La filière de la bijouterie française doit sa notoriété aussi bien à l’excellence de sa haute joaillerie qu’à l’inventivité du segment fantaisie. Entre les deux, des maisons traditionnelles et une myriade de petits créateurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Le champ des possibles s’élargit ainsi à tous les styles de consommateurs. Les uns accumulent des parures iconiques de grandes marques, comme pour s’identifier à une appartenance sociale qui les rassure. Les autres préfèrent se distinguer en arborant une pièce au design singulier, généralement portée en dissymétrie, voire en solo. D’aucuns encore imaginent de nouvelles manières d’associer matières et formes. S’ils transgressent quelque peu les codes, leur posture conserve néanmoins un certain sens de la dérision. De fait, chacun contribue à redéfinir les standards de l’intemporel.
"Au XVIIe siècle, les hommes portaient des bijoux. Pourquoi ne le feraient-ils plus quatre cents ans plus tard ?" s’interroge Hugo Marchand, danseur étoile à l’Opéra national de Paris et ambassadeur de Mellerio. "Les modes vont et viennent, rappelle-t-il. Aujourd’hui, nous vivons une époque qui redéfinit la notion de masculinité." Pendant que celle-ci tend en effet à s’affirmer de manière de plus en plus libérée, elle se retrouve face à une pluralité de féminités.
Pour répondre à ce grand écart, les marques disposent de plusieurs solutions. Certaines préfèrent botter en touche et proposent tout simplement des collections non genrées. D’autres relèvent le gant et considèrent cette évolution sociétale comme un enrichissement du champ des possibles. Claire Choisne, directrice des créations chez Boucheron, conçoit volontiers une haute joaillerie versatile : des pièces portables aussi bien par les messieurs que par les dames, souvent séparables en deux parties pour autoriser au couple une certaine liberté stylistique.
Les hommes les plus audacieux sélectionnent simplement les bijoux dont ils ont envie, sans s’interroger. A l’instar de Timothée Chalamet, Harry Styles ou Justin Bieber, ils détournent des colliers de perles blanches, attribut féminin classique devenu tendance. Ou s’emparent de références iconiques, comme l’Alhambra de Van Cleef & Arpels, porté par quelques sportifs célèbres, tels LeBron James ou Grigor Dimitrov. A l’instar de la mode, le monde du bijou tend à flouter la frontière entre masculin et féminin. La beauté d’un joyau parle à chacun, l’émotion qu’elle procure reste universelle.
