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De la démocrature en Tunisie : entretien avec Hatem Nafti

Personnalisation démesurée de l’exercice du pouvoir, liquidation des corps intermédiaires, transformation de l’institution juridique en une machine répressive, haine de la transition démocratique, discours paranoïdes agitant le spectre d’un complot qui serait permanent contre la « nation » et déclinaison « orientale » du mythe raciste et hygiéniste du « grand remplacement » : le président autoritaire Kaïs Saïed, dès l’année 2019, et surtout après le coup d’État constitutionnel du 25 juillet 2021, s’est affairé à liquidation systématique des acquis démocratiques de la révolution tunisienne de 2010-2011.

Fin connaisseur et attentif observateur de la chose politique en Tunisie, l’essayiste Hatem Nafti signe, avec Notre ami Kaïs Saïed. Essai sur la démocrature tunisienne, une remarquable étude sur l’étrange défaite de la démocratie dans son pays. Mais loin de se limiter au seul cas tunisien, cette étude est aussi une mémorable leçon d’histoire universelle : au Maghreb, au Machrek comme en Europe et dans le reste du monde, la démocratie est plus que jamais fragile face aux tentations despotiques de ceux qui prétendent incarner la volonté du « vrai peuple », et agir au nom des « véritables valeurs de la civilisation ».

 

Nonfiction : Qu’entendez-vous par la notion de « démocrature » en contexte tunisien ?

Hatem Nafti : La « démocrature » est une notion assez large qui englobe des réalités diverses. Schématiquement, on peut la définir comme un régime qui utilise des procédures démocratiques pour conquérir le pouvoir, nier la démocratie ensuite. Souvent, dans une démocrature, la pratique démocratique se limite au vote. Après l’installation au pouvoir du président élu au suffrage universel, il s’attaque aux institutions pour les vider de leur sens et de leur pouvoir politique, en recourant à un ensemble complexe de stratagèmes pour se maintenir au pouvoir, affaiblir et criminaliser l’opposition et la contestation sous couvert de « légalité » institutionnelle. Toute possibilité d’alternance se trouve réduite à néant.

Aussi, dans une démocrature, on est dans un régime d’apparence. Les élections se tiennent, les résultats ne sont pas forcément trafiqués, mais on utilise en amont des artifices pour que le jeu soit biaisé d’avance. On parle souvent du cas de la Hongrie où le gouvernement en place contrôle les médias et l’ensemble des instruments du pouvoir qui permettent aux citoyens de choisir une autre politique. A partir de là, le jeu est totalement déséquilibré au bénéfice de celui qui détient le pouvoir.

Dans le contexte tunisien, factuellement, on peut dire que Kais Saïed a organisé des élections sincères et non truquées (d’après les éléments dont on dispose actuellement). Ni manipulation ni fraude massive, mais la mise au pas, la neutralisation de ses adversaires politiques en les empêchant de concourir, y compris quand ils ont été rétablis par le tribunal administratif. Il a fait changer la loi une semaine avant le vote, plusieurs personnalités politiques ont été harcelées, les médias indépendants sont sous pression, notamment de l’instance électorale nommée par Kais Saïed. Donc, on peut difficilement parler d’élections libres et transparentes.

Concrètement, qu’est-ce qui a changé en Tunisie depuis l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed en 2019 ?

Les choses ont commencé à changer après le coup d’État du 25 juillet 2021. A partir de ce moment, les attaques systématiques contre l’ensemble des contre-pouvoirs ont commencé : institutionnels (gèle et dissolution du parlement, limogeage du gouvernement, octroi des pleins pouvoirs grâce à l’état d’exception, imposition d’un nouveau régime ultra présidentiel), judiciaires (la féodalisation de la justice au bon vouloir du chef de l’État), médiatiques, etc. Désormais, toute critique fondée et argumentée du régime peut conduire à la prison, alors que les infox de ce dernier ne cessent de pleuvoir, imposées comme de indépassables « vérités ». La lutte contre les prétendues « fake news » est devenue une véritable panique morale étatique qui poursuit et puni avec acharnement les délits d’opinion.

