Au Conseil des ministres du 11 décembre 2024, le président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a nommé monsieur Cheikh Tidiane Sall au poste d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal auprès de Son Altesse Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, Emir du Qatar. Le « Cercle d’Amitié Sénégalo-Qatari », seule association sénégalaise qui a la spécificité d’être portée uniquement sur le Qatar, acquiesce cette décision du Chef de l’Etat.
Au demeurant, nous tenons à apporter quelques témoignages sur le séjour diplomatique de l’Ambassadeur sortant.
Sans avoir l’intention d’être discourtois, j’atteste que l’association n’a jamais bénéficié d’une subvention, d’un financement, d’un billet d’avion, d’un frais d’hébergement hôtelier ou autres avantages des régimes précédents.
Donc, c’est avec aisance et objectivité que je tiens, de bonne foi, ces propos :
Dr. Mouhamed Abibou Diallo quitte ses fonctions au Qatar, après des années de bons et loyaux services, à ce que je sache. Ce que je présume réel. Fin d’une mission très riche que le sixième Ambassadeur résident du Sénégal à Doha, a effectué avec brio, à mon humble avis. Rappelons que l’affectation de Dr. Diallo, du Koweït au Qatar, s’est faite dans un contexte où l’axe Dakar-Doha était peu chaleureux à cause de vicissitudes politiques internationales, exogènes à la relation bilatérale proprement dite. Le proche-Moyen-Orient est une région conflictogène.
Fin connaisseur du Golfe, où il a passé un bon moment de sa vie académique, poursuivie au Canada, Dr. Diallo a revitalisé de manière substantielle, la coopération. A Doha où il avait fait une partie de ses études, jadis, il a assuré aux autorités qataries, durant sa mission diplomatique, de la solidité du partenariat avec le Sénégal. Links que le missionnaire a pu rendre indéfectibles et inébranlables, conformément à la tâche principale qui lui était assignée. En effet, l’émissaire permanent a été délégué dans l’objectif, entre autres, de restaurer dans sa plénitude, la confiance politique entre les deux Etats, pas au sens électoral évidemment.
Au plan bilatéral, bon nombre de dossiers fructueux ont été diligentés par ses soins. Celui qui me semble le plus pertinent, est l’admission du Sénégal au Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), dont le siège est à Doha.
Au plan multilatéral, l’illustration la plus remarquable de l’entente parfaite entre Doha et Dakar durant son magistère, est que, pour le mandat 2024-2026, l’Emirat préside la conférence des Ministres de la Culture des pays membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), en duo avec le Sénégal, qui assure la Vice-présidence. Ceci, sous l’égide de l’Organisation du monde Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ICESO). Postes qui ne peuvent être occupés, en tandem, sans des consultations, des négociations. Bref, comme sait le faire le talentueux Dr. Diallo. Le mathématicien très habile qui, durant ses pleins pouvoirs, a renforcé de façon considérable, les liens entre les deux pays.
Je rappelle que l’ICESCO est composée de 54 pays. Vous imaginez la bataille rude et âpre qui se fait entre Etats, quand des postes vacants se profilent. Aucune nation ne reste indifférente, tellement les stations sont convoitées. Les pays élus ou désignés par leurs pairs, ne sont pas forcément les plus prospères ou les moins nantis, mais assurément, les mieux préparés.
Je parle de diplomatie culturelle, de la liturgie des peuples musulmans, de patrimoine émotionnel, de soft power…
Au plan local, beaucoup de nos ressortissants établis au Qatar, donc de sources sûres, crédibles et fiables, m’ont déclaré être très satisfaits du passage de Dr. Mouhamed Habibou Diallo. En somme, il a été une plus-value pour les expatriés, si je me fie aux affirmations des résidents consultés. Toutefois, je pense que l’œuvre humaine, par essence, demeure imparfaite. Par conséquence, Dr. Mouhamed Dialo laissera forcement des actifs et des passifs mineurs à son honorable successeur.
