Drapé dans un châle épais, moustache soignée, il raconte à l'AFP avoir traversé une période de remise en question il y a quelques années.
"C'était au beau milieu de la crise du Covid, je réfléchissais à tout un tas de choses et j'ai réalisé que j'avais passé toute ma vie adulte dans ce monde magique du cinéma", se remémore-t-il lors d'une interview à Londres.
Vedette de nombreux films à succès dans son pays, comme "3 Idiots", "Dangal" et "Taare Zameen Par", Aamir Khan est aussi connu pour avoir produit et interprété "Lagaan", qui a récolté une nomination pour l'Oscar du film étranger en 2002.
Sa carrière d'acteur a commencé dès l'enfance dans les années 1970 et son nom est étroitement associé à Bollywood.
J'ai réalisé que je n'avais "pas vraiment donné à ma vie personnelle l'importance que j'aurais souhaité", explique-t-il.
"J'ai eu du mal à surmonter cette impression d'avoir perdu beaucoup de temps, je ressentais beaucoup de culpabilité... Mon premier réflexe a été de dire que j'en avais assez du cinéma".
Mais sa famille, notamment ses deux enfants, l'ont convaincu de ne pas prendre sa retraite. "Dans ma tête, je me disais, j'arrête. Et puis je ne l'ai pas fait", dit-il.
Désormais, à l'approche de ses 60 ans en mars, Aamir Khan, qui vit à Bombay, veut "continuer à jouer et à produire encore pour quelque temps".
"Surpendre le public"
Il compte aussi faire de sa société, Aamir Khan Productions, "une plateforme pour encourager les nouveaux talents dont la sensibilité est proche de la (sienne)". "Et qui veulent raconter des histoires qui (le) touchent".
Comme "Lost Ladies", une comédie sur deux jeunes femmes d'une région rurale d'Inde offrant une réflexion sur le mariage et la condition féminine dans ce pays, qu'il a coproduite avec son ex-femme Kiran Rao et dont il faisait récemment la promotion à Londres.
Nombre de ses films abordent des questions sociales, qu'il s'agisse des droits des femmes dans les zones rurales, de l'industrie du sport, de la pression excessive existant dans l'enseignement supérieur ou des droits des personnes handicapées.
Mais Khan refuse de s'enfermer dans un seul type de film ou de rôle. "J'aime varier les genres et toucher à différentes sortes d'histoires. J'aime me surprendre et surprendre mon public", dit-il.
La star n'hésite pas non plus à se critiquer. Il confie n'avoir "pas été satisfait" par sa prestation dans "Laal Singh Chaddha", adaptation indienne de "Forrest Gump" réalisée en 2022. Un film qui n'a pas eu l'accueil élogieux habituellement réservé à son travail.
"J'espère que celui-ci sera meilleur", commente-t-il à propos de son dernier film, "Sitaare Zameen Par", bientôt sur les écrans.
Bien qu'il ait remporté des dizaines de prix cinématographiques en Inde ainsi que la troisième plus haute distinction civile dans son pays, Aamir Khan s'interroge à chacun de ses films.
"La réalisation d'un film est très difficile", souligne-t-il. "Lorsque je regarde le film que nous avons réalisé, puis le scénario que nous avions écrit, je me demande si le film a atteint les objectifs que nous nous étions fixés".
"Et si nous sommes arrivés là où nous voulions, et que nous avons fait le film que nous voulions, alors c'est un grand soulagement", confie-t-il.