Avec le décret-loi 54 qui sape toutes les avancées en matière de liberté d’expression après la révolution de 2011, le débat public est réduit à néant. Sonia Dahmani est en prison pour avoir ironisé sur la situation politique des migrants en Tunisie. Pour un trait d’humour, elle se retrouve condamnée en première instance à un an, puis à huit mois de prison. De nombreux journalistes sont en prison en raison de motifs similaires. Le régime veut faire peur, annihiler l’agentivité des contre-pouvoirs.  Le résultat ? On se retrouve avec un pouvoir extrêmement fort qui utilise la police et la justice pour se maintenir, qui modifie la règle du jeu à sa guise. La parenthèse démocratique ouverte en 2011 est en train de fermer. Elle avait évidemment des défauts, mais là, on a régressé dans une tyrannie qui est, paradoxalement, quelque part populaire.

Sous la présidence autoritaire de Kaïs Saïed, l’institution juridique est devenue une institution répressive et despotique. Comment ?

Avec la dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature, pourtant élu légitimement, il a mis en place un ersatz de ce conseil, il s’est donné le droit de révoquer n’importe quel magistrat d’un simple rapport de police. Depuis lors, Kaïs Saïed a limogé 57 magistrats. Présentement, les juges savent que s’ils ne jugent pas dans le sens que voudrait le régime, ils peuvent être limogés ou mutés de force. Cette peur se voit clairement dans les procès et les verdicts : des abus de procédure qui ne sont guère près de s’arrêter. Même l’ersatz du Conseil Supérieur de la Magistrature est accusé de faire de la « résistance ». Aujourd’hui, c’est la ministre de la Justice qui limoge et mute des juges pour s’assurer d’avoir des tribunaux aux ordres du régime. L’état de la justice en Tunisie n’a jamais été autant dégradé. Certes, certains magistrats résistent, mais c’est une minorité.

Vous parlez d’une « déclinaison tunisienne de la théorie du grand remplacement ». Comment le despote de Carthage a-t-il opéré un tel virage raciste ?

Le régime de Kaïs Saïed gouverne avec la théorie du complot généralisée, au premier chef celle du « grand remplacement ». Pourquoi je parle de déclinaison tunisienne du grand remplacement ? Un parti d’extrême droite, le Parti national tunisien, a échafaudé une théorie semblable à celle de Renaud Camus en 2010, mais avec une adaptation au contexte tunisien. Elle est basée sur deux principaux éléments : la focalisation sur la visibilité des migrants subsahariens en Tunisie ; l’interprétation de cette visibilité comme un « complot » qui serait destiné à remplacer une population arabo-musulmane par une population noire, et dont une partie est chrétienne. Et comme à l’accoutumée, on accusera les « élites décadentes occidentales et sionistes » de vouloir déstabiliser un « authentique pays arabo-musulman ».

Les discours complotistes et racistes diffusés par le Parti national-tunisien s’appuient, pour « argumenter » leurs paniques morales et crispations identitaires, à des vidéos de militants et d’influenceurs afrocentristes qui défendent des thèses selon lesquelles « les Arabes sont des colons en Afrique ». L’hypermédiatisation de ce baratin touche à l’intime des citoyens tunisiens. Hélas, nombre d’entre eux ont cédé aux discours de peur et de haine qui leur disaient : « vous êtes menacés dans votre existence, ils vont vous grand-remplacer ». On retrouve ces éléments discursifs dans le style paranoïde de Kaïs Saïed. Ce qui explique, en partie, explique l’explosion des violences anti-Noirs de février et juin 2023.

Dans quel état se trouvent les mouvements sociaux en Tunisie aujourd’hui ? Y aurait-il un traitement particulier réservé aux luttes des mouvements féministes ?

Après le coup d’État, Kaïs Saïed a généré des clivages au sein de tous les mouvements sociaux tunisiens. Jusqu’à présent, une partie du mouvement social le soutient. Une association, Le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux, qualifie la génération de ces clivages d’« endiguement doux ». Aujourd’hui, les principales figures du mouvement social tunisien qui ont pu croiser le président dans une vie sont courtisées par le régime. On leur fait miroiter des postes de gouverneur, de délégué, de hautes responsabilités sur le plan local et national. Par de telles pratiques, la boussole du mouvement social – chômage de masse, déséquilibres régionaux, crise socioéconomique et sociale, etc. – est mise en déroute. La situation est extrêmement dangereuse et le populisme discursif du président ne fait qu’exacerber le déni d’État sur des problématiques sociales éminemment explosives. 

Quelle est la nature des relations qu’entretient le régime de Kaïs Saïed avec l’Europe, la France et l’Italie au premier chef ?