Une Ambassade, étant un lieu de service public, nos compatriotes ont apprécié la célérité du traitement des demandes de papiers administratifs (établissement de passeport, renouvellement, obtention de carte d’identité, inscription au registre d’état-civil, déclaration de naissance, besoin de carte consulaire, etc.). Sous son impulsion, avec son équipe très dévouée (conseillers, chanceliers, attachés et autres collaborateurs), les requêtes formulées ont toujours été traitées. Celles qui relèvent de Dakar, la ‘ team ’ les envoie à l'entité centrale qui, à son tour, les transmet aux services compétents (Ministères, Directions, Agences, Offices, Délégations, etc…). Diallo assure le suivi effectif et fait une relance, au besoin. Une représentation extérieure n’est qu’un maillon de la chaîne administrative. La Primature et la Présidence ont un rôle respectivement, d’autorité et celle suprême. Nos concitoyens vivants au Qatar sont une communauté. D’autres Sénégalais sont établis en Afrique, en Europe, en Amérique, en Asie et en Océanie. Les gouvernements agissent selon leurs moyens et leurs volontés. Aucun pays parmi ceux les moins avancés, (PMA) n’a pu satisfaire, à 100/100, tous les besoins de tous ses expatriés.
Je ne dédouane personne.
Alerte et vif d’esprit, en bon « doomi daara», Habib pour les intimes, est très rigoureux et précis dans le travail. Tenant éperdument à la sacralité de sa parole qui engage l’Etat, le diplomate chevronné fait tout pour tenir ses engagements. Les festivités telles que la célébration de la fête nationale, donnaient l’occasion d’apprécier le cérémonial dont il était le maître-œuvre.
Hélas, les hommes passent et l’Ambassade demeure. Tout début a une fin, qu’elle soit bien, moins bien ou mauvaise, le monde est ainsi fait par son créateur, le véritable horloger, gestionnaire du temps. L’important est ce que retiendra le récit. Leurs Excellences Adama Amadou Lô, Pape Alioune Ndao, Adama Sarr, Cheikh Tidiane Sy, Dr. Mamadou Sall, l’avaient tous intégré, en bons musulmans. Ils ont tous contribué positivement aux raffermissements de la relation. Les diplomates ne travaillent pas pour un régime, mais pour un Etat.
Au-delà de la politique, de la diplomatie, pourvu que notre passage sur terre soit respectable.
Ambassadeur Moustapha Cissé (Pire), monsieur Mame Birama Fall (Ndiassé) et tant d’autres que je n’ai pas trop connu ou assez fréquenté ; qui ont construit pierre par pierre ou développé la relation ; et que Sa Majesté a « rappelé auprès de Lui », vous accueille au paradis.
Qu'Allah me préserve du snobisme et de l’amnésie sélective.
L’histoire de la coopération retiendra à jamais ces noms, inscrits dans les annales de la mémoire collective.
Nous avons bon espoir que cette vitalité se poursuivra avec l’Ambassadeur entrant, S.E Cheikh Tidiane Sall, que nous félicitons pour sa nomination et lui présentons nos compliments. Sa réputation d’homme ouvert, est dans le registre des caractères et valeurs d’un bon manager.
Son profil augure une consolidation du partenariat sur tous les plans, en particulier celui économique-commercial et en matière de Jeunesse- Sports-Culture.
Je lui dis « marhabane » et lui souhaite un bon succès dans l’ouverture d’un nouveau chapitre de la relation Sénégalo-Qatarie. La mission assignée par SE Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République et M. Ousmane Sonko, Premier ministre, est exaltante.
Revenant à Dr. Mouhamed Habibou Diallo, je m’aligne entièrement aux propos du Ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Son Excellence Sultan Bin Saad Al Muraikhi (une voix plus autorisée) qui, lors de l’audience d’adieu, a remercié vivement le diplomate sénégalais, au nom de Son Altesse l’Emir et du Gouvernement qatari, pour ses nombreux efforts visant à approfondir les relations, en lui souhaitant également plein succès dans l’avenir.
En tant que président du Cercle d’Amitié Sénégalo-Qatari, ceci peut être considéré comme un quitus social et para diplomatique.
Une notation positive du travail abattu par l’ex Envoyé Dr. Mouhamed Habib Diallo.
Mon témoignage est conforme aux principes de veille citoyenne de l’action publique.
« Juub, juubal, juubanti »
Par Djily Mbaye Fall /
Chercheur en relations internationales / djilymbayefall@gmail.com