Comme des centaines de milliers de passionnés à travers le monde, Ian Walker, double médaillé d’argent olympique et vainqueur de la Volvo Ocean Race 2014-2015, vit au rythme palpitant du Vendée Globe.
« Je pense que le point de départ, c’est d’avoir 40 bateaux impressionnants sur la ligne de départ, et chaque bateau raconte une histoire dans cette course », déclare Ian Walker, désormais directeur général de North Sails UK, dont l’entreprise équipe plus de la moitié des concurrents de cette flotte record.
« Aujourd’hui, il est tellement facile pour nous de suivre la course quasi en temps réel grâce à la cartographie », ajoute-t-il. « Personnellement, j’adore les batailles tactiques et de navigation que l’on a pu observer. D’un point de vue professionnel, chez North Sails, nous sommes bien sûr très intéressés par les performances des bateaux. Mais en tant que marin britannique, c’est aussi génial de voir une forte représentation du Royaume-Uni dans cette flotte… Il y a vraiment de quoi satisfaire toutes nos attentes. »
L’ancien directeur de la performance de l’équipe olympique britannique de voile, qui a préparé les marins pour les Jeux de Tokyo, identifie un moment clé de la course : les choix stratégiques des leaders face à la grande dépression qui a frappé l’océan Indien Sud. C’est à ce moment précis que Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) ont décidé de naviguer au cœur de la tempête, tandis que le groupe de poursuivants optait pour une route plus au nord.
« Au sein de notre équipe, la course a véritablement pris une autre dimension lorsque tout le monde s’est rassemblé dans le bureau pour suivre la tempête dans l’océan Indien et observer les décisions des skippers – allaient-ils passer par le nord ou oser affronter la dépression, comme l’ont fait Sébastien et Charlie ? » raconte Ian. « Puis il y a eu l’attente des conséquences de ces choix. C’était un vrai suspense pendant quatre jours : allaient-ils réussir à rester en tête du front ? C’était fascinant. Et maintenant, avec la remontée de Yoann Richomme (Paprec Arkéa), c’est stupéfiant de voir à quel point il a réduit l’écart. »
Bien que trois skippers se détachent actuellement en tête, naviguant de concert dans l’océan Pacifique Sud vers le point Nemo, Ian Walker estime que les poursuivants n’ont pas dit leur dernier mot. « Tant qu’un concurrent se trouve à moins de 1 000 miles des leaders – soit environ deux jours de navigation, voire un peu plus – il reste un véritable prétendant, surtout si son bateau est mieux adapté à l’Atlantique qu’à l’océan Austral », explique-t-il.
L’ex-skipper d’Abu Dhabi Ocean Racing estime que le cap Horn pourrait encore s’avérer décisif dans cette course. « Il ne faut pas sous-estimer la chance que vous pouvez avoir au cap Horn, notamment en fonction de l’intensité des conditions météo à l’approche », avertit-il. « Dans les précédentes courses autour du monde, on a vu des skippers prendre 1 000 miles d’avance au cap Horn, mais si le vent manque, ou s’ils doivent contourner les îles Malouines, quelqu’un peut surgir juste au moment où une brise se lève le long de la côte sud-américaine et couper l’angle. Mille miles peuvent disparaître ou se réduire en un instant. C’est une question de circonstances de timing au passage du Cap Horn. »
Avec son expérience de l’océan Austral, Ian Walker suit les bateaux avec une compréhension approfondie de ce que vivent les marins. « Ce qui est difficile à saisir, quand on est bien installé devant un écran, c’est l’intensité de l’épreuve et la durée pendant laquelle ils naviguent à cette vitesse, avec tout le bruit constant et les chocs dans les vagues », précise-t-il.
« Ça doit être extrêmement stressant. C’est très stressant là-bas, et dans la semaine à venir, les marins commenceront à se projeter vers le cap Horn, se demandant quel sort leur sera réservé. Car là-bas, on ne peut pas choisir de se décaler vers le nord pour éviter les intempéries », conclut-il.
Walker souligne que les informations météorologiques visibles sur les cartographies ou les sites spécialisés ne sont qu’une vue d’ensemble de ce qui se passe en temps réel. Dans l’océan Austral, le vent est rarement constant, tant en direction qu’en intensité. « Ce que vous ne voyez pas sur l’écran, mais que les skippers évoquent souvent, c’est la rafale et la variation du vent », explique-t-il. « Ce n’est pas simplement un fichier Grib indiquant 20 ou 30 nœuds, c’est un vent qui passe de 40 nœuds à 20 nœuds en quelques minutes, surtout derrière un front quand le vent vient du sud. »
Si Walker suit avec passion la lutte en tête de course, il garde également un œil sur la flotte des bateaux à dérives, où Jean Le Cam, 65 ans, le plus âgé des concurrents et participant à son sixième Vendée Globe, a longtemps occupé la tête. Actuellement, il est le meilleur IMOCA à dérive en 18e position, à plus de 3 000 miles du leader.
Walker remarque que l’écart de performance entre les IMOCA à dérive et à foils s’est creusé depuis la dernière édition. « Lors de la dernière course, les bateaux sans foils étaient probablement plus performants dans l’océan Austral, mais aujourd’hui, la donne a changé. Le développement des foilers s’est largement accéléré ces quatre dernières années et ils sont désormais loin devant, » ajoute-t-il.
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