Le Puy-de-Dôme à la croisée des enjeux. Si 2024 a offert un léger répit, le département a pris de plein fouet, ces dernières années, les effets de sécheresses répétées : le barrage de la Sep à sec, des difficultés d’alimentation en eau potable en Livradois-Forez, des débats qui s’intensifient autour de l’embouteillage de l’eau à Volvic ou du projet de retenues en Limagne…
En réaction, le préfet Joël Mathurin a lancé un « Printemps de l’eau », en mars dernier, afin d’inviter l’ensemble des acteurs de l’eau (collectivités, services de l’État, gestionnaires de réseaux, acteurs économiques, associations de citoyens…) à travailler de concert pour imaginer l’avenir, de la protection de la qualité de l’eau à la préservation des écosystèmes.
150 acteurs réunisSept mois plus tard, une conférence départementale de l’eau s’est tenue ce vendredi, à Riom, afin de réunir l’ensemble de ces acteurs pour continuer de nourrir cette réflexion collective. L’heure n’était toutefois pas aux grandes annonces. « Ce que l’on espère, c’est commencer à partager des éléments de stratégie », exprimait le préfet, ajoutant :
Il faut désormais passer à l’action. Notre département ne sera pas épargné par le dérèglement climatique, tout le monde en a conscience. Nous passons d’un extrême à l’autre : l’année dernière, à la même heure, nous avions encore dans le département des arrêtés sécheresse.
Ce vendredi, le Puy-de-Dôme est passé à l’inverse en vigilance orange pour crues, à l’heure même du lancement de cette conférence de l’eau. Preuve supplémentaire de l’enjeu. « L’eau nécessite une responsabilité commune et nous devons agir en coordonnant nos efforts », appuyait le président du Département, Lionel Chauvin. Sobriété, gouvernance, innovation…
Au fil de trois tables rondes, quelque 150 participants ont ainsi pu échanger, discuter de leurs propres pratiques voire débattre (sur la question du partage de l’eau, des tarifs…) sur les pactes territoriaux, à l’instar de celui mis en place sur le territoire de Riom avec la Société des Eaux de Volvic, sur la gouvernance de l’eau, sur la résilience et la sobriété, etc.
« Il n’y a aucun tabou dans nos échanges », a insisté Joël Mathurin, citant les retenues, les zones humides, l’innovation… Cette « agora de l’eau » doit in fine contribuer à alimenter la réflexion, le préfet appelant de ses vœux à « la coconstruction d’un plan local d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau. C’est l’objectif qu’il faut se donner. »
2025 année charnièreDe l’avis de nombreux acteurs, un cap a déjà été franchi depuis le lancement du Printemps de l’eau en mars : la démarche a eu le mérite de créer un espace de réflexion collective. « On ne se regarde plus en se tournant le dos, on ne peut plus s’opposer, on doit se fédérer », note le président de Clermont Auvergne Métropole et maire de Clermont-Ferrand Olivier Bianchi.
Pas une mince affaire, mais une étape indispensable notamment pour accéder aux financements d’État : « Le Puy-de-Dôme a un peu raté la fin du 11e programme de l’agence de l’eau parce qu’on n’était pas encore en “pack”, la gouvernance de l’eau est très éclatée dans le département », raconte Joël Mathurin, appelant à « des mariages de raison » entre certains acteurs, notamment dans le pays ambertois. « Il faut réussir le début du 12e programme, en 2025. Il faut être très rapidement au rendez-vous.
Arthur Cesbron