Depuis 2019, la rémunération médiane des cadres a progressé moins vite que l’inflation et plus de six cadres sur dix ont le sentiment que leur pouvoir d’achat s’est dégradé depuis la crise Covid, selon une étude publiée ce jeudi 21 novembre par l’Apec.
A l’heure où nombre d’entreprises entament leurs négociations annuelles obligatoires (NAO), le baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres montre que la rémunération annuelle brute médiane (fixe plus variable) des cadres s’établit en juin 2024 à 54 000 euros (+ 1,9 % sur un an). Depuis 2019, "elle a progressé moins vite que l’inflation", souligne l’étude. La rémunération moyenne a progressé dans le même temps de 1,6 % (passant de 59 700 euros à 60 700 en 2024).
L'étude montre "un niveau record" du pourcentage de cadres ayant bénéficié d’une augmentation en 2024 à 60 % (contre 59 % en 2023 et 46 % en 2021), a relevé le directeur général de l’Apec Gilles Gateau lors d’une présentation à la presse. Ce taux, qui comprend les augmentations individuelles et/ou générales, est "habituellement" plutôt sous les 50 %, a-t-il souligné.
Les moins de 30 ans sont davantage augmentés (74 %) et la rémunération médiane a stagné pour les seniors de 50 ans et plus ces quatre dernières années, ce qui classe cette catégorie dans "les perdants" dans "une période d’inflation assez vigoureuse", selon Gilles Gateau.
L’étude montre aussi que si 63 % de cadres déclarent être satisfaits de leur rémunération, 61 % considèrent que leur pouvoir d’achat s’est dégradé depuis la crise Covid. Dans une conjoncture incertaine, 56 % des cadres jugent leurs perspectives d’évolution salariale "non intéressantes" à l’horizon 3-5 ans.
En matière d’égalité femmes/hommes, l’étude montre que l’écart "inexpliqué" se maintient : à profil et poste identiques, les hommes cadres gagnent toujours 6,9 % de plus que les femmes cadres (l’écart "brut" étant de 12 %). Notant que l’écart était de 7,1 en 2019, Gilles Gateau y a vu "un rythme qui nous permettrait d’atteindre l’égalité dans 172 ans…".
Côté emploi, le directeur de l’Apec a souligné le contexte du marché du travail pour 2025 "que beaucoup d’économistes anticipent ralenti", tout en relevant que la dynamique de l’emploi cadre est singulière et que "la dernière année où on a connu une évolution négative sur l’emploi cadre, (remonte à) 1991".
L’étude, déclinée pour la première fois à l’échelon des régions, s’appuie sur une enquête annuelle menée en juin 2024 auprès de 14 000 cadres du privé.