Au Japon, les objets égarés sont rarement séparés de leur propriétaire pendant très longtemps, même dans une mégalopole comme Tokyo, qui compte 14 millions d'habitants.
"Les visiteurs étrangers sont souvent surpris de retrouver leurs objets", explique Hiroshi Fujii, guide touristique de 67 ans au centre des objets trouvés de la police de Tokyo.
"Mais au Japon, on s'attend toujours à ce que ce soit le cas". C'est une "caractéristique nationale" de signaler les objets trouvés dans les lieux publics, explique-t-il à l'AFP.
"A travers les générations, nous transmettons cette habitude de signaler les objets que nous avons ramassés", ajoute M. Fujii.
Au centre de police du district d'Iidabashi, dans le centre de Tokyo, environ 80 employés veillent à ce que les objets soient bien répertoriés et rangés grâce à un système de base de données, détaille à l'AFP sa directrice Harumi Shoji.
Tout est étiqueté et trié pour accélérer la restitution à son propriétaire légitime. Les cartes d'identité et les permis de conduire sont parmi les objets les plus fréquemment perdus, selon elle.
70% des objets de valeur retrouvés
Mais des chiens, des chats et même des écureuils volants et des iguanes ont déjà été déposés dans des commissariats de police, où les agents s'occupent d'eux "avec beaucoup de sensibilité", n'hésitant pas à consulter des livres, internet, voire des vétérinaires pour obtenir des conseils.
Plus de quatre millions d'objets ont été remis à la police métropolitaine de Tokyo en 2023, et environ 70% des objets de valeur tels que des portefeuilles, des téléphones, des ordinateurs et des documents importants ont retrouvé leurs heureux propriétaires.
"Même s'il s'agit simplement d'une clé, nous notons les détails tels que la forme et celle du porte-clés auquel elle est attachée", explique Mme Shoji dans une pièce remplie d'objets, dont un énorme ours en peluche.
En l'espace d'un après-midi, des dizaines de personnes sont venues récupérer ou chercher leurs objets perdus dans ce centre, qui regroupe les objets laissés au personnel des gares ou dans les petits commissariats de police locaux de Tokyo s'ils ne sont pas réclamés sur place dans les deux semaines.
Les parapluies, objet vedette
Si personne ne se présente au commissariat, l'objet non désiré est vendu ou jeté au bout de trois mois.
Le nombre d'objets perdus traités par le centre augmente à mesure que le Japon accueille un afflux record de touristes après la pandémie et que les gadgets deviennent plus petits.
Les articles perdus à la mode sont les écouteurs sans fil et les ventilateurs à main, qui atterrissent de plus en plus fréquemment au centre des objets trouvés, qui est en activité depuis les années 1950.
L'objet vedette reste le parapluie: un immense espace de 200 m² lui est consacré. En 2023, 300.000 ont été apportés et seulement 3.700 d'entre eux ont été restitués, le public préférant racheter un parapluie, au coût modeste, plutôt que de se mettre à la recherche du disparu.
"Nous avons un étage réservé aux parapluies... pendant la saison des pluies, il y en a tellement que nous devons les stocker sur deux niveaux". Histoire de ne pas les perdre.