont vos conseils pour les parents ?

Je préconise l’interdiction du smartphone jusqu’à l’âge de 14 ans, et celle des réseaux sociaux jusqu’à 16 ans. Tous les parents devraient se demander quand il est souhaitable que leurs enfants cessent de lire et de parler aux autres. Car quand vous donnez un téléphone à un jeune, c’est ce qui arrive souvent. Il nous faut donc un âge minimum. L’interdiction à 14 ans garantit que tout le monde débute sa puberté sans téléphone.

Vous remarquez que dans les pays développés, nous avons des limites d’âge pour la représentation de la sexualité, la violence, l’addiction et le danger physique. Si un produit propose l’une de ces quatre choses, nous l’interdisons aux mineurs. Or, une fois que vous laissez vos enfants sur les réseaux sociaux, ils vont être exposés à la pornographie, à des scènes de violence (surtout les garçons sur TikTok), à l’addiction (près de 10 % des enfants ont un usage problématique de ces réseaux) et à des risques de harcèlement. Si nous imposons une limite d’âge pour l’alcool et les jeux d’argent, nous devrions faire de même pour les réseaux sociaux. L’idéal à mes yeux est 16 ans. Mais cela ne fonctionne que si la majorité adopte cette règle. Car si vous êtes un parent, il est difficile de prohiber quelque chose à votre enfant si tous ses camarades l’ont. "Maman, je suis la seule à ne pas être sur Instagram !". Cette phrase vous brise forcément le cœur, et vous lâchez du lest. Les parents doivent donc se réunir, soit par le biais de l’école, soit en communiquant avec les parents des meilleurs amis de leur enfant.

Et que faire pour encourager ses enfants à sortir de chez eux ?

Cela dépend bien sûr du lieu où vous habitez. En Scandinavie ou en Allemagne, il y a toujours cette tradition de laisser les enfants jouer à l’extérieur. Dans les pays anglophones, c’est fini. Nos parents nous disaient de sortir, d’éteindre la télévision et de jouer avec nos camarades. Mais aujourd’hui, de moins en moins de jeunes se retrouvent à l’extérieur. Il est donc plus difficile d’inciter votre enfant à sortir. Mais il faut tout faire pour préserver les moments où les enfants sont entre eux, sans la présence d’adultes. Les miens ont l’habitude de faire des soirées pyjamas avec deux ou trois amis, et nous les laissons seuls dans l’appartement. C’est très important, car ils décident quoi faire, ils rient, ils fixent leurs propres règles. J’ai aussi développé un projet nommé Free PlayClub. De nombreux parents ont peur de laisser leurs enfants dans les rues. L’idée est donc de permettre l’ouverture d’aires de jeux au sein des écoles en dehors des heures de cours. S’il y a des créneaux pour que les enfants puissent jouer dans un espace sécurisé sans supervision, c’est la solution idéale. Parfois, ils tomberont et s’écorcheront les genoux. Mais c’est une bonne chose !

En 2024, votre livre est devenu un phénomène de société, tout en suscitant un débat scientifique…

C’est incroyable. Je débats avec une demi-douzaine de psychologues qui estiment que nous ne disposons pas de preuves scientifiques sur ce lien de causalité entre santé mentale et smartphones. Il y a donc une discussion académique en cours sur les études. Mais en dehors de cela, l’accueil a été presque unanimement positif. Personne ne s’oppose à des écoles sans smartphones, ou à l’idée que les enfants devraient davantage jouer entre eux. Les parents voient bien, dans leur quotidien, qu’il ne s’agit pas d’une panique morale traditionnelle. Ils sont désemparés. L’Australie-Méridionale a été l’un des premiers Etats à introduire une interdiction des réseaux sociaux jusqu’à 16 ans. La femme du Premier ministre, Peter Malinauskas, a lu mon livre et dit à son mari qu’il fallait faire quelque chose. Depuis un mois et demi, cette interdiction a été généralisée dans toute l’Australie, avec le soutien de nombreux parents.

Génération anxieuse, par Jonathan Haidt. Trad. de l’anglais (américain) par Jenny Bussek. Les Arènes, 433 p., 24,90 €. Parution le 16 janvier.

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