Le stade de la Rabine à Vannes est devenu en quelques semaines l’une des attractions du Top 14. Si le promu parvient à exister avant tout par sa ténacité et ses performances sportives, le public breton participe lui aussi à la renommée du nouveau de la classe. Et c’est surtout le silence dont font preuve les travées de la Rabine lorsque le buteur adverse se prépare qui a fait paradoxalement beaucoup de bruit. Une particularité perpétrée et encouragée par le speaker local, Stéphane Monnier.
Ce samedi, le RC Vannes ne jouera pas à la Rabine mais au Michelin. Une enceinte qui, en d’autres temps, imposait, elle aussi, un silence de cathédrale aux buteurs. Mais les temps ont changé et actuellement, il n’est pas toujours simple de faire respecter cela. Jérôme Gallo, la voix du Michelin, ne souhaitant pas non plus imiter son homologue breton. « Je ne suis pas partisan de dicter tel ou tel comportement aux supporters. Un stade doit rester vivant. Cependant, lorsque les sifflets sont trop nombreux, j’interviens à chaque fois pour demander au public de respecter le buteur adverse. Bien souvent, ces sifflets sont exacerbés par des décisions arbitrales frustrantes. »
Du côté des supporters de la Yellow Army, on ressent également une présence accrue de ces sifflets. La faute à un public qui a évolué ces dernières années. « Le Michelin reste tout de même l’un des stades les plus respectueux du Top 14. Mais c’est vrai que cela siffle de plus en plus et c’est regrettable. C’est de l’éducation à avoir. Chacun est capable de dire à son voisin “Chut, on ne fait pas ça ici” », explique Alexis Rabier des Mordus Jaune et Bleu.
Une éducation à faire« Le public a évolué au Michelin, poursuit Grégory Chalié. La démarche du club a été de vouloir attirer de nouvelles personnes au stade. Il y a beaucoup de jeunes et la culture prédominante reste la culture du football où cela fait partie du jeu de siffler l’adversaire. Une fois, nous avons dû mettre une soufflée à des spectateurs qui se manifestaient beaucoup trop. »
Reste les buteurs, les principaux intéressés par la question. Si cela n’a pas trop d’incidence sur leur routine et leur concentration, des tribunes totalement silencieuses sont vues comme une profonde marque de reconnaissance. « J’ai eu la chance de connaître cela quelques fois sur les matchs de Coupe d’Europe outre-Manche, explique Anthony Belleau. Je trouve que c’est très respectueux. Et c’est une forme de privilège car toute l’attention est sur nous. C’est assez marquant et appréciable. Pour la concentration, cela ne change pas grand-chose, car on est plus habitué au bruit. »
Et le buteur ne verrait pas cela d’un mauvais œil de voir pareille situation au Michelin. « Pourquoi pas ? C’est marquant pour le sport, le jeu et même les supporters. De vivre cela une fois dans une vie, c’est quand même quelque chose qui marque. »
Pour l’heure, les écrans géants du stade diffusent un message à caractère incitatif. Mais cela n’est pour l’heure pas suffisant. L’exemple vannetais va peut-être faire des émules dans les clubs de Top 14 dans les prochaines semaines.
Arnaud Clergue