QUESTION: Quand avez-vous proposé au pape de venir en Corse et dans quel but?
REPONSE: "Tous les évêques du monde proposent au pape de visiter leur diocèse, c'est un grand classique. Dans notre cas, au mois d'avril, je suis allé prendre possession de ma paroisse à Rome, et j'ai eu une audience avec le pape. Je lui ai dit +il pourrait être intéressant que vous veniez, c'est un territoire où il y a beaucoup de religiosité populaire, beaucoup de traditions, les gens sont très bienveillants, il y a une laïcité extrêmement dynamique et intelligente+. Je l'ai dit comme ça, de manière un peu gratuite. Je n'ai pas forcé, je n'ai pas lancé une opération séduction."
Q: Qu'est-ce qui l'a convaincu?
R: "Le premier aspect est la proximité géographique. Il fera une visite +à l'italienne+ c'est-à-dire il part le matin et il rentre le soir, comme récemment à Trieste et Vérone. Le deuxième aspect, c'est le côté religiosité populaire. Les Corses ne sont pas des fanatiques de la religion mais ils sont enracinés dans la tradition religieuse. En Corse, quand on fait des processions, on ne fait pas des grands discours intellectuels, ce sont des marches dans la rue, le fait de chanter, les gestes, les bougies, l'eau, les fleurs, il y a un côté extrêmement simple et parlant pour notre société de l'image. Ce côté populaire, je pense que le pape y est très sensible. Il l'a souvent dit."
Q: On parle bien de visite d'Etat?
R: "Non, ça ne sera pas une visite d’Etat, ça sera une visite pastorale. Ça va être un beau moment. Un moment d'espérance et de joie."
Q: Sa venue est-elle une forme de marque d'affection envers vous?
R: "Plus que pour une personne, le pape vient pour un diocèse, pour encourager les catholiques, les chrétiens et pour donner de l'espérance. Le côté magnifique, pour moi, c'est que ça sera le dimanche de la joie, dix jours avant Noël. Je pense que la Corse a vécu des périodes difficiles, complexes, tendues. L'idée est de vivre un événement fédérateur, dans l'espérance, dans la joie, avant Noël, où tout le monde se retrouve, de bords politiques différents, de cultures et peut-être d'idéologies différentes, pour vivre une bouffée d'oxygène. On a vécu une année assez particulière du point de vue social et politique. Il y a eu beaucoup de crispations, beaucoup de divisions. Au mois de décembre, à Paris, il y aura un moment de joie avec l'ouverture de Notre-Dame. Après, on aura un moment de joie et d'espérance aussi en Corse. Voilà, ce sont deux événements merveilleux où les gens vont se retrouver. Et enfin, dix jours après la Corse, il y aura Noël, encore un moment de joie et d'espérance pour notre société qui a besoin de se retrouver. Peut-être que la société a besoin de retrouver des espaces, des temps et peut-être des personnes qui peuvent redonner de l'espérance et de la joie dans l'avenir."
Q: La vigueur de la foi en Corse est-elle plus marquée que sur le continent?
R: "Il est difficile de comparer, mais je sens qu'en Corse, il n'y a pas d'hostilité idéologique par rapport à la religion. Et nous avons un lien extrêmement simple et amical avec tout le monde. Il y a une proximité liée à la tradition corse que peut-être on a perdu ailleurs."