Le succès de la COP29 de Bakou reste "incertain", a jugé samedi 23 novembre le commissaire européen chargé des négociations sur le climat, Wopke Hoekstra. "On fait tout ce qu’on peut pour construire des ponts sur tous les axes et faire de tout cela un succès. Mais est-ce qu’on va réussir ? C’est incertain", a-t-il dit à des journalistes face à une COP dont la conclusion ne vient pas.
Alors que la COP s’étend déjà plus tard que sa fin prévue, les négociations plus que fastidieuses tardent à aboutir à un compromis ce samedi : la présidence azerbaïdjanaise devait initialement publier vers 14 heures sur place (11 heures en France) son ultime proposition, avant de le soumettre à l’approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 heures (15 heures en France), vingt-quatre heures après la fin théorique de la conférence.
Le désaccord porte sur le montant du support financier donné par les pays développés aux pays en développement pour faire face au changement climatique. Ce samedi au matin, l’Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a finalement annoncé soutenir le relèvement à 300 milliards par an d’ici 2035 de l’engagement financier des pays développés envers les pays plus pauvres, selon l’AFP. Cette offre révise celle de la veille à 250 milliards par an, qui avait été rejetée par les pays du Sud et jugé "inacceptable" par les pays africains au regard des catastrophes qu’ils subissent et de leurs énormes besoins d’investissement en énergies bas carbone.
Mais cette nouvelle proposition reste en deçà des demandes des pays en développement, qui chiffrent leurs besoins entre 500 et 1 300 milliards de dollars annuels. Les Européens conditionnent par ailleurs ce chiffre à d’autres avancées dans le compromis final, comme une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, s’opposant à des pays comme l’Arabie saoudite. "Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on n’obtienne rien", s'étranglait ce matin un négociateur européen.
Quoi qu’il arrive d’ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou. Pour Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP interrogé par l’AFP, "les pays en développement ne seront pas contents du nouveau chiffre, que ce soit 300 ou 350". "Mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord", a effectivement confirmé le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige davantage de financement, "sinon cela mènera à l’échec de la COP".
La question sera alors : accepteront-ils ce qu’ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres. Pour qu’un compromis soit atteint, il faudrait monter à 390 milliards d’ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern. Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l’Environnement, Marina Silva.