Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze a déclaré que la présidente Salomé Zourabichvili pourrait faire face à de graves sanctions légales si elle convoquait des élections anticipées en dehors des cadres définis par la Constitution. Selon lui, de telles élections ne peuvent être organisées que dans trois cas : l'annulation des résultats précédents par la Cour constitutionnelle ou la Commission électorale centrale, l’expiration du mandat parlementaire de quatre ans ou un vote de défiance au gouvernement.
Lors d’une réunion récente avec des représentants de l’opposition et des ONG, Salomé Zourabichvili aurait envisagé de convoquer des élections anticipées avant d’en être dissuadée. «Quelqu’un d’intelligent lui a conseillé de ne pas le faire», a précisé Kobakhidze. Il a ajouté que si elle persistait, elle «assumera la responsabilité pénale» et pourrait finir «derrière les barreaux».
Le Premier ministre a également menacé la présidente de plusieurs années de prison si elle ne quittait pas sa résidence à l’expiration de son mandat. Il a déclaré qu’il espérait qu’elle respecterait la loi, ajoutant que sa désobéissance pourrait entraîner des arrestations parmi ses proches collaborateurs.
Le conflit entre la présidente sortante et le parti au pouvoir dépasse la simple querelle institutionnelle. Selon l’analyste Tigran Meloyan, interrogé ce 24 décembre par l'agence de presse russe RIA Novosti, deux scénarios sont envisageables pour le 29 décembre : l’arrestation de Salomé Zourabichvili ou une concession du gouvernement sous la pression de l’opposition. Toutefois, le deuxième cas semble moins probable.
Salomé Zourabichvili, ancienne diplomate française avant de devenir politicienne en Géorgie, a annoncé la création d’un conseil spécial pour préparer des élections, une initiative qui témoigne de sa détermination à défier le gouvernement. Elle a également affirmé qu’elle ne serait pas une «nouvelle Tikhanovskaïa», en référence à l’opposante biélorusse.
Les élections législatives du 26 octobre ont confirmé la victoire du parti au pouvoir, Rêve géorgien, avec une majorité claire de 53,93%. Mikhaïl Kavelachvili, candidat du parti au pouvoir Rêve géorgien, a été élu le 14 décembre président du pays.
Les contestations menées par l’opposition, soutenues par Salomé Zourabichvili et par les dirigeants de l’Union Européenne, ont alimenté des troubles dans le pays. Les manifestations qui ont suivi, ont été marquées par des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont dû intervenir afin de préserver la stabilité locale.