Une démission d’Emmanuel Macron serait-elle la solution pour sortir de la crise politique provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale ? C’est en tout cas ce que croient Charles de Courson, élu centriste et rapporteur général du budget à l’Assemblée, ainsi que le maire LR de Maux, Jean-François Copé. Mercredi 27 novembre, tous deux ont plaidé pour une démission du président de la République.
Le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité à l’Assemblée, et pourrait activer lundi prochain l’article 49.3 de la Constitution pour passer en force le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, craint en retour une censure des députés. Si le Premier ministre Michel Barnier devait jouer le rôle de fusible, la France risquerait néanmoins de demeurer dans une impasse politique, l’hémicycle restant divisé en trois blocs, sans qu'aucune majorité solide ne semble se dégager. Et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas être convoquées avant l’été 2025.
"Le problème, c’est le chaos politique qu'[Emmanuel Macron] a déclenché", a affirmé à la presse Charles de Courson, député du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Quel que soit le ministre qui serait nommé "il n’aura pas de majorité. La seule solution, ce serait une démission du président".
Sur BFMTV, Jean-François Copé, ancien patron de la famille politique dont est issu le Premier ministre Michel Barnier, a abondé dans le même sens. "On est tous victimes de cette dissolution qui ne ressemble à rien et dont on paye tous les jours le prix", a-t-il expliqué, estimant lui aussi que la seule solution "pour résoudre le problème serait une nouvelle élection présidentielle". "Il n’y a qu’Emmanuel Macron qui ne s’est pas rendu compte - mais il va bien falloir qu’à un moment ou un autre, ses amis ou ceux qui l’aiment bien le lui disent - qu’il ne peut pas tenir jusqu’en 2027", a-t-il souligné.
Ces appels rejoignent ceux émis la semaine dernière, à gauche cette fois-ci, par François Ruffin. "Je pense qu’il peut réfléchir (à son départ), y réfléchir sérieusement, voir dans quelle situation il a placé le pays", avait jugé sur Franceinfo le député en rupture avec le groupe insoumis jeudi 21 novembre. Emmanuel Macron a "rapetissé la France" sur la scène intérieure comme à l’international, avait cinglé François Ruffin, "le bilan, Macron, j’aimerais qu’il le tire avec lucidité".
La France insoumise avait, par ailleurs, lancé de son côté une procédure de destitution à l’encontre d’Emmanuel Macron à la fin de l’été. Soutenue par 81 députés issus de LFI et du groupe Écologiste, mais pas par le Parti socialiste, la procédure n’avait finalement pas aboutie.
Même point de vue à l’extrême opposé de l’hémicycle : Sébastien Chenu, député RN du Nord, a estimé lundi sur BFMTV que "le départ du président s’imposera à lui si le pays se bloque". "Si jamais la motion de censure était votée, c'est à Emmanuel Macron d'en tirer les conséquences", a estimé pour sa part Edwige Diaz, députée RN de Gironde, ajoutant qu'elle se "réjouirait" en cas de démission.
Voix dissonante, l'ancien président François Hollande a lui rejeté les appels à la démission d'Emmanuel Macron. "Faire une élection présidentielle dans l'état où est le monde, dans la situation où est le pays avec les marchés qui nous surveillent ? Vous pensez que c'est la bonne solution ? Non, je ne le crois pas", a-t-il dit. "Les insoumis sont dans l'obsession de faire tomber, non pas le gouvernement Barnier, mais Emmanuel Macron et d'avoir une élection présidentielle pour présenter Jean-Luc Mélenchon comme candidat. Ecoutez, je suis désolé, je ne suis pas sur cette position-là".
Selon un sondage Elabe pour BFMTV, une large majorité de Français (63 %) estime que le président de la République devrait démissionner si le gouvernement était censuré, un peu plus de la moitié d’entre eux (53 %) le considérant comme responsable de la situation politique actuelle. Dans une lettre adressée aux Français publiée dans la presse régionale en juin, après la dissolution, Emmanuel Macron semblait exclure de quitter l'Elysée avant l'heure, promettant alors "d’agir jusqu’en mai 2027".