Au-delà des conséquences sur les habitations et les entreprises, lourdement touchées par les inondations du jeudi 17 octobre, la crue du Lignon a aussi emporté ou endommagé plusieurs ponts et passerelles. À Chaudeyrolles, Fay-sur-Lignon, Les Vastres, Le Chambon-sur-Lignon et Tence, les dégâts sont énormes. Il faudra des mois pour réparer ou remplacer tous ces ouvrages d’art dont certains avaient pourtant résisté en 1980. Seuls les ponts des routes départementales ont tous résisté à la crue du Lignon. À Chaudeyrolles, où se trouve le tout premier pont sur le Lignon (à la Louvèche), c’est surtout celui qui permet de rejoindre le lieu-dit Titaud qui a souffert. Les deux ouvrages n’avaient pas de barrières, mais les berges ont été creusées.Le pont situé au niveau de l'ancien plan d'eau de Fay-sur-Lignon est totalement obstrué par les arbres. Les barrières ont été arrachées ou pliées.
En aval, à Fay-sur-Lignon, si le Pont du Mont de la RD 500 est intact, celui au niveau de l’ancien plan d’eau n’en est pas sorti indemne. « Les barrières ont été emportées et les berges creusées. Il reste fermé », explique le maire de Fay, Christian Chorliet. Un peu plus bas, une passerelle à côté de la ferme au lieu-dit Mathias a été gravement touchée et la berge creusée, là encore. Plus bas, un modeste pont qui permet de rejoindre Abriès a été endommagé. « La culée de chaque côté a souffert. » Sur le ruisseau du Pinet, affluent du Lignon, un passage d’eau avec des buses avait été refait quelques jours avant la crue. « Tout a été emporté », déplore l’adjoint aux travaux, Michel Faure.
Le Pont du Moulin de Boyer toujours ferméAux Vastres, la situation est plus problématique. Le Pont des Buffets et celui de la Chazotte ont globalement tenu bon : malgré les barrières emportées et les berges creusées, ils restent ouverts. Mais « le troisième pont en pierre, qui dessert le Moulin de Boyer, nous inquiète. Sur les différentes arches, la plus grande est en train de se fendre », constate avec regret le maire Jean-Luc Chambon. La pile rive droite a aussi été creusée à la base. « C’est un bel ouvrage, magnifique, qui avait déjà été endommagé et réparé en 1980. Nous comptons sur une expertise pour savoir ce qu’il en est. En attendant, il est interdit à la circulation ». Ce qui pose quelques soucis « car c’est un réel raccourci entre Les Vastres et Le Mazet-Saint-Voy… ».Aux Vastres, le pont du Moulin de Boyer a été endommagé. L’une des piles a été creusée sous sa base. Par sécurité, il a été fermé. Une expertise doit avoir lieu pour connaître l’ampleur des dégâts sur l’ouvrage.
Au Chambon-sur-Lignon, dix ponts ont été abîmés ou détruits sur toutes les rivières, même de petits affluents du Lignon tel le Monastier. Sur le Lignon en lui-même, le pont de Sauron est coupé. « La berge est partie sur plusieurs mètres avant le pont qui, lui, n’a pas bougé », décrit le maire, Jean-Michel Eyraud. Reste à savoir si la berge sera recréée ou si une travée supplémentaire à l’ouvrage submersible sera rajoutée. Car le constat est là : « Le lit du Lignon s’est déplacé. »
Plus en aval, sur la même rivière, le Pont de la Plage et celui des Sautières ont été endommagés et ils ont besoin d’être suivis ou réparés. « Le Lignon a creusé là aussi à côté du Pont des Sautières ». La passerelle du Camp Joubert a été emportée. Le Pont de Salettes (limitrophe avec Le Mazet-Saint-Voy) n’est ouvert que sur une voie car la culée en rive droite a souffert de la crue.Au pont du Sauron au Chambon-sur-Lignon, c’est la berge soutenant la route d’accès qui a totalement disparu sur une quinzaine de mètres. L’ouvrage (un pont submersible en béton), semble intact. Un diagnostic devra le confirmer.
De très lourds dégâts à TenceLa commune la plus touchée est cependant celle de Tence. Deux ponts sur le Lignon sont aujourd’hui inutilisables et une passerelle a été prise par les flots. Cette dernière, même si elle n’avait qu’un usage pour les randonneurs ou les vététistes, mérite toutefois que l’on s’y attarde. Il s’agit de la passerelle de La Valette, refaite il y a quelques années et qui permettait depuis plus de 150 ans de franchir le Lignon juste en amont du château du Besset. Si le tablier en béton avait été emporté en 1980, cette fois, c’est la pile centrale et la culée en rive gauche qui ont été détruites. Le système de passerelle himalayenne n’est peut-être pas étranger à ces dégâts puisque l’ancrage en béton au sommet de la pile a résisté et le tablier en bois ainsi que les câbles ont sans doute fini de tirer la pile dans le lit de la rivière.Les arbres sont restés au milieu du Pont de la Papeterie à Tence. L’ouvrage d’art a été endommagé par la crue et reste donc fermé. Au-delà des barrières, c’est surtout la pile centrale qui pourrait avoir bougé, de même que la culée en rive droite du Lignon. Deux diagnostics ont déjà été réalisés et la prudence impose sa fermeture provisoire. « Heureusement, le pont de la RD 103 est ouvert, car sinon, notre commune était coupée en deux », constate le maire de Tence, David Salque-Pradier.
Pour le maire de Tence, la priorité est ailleurs. « Nous sommes toujours sur une phase de diagnostic des ouvrages endommagés. Le Pont de la Papeterie sur le Lignon reste fermé. Le tablier a peut-être bougé et il faut une expertise plus poussée, quand la rivière aura baissé, pour le vérifier », résume David Salque-Pradier. Le Pont de Costerousse a, lui, résisté, mais la route d’accès a été emportée en rive droite, rendant l’ouvrage inutilisable. En plus du Lignon, Tence a été lourdement touchée par la crue de la Sérigoule et du ruisseau des Mazeaux. « Le Pont du Fieu et celui des Costes sont endommagés (abords creusés, parapets effondrés) et vont devoir être refaits, c’est sûr », annonce l’élu.
Lionel Ciochetto