Les clients de la Fnac sortent tous avec un petit sac en papier kraft sur lequel on lit « Fnac, libérons la culture ». Mais souvent la première chose sur laquelle ils tombent en entrant dans le magasin, c’est une flottille de trottinettes électriques légèrement inclinées sur leurs béquilles. Fondée en 1954 par deux militants de gauche que certains disent trotskystes, la Fnac (Fédération Nationale d’Achat des Cadres) s’est prétendue acteur de la « démocratisation de la culture ». Laissons de côté la « démocratisation », laissons de côté la « culture » ; aussi perplexe que Saint-Augustin s’interrogeant sur la nature du temps, l’on n’est en effet vraiment pas sûr de savoir de quoi l’on parle. La Fnac s’est voulue également « agitateur d’idées », puis en 1991 « agitateur culturel ». Passons ! Tout cela n’est que du marketing. Du moins apparemment. Car ces noces étonnantes du capitalisme transnational et de l’internationalisme trotskyste contiennent les germes de ce mondialisme antinational dans lequel gauche et droite coopèrent depuis des décennies.
Proposons alors à la Fnac des slogans un peu plus en conformité avec l’attitude de certains de ses responsables. Le 16 novembre, une conférence devait se tenir à la Fnac de la ville de Woluwe-Saint-Lambert, dans la banlieue de Bruxelles. Deux journalistes, Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt, étaient invités à parler de leur livre : Allah n’a rien à faire dans ma classe. Devant les menaces proférées par de jeunes musulmans à l’encontre du personnel, la Fnac décida d’annuler la conférence. « Menacer des auteurs est un nouveau coup dur pour nos libertés et la liberté d’expression. Nous ne le tolérerons jamais, a tweeté Alexia Bertrand, secrétaire d’Etat au Budget et à la Protection des consommateurs, dans le gouvernement belge de centre droit. J’attends de tous les responsables politiques qu’ils se joignent à moi pour condamner fermement ces actions. » Pour, avec la Fnac, libérer la culture ? Non, pour encourager la fuite en trottinette !
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La mémoire et la mise en perspective des événements ou de ce que l’on croit n’être que des incidents sont souvent ce qui fait défaut à notre presse et à notre classe politique. Souvenons-nous de ce qu’il s’était passé à la Fnac de Nice, en mars 2010, et que chacun pouvait lire dans le journal gratuit Metro : « Les lauréats du Marathon de la photo Fnac de Nice ont été désignés hier. Le jury de professionnels a décerné son « coup de cœur » à l’image de Frédéric Laurent, dans la catégorie “Politiquement incorrect”. » Et le journal, qui tirait à l’époque à 700 000 exemplaires, publiait la photo d’un jeune homme de dos, pantalon baissé, qui se torchait avec le drapeau français… Devant le nombre croissant de ceux qui renvoyèrent leurs cartes d’adhérent, le directeur de la Fnac dut faire retirer la photo primée. Ce manager ne connaissait sans doute dans son magasin que des consommateurs et était à mille lieues d’imaginer que ceux-ci pussent être aussi et d’abord des citoyens attachés à la France et à son emblème. Il est clair que c’est la crainte d’un bilan annuel en baisse et non pas une conscience devenue indigente avec les études et le métier qui lui dictait le retrait de cette photo qui avait enchanté le jury. Un jury de quoi ? Un « jury de professionnels » ! Il n’y a, c’est évident, que des « professionnels » derrière les subventions en tout genre allouées aux urinoirs, aux boîtes de « merda d’artista », aux scènes de sodomie géantes, aux vagins de la reine, aux crucifix plongés dans l’urine, aux Ferrari écrasées ou aux écrans diffusant en boucle des scènes de masturbation ! En ces temps de crise de l’autorité, ces « professionnels » qui se reproduisent comme des lentilles d’eau dans l’entre-soi du marais culturel sont aujourd’hui les seuls à faire autorité. La liberté d’expression qu’ils invoquent en permanence est en effet le seul argument qui fasse consensus, le seul qui dissuade toute protestation sans qu’aucun politique à droite et à gauche n’ose demander combien de libertés d’expression ont été volontairement mises sous le boisseau, combien ont été passées sous silence, combien ont subi les sarcasmes et la suffisance d’un jury de petits copains pour que sortent, publiée à des centaines de milliers d’exemplaires, cette photo de l’outrage au drapeau.
Finalement le gouvernement publia le 21 juillet 2010 un décret condamnant l’outrage au drapeau. Mais un an plus tard, à la suite d’un recours en annulation de la Ligue des droits de l’homme, le Conseil d’État neutralisa ce décret en précisant que ce texte n’avait pas pour objet de réprimer les outrages « qui reposeraient sur la volonté de communiquer, par [ces actes], des idées politiques ou philosophiques ou feraient œuvre de création artistique ». Le Conseil d’État, en recadrant ainsi le décret, donnait raison au ministre[1] qui, un an plus tôt, avait apporté au sénateur qui l’interpellait la réponse suivante : « En l’état actuel du droit, il est improbable que nous puissions sanctionner ce type d’outrage. Cette photo est considérée par la jurisprudence comme une « œuvre de l’esprit ». »
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Toujours cet « état actuel » du droit qui est le talon d’Achille de notre démocratie ! Ce serait toutefois une absurdité et une faute grave que d’inscrire dans la loi ce que sont les critères d’une « œuvre de l’esprit » ! Nommons d’autres profils à la place de ces « professionnels » sans conscience et sans courage. Envoyons-les au jardin d’enfants, avec sur leurs sacs en papier kraft, ce slogan : « Fnac, libérons-nous de l’islamisme en trottinette ».
[1] Eric Besson NDLR
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