La subvention pour l'achat d'un véhicule électrique baissera à 2.000 euros, contre 4.000 euros actuellement, pour les ménages ayant un revenu fiscal de référence supérieur à 15.400 euros, principaux acheteurs d'électriques.
L'aide pourra atteindre jusqu'à 4.000 euros, contre 7.000 actuellement, pour les ménages moins aisés.
Et ces nouveaux barèmes seront valables à partir de la parution du décret, attendu jeudi, coupant court à une ruée dans les concessions pour profiter de l'ancien bonus.
Ce coup de rabot a été confirmé mercredi par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, qui a justifié cette décision par le contexte budgétaire "extrêmement contraint".
Le nouveau barème entend par ailleurs revoir le "leasing social", cette location de voiture électrique à environ cent euros par mois et fortement subventionnée pour les foyers modestes.
L'enveloppe du bonus censé encourager l'achat de voitures électriques neuves passe ainsi de 1,5 milliard à 700 millions d'euros.
Le Sénat a joué de son côté mercredi contre l'exécutif en étendant le "malus poids" aux véhicules électriques les plus lourds, via un amendement au projet de budget 2025.
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a en revanche obtenu la création d'une nouvelle taxe "incitative" pour pousser les entreprises à acheter davantage de véhicules à faibles émissions.
Le précédent allemand
Avec la suppression de la prime à la casse, la fin attendue du bonus pour les utilitaires, mais aussi un renforcement du malus au poids, le gouvernement envoie un signal très négatif à une industrie automobile déjà au ralenti, selon les représentants du secteur.
Les ventes de voitures neuves ont connu en octobre un sixième mois de baisse consécutif en France, avec un net coup de frein sur les ventes d'électriques. Et ce, alors que l'année 2025 devait être critique, avec la montée en puissance de modèles électriques plus économiques comme la Renault 5 et la Citroën C3.
Le ministre délégué chargé des Transports, François Durovray, a souligné de son côté que "la France fait le choix de maintenir une aide alors que d'autres pays européens, notamment l'Allemagne, ont décidé de supprimer ces aides".
"On considère qu'il y a besoin d'un soutien pour l'industrie automobile et parce qu'il y a besoin d'un soutien en particulier pour aller vers l'électrification", a-t-il dit sur RMC.
En novembre 2023, la suppression inattendue des aides à l'achat en Allemagne, premier marché automobile européen, avait provoqué un effondrement des ventes dans le pays et des remous chez la plupart des constructeurs européens.
"Ce n'est pas un coup de rabot, c'est un coup de massue", a condamné mercredi soir Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, qui représente constructeurs et grands équipementiers automobiles.
"Au moment où on veut faire décoller la voiture électrique (...) au moment où vous avez les réacteurs qui sont à fond, hop, on coupe le réacteur. L'avion s'écrase dans ces cas-là", a-t-il lancé sur BFM Business.
Luc Chatel regrette notamment que le principe de "peréquation", qui aide à acheter des électriques par des malus sur les voitures plus polluantes, ne soit pas respecté et que cet argent sorte de l'automobile pour renflouer les caisses de l'Etat.
"Dans un contexte d'incertitude, avec de nombreux reports d’achats, on s’attend à un premier semestre 2025 très ralenti sur les voitures électriques", a averti Clément Molizon, de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).
"On avait interrogé début 2024 les utilisateurs de voitures électriques et hybrides rechargeables: la moitié aurait renoncé à son achat s’il n’avait pas eu d’aide", a signalé M. Molizon.
La CSIAM, qui représente des constructeurs automobiles étrangers, a demandé de son côté un délai avant l'application des nouveaux barèmes pour que tout le monde soit bien informé et pour "sécuriser les clients ayant déjà engagé leur projet d'acquisition".