Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a échappé, ce samedi 7 décembre, à la destitution. La motion en ce sens déposée par l’opposition n’a pas recueilli pas le quorum nécessaire en raison du boycott des députés du parti au pouvoir, le PPP. Un total de 200 voix sur 300 était nécessaire pour démettre Yoon Suk Yeol, mais seuls 195 députés ont participé au scrutin. "En conséquence, je déclare que le vote sur cette question est invalide", a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Woo Won-shik.
La pression populaire pour voter son départ était pourtant forte. Près de 150 000 manifestants anti-Yoon, selon la police citée par l’agence de presse Yonhap, ont entouré l’Assemblée nationale, bravant le froid glacial. Les organisateurs ont revendiqué pour leur part un million de participants. Des milliers de partisans de Yoon manifestent de leur côté dans le centre de la capitale.
Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud mardi soir en annonçant l’imposition de la loi martiale - une mesure sans précédent depuis 1980, après le coup d’Etat du dictateur Chun Doo-hwan - et en envoyant l’armée au Parlement dans le but de le museler. Dans des conditions rocambolesques, 190 députés avaient tout de même réussi à tenir une séance d’urgence dans la nuit, pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l’hémicycle avec des meubles pour empêcher les soldats armés d’entrer. A l’unanimité, ces députés avaient voté contre la loi martiale, forçant l’impopulaire président conservateur à l’abroger au bout d’à peine six heures.
Dans une allocution télévisée à la nation d’à peine deux minutes ce samedi matin, le président, 63 ans, a annoncé qu’il confierait à sa formation le soin de prendre "des mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat". "Je ne fuirai pas mes responsabilités légales et politiques concernant la déclaration de la loi martiale", a-t-il ajouté.
Il a expliqué son coup de force par son "désespoir en tant que président", alors que le Parlement largement dominé par l’opposition torpillait pratiquement toutes ses initiatives. "J’ai causé de l’anxiété et des désagréments au public. Je présente mes excuses sincères", a-t-il conclu avant de s’incliner profondément devant les téléspectateurs.
Outre la procédure de destitution, Yoon Suk Yeol est visé par une enquête de police pour "rébellion", un crime théoriquement passible de la peine de mort, qui n’a plus été appliquée dans le pays depuis 1997.