En apparence, Kaïs Saïed tient un discours altermondialiste et anti-occidentaliste, même s’il ne prononce jamais le mot « Occident ». Il parle volontiers de « puissance coloniales », sans nommer aussi la France et l’Union Européenne. Mais cela relève du discours. Dans la pratique, c’est bien différent. Il entretient d’excellents rapports avec Giorgia Meloni et l’Union Européenne dont les obsessions pour la question migratoire ne sont pas à démontrer. Il leur donne plusieurs gages, il est leur garde-frontière. J’en veux pour preuve le mémorandum signé en 2023, en pleine crise migratoire en Tunisie.

L’Italie, la France et l’Europe plus généralement sont satisfaits de l’endiguement migratoire réalisé par le président tunisien. On parle des tiers des migrants qui ont été empêchés de venir en Europe. Tant que cela dure, le « monde libre » sera satisfaits des performances politiques de Kaïs Saïed et la question des droits humains ne sera évoquée que furtivement. Le pire, c’est que tout est assumé. Cela dit, il ne faut pas demander aux Occidentaux d’intervenir. Mais là, clairement, on est dans le soutien de la dictature, une autre forme d’ingérence, et le titre de mon livre fait référence à « Notre ami le roi » et « Notre ami Benali », mais également à Emmanuel Macron qui a déclaré en 2022, en marge du Sommet de la Francophonie, quand il était interrogé sur le tournant autoritaire du régime, qu’il soutenait le coup d’Etat (une ingérence) et a dit que KS était très attentif aux droits et aux libertés. Il s’agit là de ne pas perdre d’un relai d’influence. La Tunisie reste dans l’orbite occidentale. Et c’est le prix, le soutien à la dictature, pour que Kaïs Saïed ne se tourne pas vers l’Iran, la Chine ou la Russie.

La « démocrature » de Kaïs Saïed s’inspire-t-elle des méthodes et des politiques répressives du voisin algérien ? Voyez-vous une ressemblance entre la répression du hirak en Algérie et la liquidation systématique des acquis démocratiques et sociaux de la révolution tunisienne de 2010-2011 ?

En dépit de certaines similitudes, les contextes algériens et tunisiens demeurent bien différents. En Algérie, le hirak, fait partie de ce que les spécialistes appellent la « deuxième vague des printemps arabes », a été stoppé par le Covid-19 ; en Tunisie, le Covid a servi de prétexte pour le coup d’Etat. La comparaison trouve sa limite assez vite, mais on ne peut qu’être attentifs aux influences mutuelles entre les deux États. Prenons par exemple le style de légitimation politique de Kaïs Saïed : la théorie du complot généralisée.

Dans sa prétendue lutte contre la spéculation et la contrebande (qui n’explique que très partiellement les problèmes d’approvisionnement), il a promulgué une loi éminemment restrictive, destinée officiellement à neutraliser les groupes qui se livrent à des pratiques commerciales illégales. Empiriquement, cette loi n’a rien réglé. Plus tard, on a découvert que des pans entiers de ce texte venaient d’une loi promulguée quelques mois auparavant par les autorités algériennes (un article de Jeune Afrique le prouve). C’est dans de telles pratiques politiques qu’on voit la proximité avec le régime algérien. Le régime algérien est l’un des rares régimes de la région qui soutient sans réserve ce qui se passe en Tunisie. Tebboune s’est très vite déclaré en faveur du coup d’État du 25 juillet 2021.

Un rebond démocratique en Tunisie serait-il envisageable dans les années à venir ?

C’est très difficile à prévoir. Aujourd’hui, l’avenir semble être compromis. La Tunisie était l’îlot maghrébin et arabe des expériences démocratiques. Il existe un fort acharnement des pétro-monarchies du golfe Persique et des autres dictatures militaires de la région arabophone pour en finir avec les expériences démocratiques tunisiennes. Récemment, le président vient d’être reconduit pour cinq ans dans une situation très difficile. Mal élu, avec une forte abstention, et volontariste dans ses discours, les raisons de la colère sont toujours les mêmes. Le régime de démocrature demeure fragile, mais son éventuelle chute n’est pas pour demain, et rien n’indique que cette chute conduirait au rétablissement de la démocratie. L’anéantissement total de la démocratie en Tunisie est un risque sérieux.

 

* Crédit photo : Wassim Ben Rhouma (flickr.com).

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