Pour Tanguy Le Turquais prendre le départ du Vendée Globe et un rêve d’enfant qui se réalise enfin après trois années de préparation non sans embûches. Pour rappel, le début du projet a démarré en novembre 2021 après l’achat de l’Imoca de Damien Seguin par des investisseurs. A ce moment, aucun partenaire n’était associé au projet. Il a fallu créer une entreprise, démarcher et communiquer pour trouver le budget nécessaire au bon fonctionnement du bateau et espérer participer au Vendée Globe en 2024. Une seule chose était claire : Tanguy offrait toute la visibilité du projet à l’Association Lazare dans un but unique : rendre visibles les invisibles de la rue. C’est une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, avec l’aide de l’Association Lazare, qui va faire le buzz et permettre de signer un premier partenaire, puis deux, puis trois, pour finalement accueillir 27 entreprises au sein du projet.
Originaire d’Istres, Tanguy Le Turquais a appris la voile dans le golfe du Morbihan. Il a fait deux Mini Transat et terminé 3e en 2015. Il passe ensuite en Figaro, puis intègre l’Imoca en rachetant en 2022 l’ex-Groupe Apicil. Il termine 13e de la Route du Rhum et montre déjà son talent. En 2023, il marque les esprits par sa détermination. Sur la Transat Jacques-Vabre, son bateau heurte un ofni quelques heures seulement après le départ du Havre. Contraint de faire escale à Lorient, Tanguy repart avec son coskipper six jours plus tard, avec pour objectif d’être en Martinique avant que la ligne d’arrivée ne se ferme. Et ils arrivent à Fort-de-France… 8 heures avant la fermeture de la ligne ! Le skipper de Lazare reprend la mer seulement 10 heures après pour le Retour à la Base, qu’il termine à la 20e place. Arrivé sur le ponton de Lorient en ayant remonté la flotte avec brio, il scande : « On a prouvé qu’on pouvait gagner sans arriver le premier ! » Il est le mari de Clarisse Crémer, qui participe également au Vendée Globe.
Aujourd’hui, l’Imoca Lazare est amarré au ponton du Vendée Globe et c’est une grande victoire pour le skipper breton : « Je suis hyper fier de Lazare, des partenaires et de mon équipe, d’avoir amené ce bateau jusqu’ici. Maintenant c’est à moi de faire le reste du boulot car tout le monde a bien travaillé et fait sa part, à mon tour de faire le mienne. » déclare Tanguy. Le marin de 35 ans a hâte de prendre le départ mais avant cela il profite des derniers moments sur le village de course.« J’ai découvert la ferveur populaire du Vendée Globe, c’est magique et ça n’arrive qu’une fois dans une vie alors j’en profite. Je passe un maximum de temps avec les partenaires et les colocs qui s’activent sur le stand Lazare et également avec mon équipe pour la partie plutôt technique afin d’être dans les starting-block le jour J. » explique Tanguy.
Après une semaine à Locmiquélic pour souffler un peu et gérer les derniers aspects administratifs et logistiques, Tanguy peut enlever sa casquette de chef d’entreprise et enfiler ses bottes et son ciré. A seulement quatre jours du départ, il est prêt et a hâte de réaliser son rêve d’enfant : « J’ai envie d’y aller mais c’est vrai que la météo va avoir un vrai impact sur comment je vais me sentir dimanche. Honnêtement, je ne suis pas trop stressé, je pense que j’ai eu tellement d’angoisse en amont que maintenant je me sens bien. Je vais faire une course de bateau, il se passera ce qu’il se passera mais dans l’idée je pars sur une étape de Solitaire du Figaro. Sur le début, jusqu’à l’Équateur, il ne va pas falloir s’économiser. » relate Tanguy. Même s’il sait que son bateau n’est pas tout récent (2008), le skipper de l’Imoca Lazare souhaite jouer aux avant-postes des bateaux à dérives et s’il le peut, animer un maximum ce tour du monde. « Je sens que mon bateau va m’emmener au bout. J’ai l’impression de le connaître, je n’ai jamais voulu humaniser un bateau mais avec celui-là j’ai passé tellement de temps qu’il se passe un petit quelque chose et je suis très content de partir avec lui. » raconte le marin.