Benyamin Netanyahou a réagi en saluant la "clarté morale" de son homologue : le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays occupe la présidence tournante de l’Union européen, a annoncé ce vendredi 22 novembre inviter le Premier ministre israélien pour protester contre le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre. "Nous n’avons pas d’autre choix que de défier cette décision. Plus tard dans la journée, je vais convier" Benyamin Netanyahou "à venir en Hongrie, où je peux lui garantir que le jugement de la CPI n’aura pas d’effet", a-t-il déclaré dans une interview sur la radio d’Etat.
Selon le dirigeant nationaliste, inconditionnel soutien du dirigeant israélien, il s’agit d’une "décision éhontée, déguisée à des fins juridiques" conduisant à "un discrédit du droit international". "Face à la faiblesse honteuse de ceux qui ont soutenu la décision scandaleuse [qui remet en cause, ndlr] le droit de l’Etat d’Israël à se défendre, la Hongrie - comme nos amis, les Etats-Unis - fait preuve de clarté morale et se place du côté de la justice et de la vérité", a répondu Benyamin Netanyahou, selon un communiqué de ses services.
Après plus d’un an de conflit à Gaza, la Cour a délivré jeudi des mandats d’arrêt contre lui et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, provoquant la fureur d’Israël. Qualifiée de "scandaleuse" par Joe Biden, cette décision limite les déplacements des deux responsables israéliens puisque en principe, n’importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait théoriquement obligé de les arrêter s’ils entraient sur leur territoire.
La Hongrie a bien signé le Statut de Rome, un traité international ayant créé la CPI en 1999, ratifié deux ans plus tard, au cours du premier mandat de Viktor Orban. Mais elle n’a pas validé la convention associée pour des raisons de constitutionnalité et affirme donc ne pas être obligée de se conformer aux décisions de la juridiction basée à La Haye.
En mars 2023, le pays d’Europe centrale avait également dit qu’il ne livrerait pas le président russe Vladimir Poutine à la CPI s’il se rendait en Hongrie. Depuis qu’il a pris la présidence semestrielle du Conseil de l’UE en juillet, Viktor Orban, resté proche du Kremlin, a multiplié les "provocations" selon ses pairs européens, notamment avec sa visite début juillet à Moscou décidée sans concertation.
La France pour sa part "prend acte" des mandats d’arrêt émis jeudi par la CPI, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Fidèle à son engagement de longue date en soutien à la justice internationale", Paris "rappelle son attachement au travail indépendant de la Cour", souligne-t-il dans un communiqué, sans préciser explicitement si la France procéderait à son arrestation si Benyamin Netanyahou se rendait sur son territoire.